La rupture n’est pas slogan

« La rupture n’est pas slogan. C’est un comportement, celui que les dirigeants de ce pays doivent adopter. Humilité, sobriété et rigueur doivent régir notre action politique. Je vous assure qu’il s’agit bien là d’une rupture, profonde, avec les pratiques en vigueur sous mon prédécesseur….Avec moi tout va changer. » Macky Sall


Cette conceptualisation de la rupture par le Macky Sall ne fait l’ombre d’aucun doute sur les leviers qui doivent ajuster pour la matérialisation de la rupture. En un mot dans le cadre théorique il brosse « les comportements » et indique les cibles pour que le peuple puisse observer la rupture. Nous devons juste partir des pratiques de son prédécesseur pour mieux faire le monitoring des actions qui ont changé ou non ?

Rappelons quelques pratiques de Wade : prolifération des agences nationales, le coût dispendieux du train de vie de l’Etat, la désacralisation des institutions, le maintien de la CAP 21, le budget faramineux de la présidence, l’inutilité du conseil économique et social, les promesses démagogiques, les marchés de gré à gré, etc… Aujourd’hui après 17 mois d’exercice du pouvoir nous constatons que ces « pratiques » demeurent et semblent être des faits normaux. La distribution des passeports diplomatiques aux députés et à leurs époux, est une manière directe de violer les lois et règlements en vigueur car ni les députés ni leurs époux ne font partis des ayants
droit.
- Dans le lot des Promesses démagogiques nous pouvons loger : la baisse programmée des denrées de première nécessité, la création de 100.000 voir 70.000 emplois par an, la formation Dual etc… Ces engagements sont contenus dans le Yoonu Yokkutè qui est juste un papier d’emballage.

- Le train de vie dispendieux de l’Etat n’a subi aucune récession pour être en phase avec les objectifs de réaliser des économies budgétaires qui pourront être injecté dans d’autres secteurs économiques ou dans les amortisseurs sociaux. Nous devons rappeler que le Pr a sous son contrôle direct 1000 milliards et un certain nombre d’agences nationales dont l’Agence pour la Solidarité avec comme directeur son beau frère. Cette enveloppe financière échappe aux contrôles des corps d’Etat ce qui ne milite pas dans la transparence socle principal de la «gestion vertueuse ». Dans ce lot on peut loger les conseillers nommés sans aucune pertinence et les ministères bidons comme la Bonne Gouvernance ou celui chargé des zones inondées etc….

- Les nominations tout azimut et la notion de parti Etat refont surface. Le PR semble collectionner les mercenaires pour en faire une meute présidentielle qui a uniquement pour objectif de défendre le PR et non de conseiller.

- Le maintien de la coalition Benno Bok Yaakaar à la place de la Cap 21 est assez symptomatique comme acte de rupture j’allais dire c’est une continuité. Il faut dire que BBY renferme en son sein de ressources humaines de qualité mais au sein de la coalition les priorités politiques sont plus importantes.

- L’inutilité du Conseil Economique et Social a trouvé une utilité politique dans le yoonu yokkutè et les salaires des membres ont subi une hausse de 186% et l’effectif une hausse de 50%. Ces deux actes que le CESE a d’autres visées comme par exemple recaser le personnel politique, les opposants gênants car leurs nominations obéissent uniquement à la signature du PR.

- Les Agences Nationales que nous avons cru qu’elles seront réduites au minimum indispensable, continuent de proliférer et le PR vient de signer un décret alambiqué qui plafonne les salaires et octroie des primes annuelles sur la base de critères subjectifs.

- la désacralisation des institutions a encore de beaux jours devant elle car le flou entretenu jusqu’à présent autour du mandat du président de l’assemblée pour des raisons politiques. La réhabilitation des députés : Cissè Lo et Mbaye Ndiaye pour « bons et loyaux services » politiques rendus au PR est inqualifiable et doit être considérer comme un recul démocratique. Dans ce même ordre idée nous devons loger le méga-meeting tenu dans l’esplanade du Palais Présidentiel. Durant lequel 2000 femmes de l’APR avec leur présidente sont venues remercier le PR pour un projet de loi qui conférerait la nationalité sénégalaise aux époux des femmes sénégalaises de nationalité étrangère. Une manière claire de faire de la propagande politique en utilisant l’institution qu’est la présidence. Nous croyons qu’il est grand temps que le président démissionne de son poste de Secrétaire General de l’APR pour que la dissociation entre les deux personnes morales soit nette et effective.

Au terme de cette étude nous pouvons dire que nous sommes très distants de la rupture qui devrait être un changement radical et un effacement des pratiques qui biaisent notre jeu démocratique. Apparemment la rupture peut signifier dans certains cas de figure détérioration et continuité.

Tall Janneh
Mercredi 31 Juillet 2013
Daddy Diop