La grève des travailleurs municipaux : légitime, mais…


Les travailleurs des Collectivités locales sont en grève depuis septembre 2022. Ils
exigent du gouvernement la revalorisation de leur traitement au regard de
l’augmentation des salaires dans l’administration publique. En son article 29, la loi
relative au statut général des travailleurs des collectivités territoriales dit que toute
hausse ou amélioration du traitement des agents de l’État central doit être garantie en
même temps aux travailleurs des collectivités territoriales. Par conséquent, la
légitimité de la doléance ne souffre d’aucune ambiguïté. Cependant, c’est dans la mise
en œuvre que se posent des problèmes auxquelles sont confrontés les employeurs que
sont principalement les maires.
D’ailleurs, le nouveau ministre en charge des collectivités locales, M. Balla Moussa
Fofana, a récemment suggéré la mise en place d’un groupe de travail en vue de
formuler des propositions soutenables de résolution de la crise. Pourtant, au mois de
février 2023, le Réseau des Élus Locaux du Sénégal (REELS) avait appelé l’État à
prendre promptement en charge la « revendication légitime des agents des
Collectivités Territoriales », en considération des traitements accordés aux autres
employés de l’État. « Si l’Association des Maires du Sénégal (AMS) jouait son rôle,
cette affaire pouvait être réglée. C’est pourquoi, nous comptons porter ce combat »,
avait dit le président du REELS, M. Ousmane Sonko.
Reste à savoir : qui sont réellement les agents concernés par l’alignement? Qui est
fonctionnaire ou non au niveau de la Fonction publique locale ? En septembre 2023,
plus de 4021 agents, fonctionnaires ou non-fonctionnaires, ont été identifiés dans les
601 collectivités territoriales. Plus de 8800 autres agents dont les dossiers n’étaient
pas encore complets y travaillaient. Le Collectif des Agents de la Mairie de Sam
Notaire, dans un mémorandum publié en 2019, avait dénoncé l’existence d’un
personnel fictif (décisionnaire et contractuel) percevant mensuellement dans la mairie
et ne travaillant dans aucun des services de la mairie. En effet, les mairies font face à
un budget de fonctionnement trop important du fait d’une masse salariale peu
maîtrisée.
Fort du pouvoir de substitution d’action, l’État du Sénégal est bel et bien en mesure
d’entreprendre les réformes nécessaires au bon fonctionnement des collectivités.
Vaste chantier de redressement dans le fonctionnement de celles-ci, le gouvernement

actuel va-t-il se contenter d’injecter aveuglément de l’argent dans les sacs troués de la
décentralisation? La seconde option serait d’exiger des syndicalistes et de leurs
employeurs une totale disposition à une réorganisation jusqu’au licenciement,
moyennant le concours de l’État. Dans l’un comme dans l’autre cas, les syndicalistes
du secteur devront, par-dessus tout, porter le combat de la gestion saine et durable des
collectivités en s’imposant d’abord la meilleure des codes de conduite. C’est en cela
que leurs intérêts matériels et moraux seront préservés durablement. Dans l’opposition
comme au pouvoir, les hommes politiques ne devraient-ils pas ainsi s’adresser à
toutes les couches de la population.  
Dans le projet « Diomaye président », il est prévu d’augmenter l’indexation des fonds
de dotation et des fonds d’équipement faite sur la TVA pour la faire passer de 5,5% à
un taux de 10% voire 15%. Les collectivités territoriales sont confrontées à l’absence
de ressources financières et une dépendance vis-à-vis de l’État. Pourtant, la libre
administration des collectivités territoriales fait que les agents municipaux sont
recrutés et engagés par les maires. Au titre de l’année 2024, le montant des transferts
de l’État aux collectivités locales sont de plus de 69 milliards FCFA.
Birame Waltako Ndiaye
Mardi 23 Avril 2024
Dakaractu



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