La Centif, a-t-elle été créée juste pour amuser la galerie ? (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck)


DAKARACTU.COM  La Centif est on ne peut plus performante dans son rôle d’épingler tous les malfrats financiers qui profitent de leurs positions de pouvoir pour s’adonner à des opérations de blanchiment d’argent pour le moins sale. La position de Dakar dans ce domaine est une des premières d’Afrique. Le boom immobilier a donné bien des soupçons de financement noir aux fonctionnaires de cette institution financière, et les transactions immobilières laissent augurer de ces délictueuses pratiques et de leur généralisation. Il ne se passe pas de semaine sans qu’une affaire éclate concernant, de ce que juste l’on sait, des personnalités de la République, comme Madické Niang, Samuel Sarr et son allié industriel Pape Aly Guèye, la ministre Ndèye Khady Diop, l’aide de camp de Wade, le colonel Cissokho… sans pour autant connaître des suites judiciaires. L’opinion publique sénégalaise est lasse de ces scandales qui éclatent, font l’effet d’une bombe à fragmentations, dont la presse s’empare le temps d’une semaine d’indignation collective, et qui subitement s’évaporent et font « pschiiit !!! », avant de disparaître dans les limbes de nos petites histoires sans conséquence. C’est ce sentiment qui nous fait passer pour des gens amorphes et résignés, comme si on avait dépassé notre seuil d’indignation. En fait, ces affaires sont tout simplement bloquées par les personnes mêmes impliquées dans ces scandales à répétition, qui éloignent notre pays dans les bas-fonds des classements selon le critère de la bonne gouvernance, tout en pourrissant le climat d’environnement des affaires. Mais ces gens-là n’en n’ont cure !!! Ils ne pensent qu’à jouir de l’instant. De cet instant où, contemplant leurs comptes en banque, ils peuvent se sentir ou se croire riches. Alors, il est beau de vanter devant les institutions internationales les progrès réalisés par notre gouvernement en matière de bonne gouvernance, et de leur préciser, toujours en attente de nouveaux dons en dollars, que des efforts sont faits pour accueillir de nouveaux programmes de lutte contre la pauvreté. On se demande d’ailleurs comment à ce rythme des programmes financés par toutes sortes d’institutions, cette maudite pauvreté n’est pas encore éradiquée.
La Centif a bon dos. Elle fait de son mieux pour travailler et dénoncer les travers de ces messieurs qui nous gouvernent. Mais apparemment, elle n’a pas été dotée des moyens de sa politique. Et pour le moment, elle compte pour du beurre, et ils le savent et continuent donc à s’en donner à cœur-joie. Il reste aux magistrats sénégalais à faire leur travail, qui rejaillirait sur leur honneur grandi par des actes urgents de simple patriotisme. Le peuple sénégalais dans son entier saura les remercier, et les remplacera dans sa galerie de héros à la place des sombres vandales et lutteurs et danseurs et arnaqueurs, qui ont fait les beaux jours de la niaiserie sénégalaise et qui ne sont là, à la Une de nos journaux, que pour entretenir le brouhaha destiné à nous rendre sourds et aveugles face à leurs crimes économiques mortels pour l’avenir de notre pays.
Mardi 15 Novembre 2011