Le tribunal a diffusé des vidéos de l'État islamique trouvées par les enquêteurs sur l'ordinateur portable de l'Imam Ndao. Pour ainsi dire, pendant 40 minutes, l'assistance a été plongée dans le monde irréaliste des jihadistes avec des scènes atroces et insoutenables. Des insurgés islamistes qui seraient de l'État islamique s'en prennent à leurs ennemis, des chiites avec une barbarie inouïe.
A la fin de la diffusion, le juge demande à l'Imam Ndao si ces fichiers lui appartenait. L'accusé répond par l'affirmative. Maintenant à la question de savoir pourquoi il détient de tels fichiers dans son ordinateur, il explique qu'il a, en tant que personne souvent sollicitée sur des questions pareilles, le devoir d'être informé. "Mais je n'ai jamais fait visionner ces vidéos à mes élèves", clarifie-t-il.
Poursuivant, l'Imam Ndao a même dit au juge qu'il y avait beaucoup plus de vidéos que ce qui a été révélé au tribunal. Ce qui lui fait ajouter qu'il aurait bien aimé que le tribunal diffuse les autres vidéos mettant en scène les brimades dont sont victimes les musulmans. Mais le président lui a indiqué que le tribunal n'a pas encore jugé opportune la diffusion de ces fichiers vidéo. Dans la foulée, l'Imam qui dénonce la "fitna" (mésentente) qui prévaut entre musulmans, d'expliquer les origines du jihad moderne.
A l'en croire, il faut remonter en 1980 pour être vraiment édifié sur le soubassement des conflits qui ont cours dans les pays musulmans. De cette reconstitution de l'histoire, le religieux fait savoir que l'État islamique est un ancêtre d'Alqaida en Irak dont Abou Mous'ab al-Zarqaoui est l'un des précurseurs. Mais en même temps, l'Imam qui semble épouser des thèses complotistes fait porter les conflits qui bouleversent le monde musulman "à des étrangers". "Même l'adversité qui existerait entre Chiites et Sunnites n'est que pure fabrication. D'ailleurs, j'ai toujours refusé d'abord ce genre de sujet dans mes causeries", théorise-t-il.
"Mon vœu de voir la charia appliquée est plus ardent que celui d'Al Qaida"
Relancé sur les similitudes qui existeraient entre sa conception de la Charia et celle d'Al Qaida, l'Imam Ndao trouve qu'il y a un problème d'interprétation à ce niveau. Il a rappelé les propos de l'accusé Matar Diokhané qui avait bien précisé que l'Imam et AlQaida ont les mêmes objectifs, mais que leurs démarchent divergeaient. L'Imam d'assumer son vœu pour l'établissement d'un état islamique régi par la charia. "Mon vœu de voir la charia appliquée est plus ardent que celui d'Al Qaida en ce sens que je n'ai pas vu une autre législation plus légitime et plus juste que celle de Dieu. Si nous rencontrons toutes ces difficultés, c'est parce que nous refusons de nous soumettre à la loi divine", sermonne l'Imam comme s'il faisait sa prédication dans la salle d'audience. Religieusement écouté et par le juge et par l'assistance, l'Imam Ndao convoque de temps en temps des versets coraniques pour donner une certaine légitimité à ses propos.