L’amitié entre Youssou Ndour et Souleymane Ndéné Ndiaye à l’épreuve de la politique (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck).


DAKARACTU.COM  L’amitié qui lie Youssou Ndour au Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, et qu’ils ont toujours tous deux revendiquée, est en train de subir les vicissitudes de la politique. Tout a démarré avec la reconversion en politique du leader de Fekké Ma Ci Bolé. Quelques temps avant qu’il ne déclare sa candidature à la présidentielle, alors que seules quelques supputations  laissaient croire à son effectivité, Souleymane Ndéné Ndiaye avait été de ceux qui avaient tenté de ramener Youssou à la neutralité et avait tenté de l’en dissuader. Mais les choses sérieuses ayant commencé avec les premières salves du leader de Fekké Ma Ci Bollé, le chef du gouvernement et directeur de campagne d’Abdoulaye Wade a dû monter au créneau. Son tir nourri contre Youssou Ndour, sur la propre chaîne de télé de ce dernier, a finalement fait sauter l’aggiornamento qui de fait existait entre eux. Les propos de Souleymane Ndéné Ndiaye ont été durs. Il a brocardé son incompétence au niveau étatique, mais lui a conseillé gentiment de rester à sa place de chanteur populaire, et s’en tenir là. Youssou Ndour a répondu à cette attaque frontale en publiant un communiqué dans lequel il renvoie la balle à l’envoyeur qui lui a fait un « procès en incompétence », lui rappelant que s’il était compétent lui-même, en tant qu’avocat, il comprendrait, du moins il aurait dû savoir que la candidature de Wade était irrecevable en droit. Il a ensuite reproché à son « ami » de faire dans la pure discrimination fondée sur le niveau d’études, lui rétorquant que justement il était, lui, Youssou, représentatif d’un leadership de type nouveau face à la meute d’incompétents diplômés qui ont mené le Sénégal dans une impasse. Les relations entre les deux hommes vont-elles résister à cet affrontement politique ? C’est toute la question, et c’est dommage, car ils étaient les meilleurs amis du monde. Au point que lorsqu’un journal avait prêté à « Jules » des propos désobligeants sur le boss du Super Etoile, le Premier ministre avait cru bon de monter lui-même au créneau pour démentir ces rumeurs. De même, lorsque les dossiers devant aboutir à l’octroi d’une fréquence télé étaient en rade au niveau de la présidence de la République, c’est encore Souleymane Ndéné Ndiaye qui a débloqué la situation et a fini de convaincre Wade d’accéder à la demande du groupe Futurs Médias. Il a d’ailleurs brillé par sa présence à l’inauguration de la TFM, faisant enrager des faucons comme Farba Senghor qui se sont épanchés dans la presse et auprès de Wade, en le lui reprochant. Ce sont là quelques drames de la politique qui frappent certaines amitiés. Peut-on faire de la politique contre son ami ? La politique est-elle source de combats fratricides ou doit-elle être confrontation saine d’idées ? Pourquoi doit-elle détruire des amitiés et nourrir des rancœurs, comme ce fut le cas entre Idrissa Seck et son mentor Wade, le plus bel exemple de reniement de sentiments amicaux ? Ces questions sont agitées par les penseurs depuis la Grèce antique. 
Jeudi 19 Janvier 2012