L’agriculture au Sénégal: Perspectives d’une nouvelle dynamique (Par Thierno Ndoye)


L’agriculture au Sénégal: Perspectives d’une nouvelle dynamique (Par Thierno Ndoye)
Il y a plus d’un demi-siècle que le Sénégal a acquis son indépendance et, malgré les gouvernements qui se sont succédé, la situation agricole demeure une équation. Le monde paysan devient de plus en plus pauvre et les multiples initiatives qui ont été entreprises donnent l’impression d’une politique agricole qui papillonne, parce qu'incapable de trouver les vraies solutions au monde rural. Ce fait ne cesse de pousser certains chercheurs à se pencher davantage sur la question. René Dumont disait, déjà en 1962, à juste titre que « l’Afrique noire est mal partie » et quelques années plus tard, on se demande encore si l’Afrique peut partir. Le constat est là, avec son lot de désolation et de politiques agricoles inefficaces et vouées souvent à l’échec. Peut- on réellement développer l’agriculture sénégalaise ? L’espoir peut il renaitre et redonner confiance à une paysannerie plus accrochée à l’aide qu’au résultat de sa production?

A.) Historique

De 1960 à aujourd’hui, toutes les politiques agricoles successives n’ont pas pu apporter les solutions adéquates à l’agriculture sénégalaise. Elles ont un point commun, celui de ne pas répondre aux attentes du monde rural.
1.) Période coloniale
La colonisation a été dominée par les grandes cultures, principalement par les cultures qui avaient un intérêt certain pour le colonisateur. Il faut entendre, par là, les cultures en saison des pluies. L’arachide était privilégiée par rapport aux autres cultures pour faire tourner les industries huilières et pour mieux alimenter les marchés de la métropole. Ce qui faisait occuper le Sénégal, le deuxième rang mondial, pour ce produit.
La stratégie coloniale consistait à faire de ses colonies des zones de cultures, selon la spécificité du climat et des types de cultures adaptées. C’est dans cette logique que, la culture du coton est plus développée au Mali et au Burkina. Cette situation a conduit de développer une forme d’agriculture, pour faire tourner les usines pour une production destinée à l’exportation et, à coté, une agriculture vivrière pour nourrir les populations locales. Ce qui faisait que la production agricole n’était point diversifiée et respectait parfaitement une politique agricole définie par le colon et qui cadrait entièrement avec ses intérêts. Ce schéma de production agricole a duré pendant toute la colonisation et même après l’indépendance.

2.) La Gouvernance Socialiste

Au début des indépendances, les gouvernements de ces pays n’ont rien changé de la politique agricole héritée de la colonisation. Nous pouvons dire, même, que c’est une situation d’impuissance. Ceci occasionnait un recours permanent à l’assistance technique internationale et, surtout, celle de l’ex colonisateur, précisément de la France.
L’Afrique devient un grand laboratoire et le Sénégal n’a pas échappé à ce joug.
Le gouvernement socialiste a voulu apporter une innovation face à la situation agricole qui enfonçait le paysan, de plus en plus, dans une situation de pauvreté exacerbée. Le monde rural est dans une condition d’assisté permanent, de plus en plus, endetté et désorganisé, parce que ne croyant plus à la coopérative tirée du modèle des pionniers de Rochdale.
Le seul terme de « coopérative » faisait peur au paysan et poussait le gouvernement de l’époque à mettre en place, en 1983, une nouvelle structure dénommée « section villageoise » calquée sur la coopérative. Cette idée, du professeur Guy Belloncle, aussi astucieuse fut - elle n’a, pas eu la chance de s’implanter convenablement ; le Groupement d’Intérêt Economique, en 1984, est venu la détrôner.

B.) Situation actuelle de l’agriculture ou « Le Règne libéral »
L’alternative politique a connu une profusion de projets et de programmes agricoles. Mais, la spécificité de ces projets est du fait que la majeure partie est de la seule initiative personnelle du président de la république, maître Abdoulaye WADE. Ce qui a engendré des situations néfastes pour le développement de l’agriculture.
Des projets se superposent et créent de facto des programmes morts nés. Les projets se succèdent et s'annulent d’eux-mêmes. On assiste, de plus en plus, à des projets modes qui ont créé un engouement certain plus axé sur la volonté de faire plaisir à un homme, qu’aux intérêts réels des principaux acteurs qui devaient en bénéficier.

Ce simulacre de développement agricole a mis une bonne frange des chercheurs aux bancs de la touche du jeu agro – économique. Ce foisonnement de programmes aurait pu être intéressant si une étude sérieuse était diligentée par les experts habilités.

1.) les programmes agricoles
REVA
Le « Retour des Emigrés Vers l’Agriculture » est une belle initiative. Tout pays, quelque soit sa grandeur, attend, nécessairement, de ses ressortissants émigrés leur contribution au développement économique. Il faut noter que, les émigrés sénégalais participent aux rentrées de devises à plus de 600 milliards par an, selon les évaluations effectuées. Les circuits informels font présager une hausse de ces fonds.

Je peux, sans prétention aucune, dire que je fais partie des premières personnes à qui le Président a exposé le projet REVA. C’était à l’occasion d’une audience qu’il m’avait accordée avec la Cellule Initiative et Stratégie du PDS (CIS) de Paris, dirigée par Lamine THIAM, en présence de son excellence Doudou Salla Diop et de sa secrétaire particulière madame Mbaye.
J’y ai présenté le projet d'implantation de VEOLIA au Sénégal et je n’ai eu droit qu’à une simple lettre de remerciement de la présidence, par le biais de son secrétaire général de l’époque, monsieur Abdoulaye BALDE.

A la sortie de cette audience, j'avais dit, tout de suite, à mes accompagnateurs que c’était une excellente idée mais cela dépendrait de la méthode d’application. Ce que je craignais est vite arrivé, le projet est logé au sein du ministère de l’agriculture qui avait du mal à fonctionner parce que, plus politique que tourné vers le développement. Ce qui a amené de le déloger pour créer une agence qui a voulu diversifier ses activités, pas seulement, agricoles, mais dans d’autres domaines afin d’arrêter les « boats people » vers l’Espagne.
Une aide substantielle était attendue, des pays européens, pour stopper l’effet migratoire économique d’Afrique vers l’Europe. Ce tâtonnement, du ministère à l’agence et de REVA à une activité diverse, indique d’une façon manifeste l’absence d’une étude sérieuse et ciblée.

Biocarburant
Je pense que ce fut l’une des plus grandes désillusions de l’agriculture. Des promesses et que des promesses qui se transformaient, tout de suite, en désespoir. Au moment où le gouvernement sénégalais, l’Etat, faisait un tapage médiatique trop assourdissant à quelques kilomètres de la frontière avec le Mali, le gouvernement de ce dernier capitalisait davantage les merveilles effectuées dans l’utilisation du jatropha curcas.

Vingt ans auparavant, le Mali avait déjà électrifié des villages et fait fonctionner des machines avec l’huile de Jatropha, pour l’utilisation domestique dans le milieu rural. Avec une force tranquille le Mali progressait tranquillement dans la transformation sans la crier sur les toits. Il faut noter au passage, qu’une bonne partie de nos semences provenaient du Mali qui était notre principal fournisseur. Les sources de ravitaillement, à l’intérieur du Sénégal, étaient, principalement, les haies vives des bords de champs, de la région de Tamba.

On se rappelle, aisément, des révélations fracassantes du ministre de l’agriculture, Monsieur Farba Senghor, qui annonçait la plantation imminente de 100 millions de pieds de Jatropha curcas. Cette médiatisation avait fait, du Sénégal, à l’époque, un pôle d’intérêt pour tous les acteurs du bio carburant sur le plan international. Certains se sont déplacés, même, pour vérifier la véracité de ce « grand bond » du Sénégal qui n’était en réalité que politique.

Je suis allé, personnellement, avec quelques experts sur certains sites, supposés de production, à Mboro, Khelkom et à Tamba mais, la déception a été totale. Dans la plupart des cas, c’était un désert.
Le programme du jatropha a été tellement politisé que tous les paysans, du plus petit au plus grand, essayaient de trouver les fameuses graines dans le but de s’enrichir et d’améliorer d’une façon substantielle leur condition de vie. Partout dans le milieu rural, on ne parlait que du programme biocarburant. Lors du salon international de l’agriculture de 2006, le thème retenu par le Sénégal dans ses conférences était principalement axé sur les biocarburants et, là aussi, le ministre de l’agriculture a sortie la « grande artillerie » pour annoncer devant d’éminents experts les soi- disant avancées et le développement attendu dans les tous prochains mois. Là encore, ce n’était que de l’intoxication économique.
Encore une fois, les agriculteurs ont reçu des coups de massue.
Présentement, dans le domaine des biocarburants c’est la Compagnie Sucrière du Sénégal (CSS) qui est parvenue à implanter une unité de production, mais à partir de la canne à sucre. La SOCOCIM, également, a mis en place un programme ambitieux dans la culture du Jatropha.

Le programme des biocarburants est une sinécure, avec ses vagues de déceptions, qui, de plus en plus, installe dans le milieu rural une situation de découragement et de rejet éventuel, pour tout futur programme agricole.
Nous avons en mémoire le rejet de la coopérative qui, à un certain moment, était perçue comme un asservissement du paysan.

GOANA
La Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance est, certes, une bonne initiative mais comporte des imperfections certaines.
C’est, encore, un programme du chef de l’état que le ministère de l’agriculture a voulu mettre en place, avec une marge de manœuvre très faible des experts qui ont tendance à se formater à l’idée avancée par le président pour y jouer un rôle.

Il faut comprendre, d’abord, que toute idée, tout projet aussi judicieux soit- il, mérite une étude approfondie, et dans le moindre détail.
Certaines semences sont détournées et passent les frontières, pour servir à d'autres paysans que ceux du Sénégal, de même que les engrais et le matériel de production. L'Institut National de Pédologie (INP) devrait avoir son mot à dire sur les types de sol et par rapport aux zones de cultures. Nous savons que les terres sont, de plus en plus, pauvres et ont, de moins en moins, la possibilité de donner les rendements attendus. En 2005, quand le président de la république annonçait son programme de 1 million de tonnes de maïs, à Habib Sy, son ministre de l’époque, celui ci savait pertinemment que c’était irréalisable, y compris beaucoup d’experts du ministère en la matière.
C’était une idée, au pif, que tout le monde soutenait pour plaire au président et ne pas risquer le limogeage.
Une implication plus rationnelle des agriculteurs et des experts est souhaitable, pour redresser les manquements constatés. L’effet du tapage médiatique peut créer, certes, un certain engouement qui, inévitablement, se consume comme un feu de paille.

2.) La loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale

C’est, sans conteste, un bon code, pour l’agriculture dans sa généralité, qui a été minutieusement étudié par des experts.
Le mérite de la loi d’orientation agro – sylvo - pastorale est de servir de guide pour le monde rural et laisse la latitude aux principaux acteurs, à lui donner corps selon les spécificités de leur localité.
Malheureusement, cet outil de développement risque de tomber aux oubliettes par son manque d’application comme, malheureusement, beaucoup de projets du gouvernement.

Avec l’avènement du gouvernement Wade, l’agriculture du Sénégal connaît, davantage, un phénomène de mode qui sert plus aux politiciens qu'aux principaux intéressés, à savoir les agriculteurs.
Une telle situation risque de désorienter, à court terme, le paysan, de torpiller l’activité agricole à moyen terme et, finalement, de tuer, à petit feu, l’agriculture, entrainant un exode massif des jeunes ruraux vers des destinations, illusoirement, porteuses d’espoir.

C.) Une Agriculture d’autosuffisance alimentaire saine et durable

Une autre agriculture est possible. Une agriculture raisonnée, pour une autosuffisance alimentaire saine et durable.
Pendant la colonisation, et même après, le comportement cultural du paysan n’a pas trop évolué. La création, d’agences d’encadrement et d’instituts de développement, rencontre souvent des résistances dans l’application des programmes agricoles qui sont, parfois, perçus comme imposés pour bouleverser, de facto, leurs habitudes.
Une approche participative, plus élaborée, permet de pallier à cette situation. L’environnement et la santé des paysans constituent encore peu de soucis pour les gouvernements qui se sont succédé. L’intervention d’ONG et les conventions internationales viennent au secours des agriculteurs, avec des accords comme l’OMC et L’AGOA. Mais la tendance est encore très timide. Le consommateur subit alors, directement, tous les désagréments occasionnés par cette forme de politique agricole, plus soucieuse de la rentabilité et du profit.
Une nouvelle dynamique doit permettre d’accorder plus de considération au monde rural et d’assurer une autosuffisance alimentaire.

1.) Le foncier
Le problème foncier demeure inextricable et mérite une attention toute particulière. Les 240 mille hectares, dans la région du fleuve et non exploités, pourraient comporter des litiges dans certaines localités. Nous devons éviter des situations, comme à Mbane, où certains investisseurs potentiels ont vu leur rêve transformé en cauchemar. Une négociation, minutieusement diligentée avec des consultations et une implication des populations et des communautés rurales, doit être prioritaire.
L’impact environnemental a toujours son sens pour tout projet.

Dans beaucoup de zones de productions agricoles, ce ne sont pas les paysans, utilisateurs des terres, qui sont les propriétaires. Dans certaines localités, c’est une minorité qui, par leur degré d’influence, est détentrice des sols qu’elle loue ou prête, pour contourner la législation pour non utilisation effective du terrain obtenu par délibération.
Avec les procédures, pour transformer son titre administratif en bail ou en titre foncier, beaucoup d’exploitations agricoles sont transformées en habitation violant ainsi les lois les plus élémentaires du domaine à vocation agricole. Cette situation est plus développée dans la zone des Niayes, entre Bayakh et keur Daouda Sarr, principalement, l’ancien site exploité par la société BEUD Sénégal filiale d’une multinationale hollandaise. La construction de l’autoroute à péage accentue ce phénomène. Une bonne partie des produits maraîchers (haricots verts, mangues etc ….) exportés viennent de cet endroit.
L’autre phénomène, pour certains, est de parvenir à avoir une quantité élevée d’hectares alors qu’en réalité ils n’ont pas les moyens de les exploiter. Beaucoup parmi cette dernière catégorie sont animés de spéculation. Certaines autorités de Darou Mousty ont déferlé la chronique des journaux.
L’idéal de la production, c’est que les producteurs soient les propriétaires de leurs terres. Une volonté politique rigoureuse est nécessaire pour inverser cette tendance.

La fertilité des sols
Le développement de l’agriculture s’est fait avec un agrégat de problèmes liés à une agriculture conventionnelle qui a montré ses limites.
Les sols sont très pauvres et deviennent, de plus en plus, pauvres si nous continuons de produire avec les mêmes schémas. Il faut noter que, dans les lycées agricoles, les instituts agronomiques, le leitmotiv qui fait foi en matière de fertilisation est : NPK (Azote, phosphore, potassium).

Ce système d’éducation est tellement bien ancré dans les mœurs qu’il est très difficile de changer les mentalités. Les grands lobbyings érigent des obstacles pour toute volonté de changement. Cependant, des ONG, comme ENDA Pronat, font des travaux colossaux pour conscientiser les agriculteurs sur les méfaits du chimique. Pareillement, pour la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FENAB) qui dispose de moyens infimes pour faire face à la tâche gigantesque qu’elle a entamée. Certaines maladies, qui touchent les productions agricoles, sont souvent dues à la pauvreté des sols, de même qu'un homme qui a faim est plus sensible aux microbes.
Cette pauvreté des sols est due, au fait que les micro-organismes qui existent dans le sol sont anéantis, progressivement, par les éléments chimiques très nocifs à la santé humaine et aux sols agricoles. L’utilisation de l’engrais chimique impose en a mettre davantage si on veut atteindre les rendements souhaités.
L’amendement bactérien est la seule véritable alternative pour réparer et fertiliser les sols. La société BIOGEN est le précurseur, sans conteste, de la production industrielle d’un engrais organique capable de relever le défi. C’est par la suite, que la Fondation Agir pour l’Education et la Santé (FAES) lui a emboité le pas pour développer le Bioferty, avec le même procédé de fabrication que j’ai mis en place avec le groupe BIOPOST COFUNA de France.
Le processus de fabrication, que j’ai eu à développer pour les deux structures citées, consiste à valoriser des sous - produits locaux pour obtenir un fertilisant bactérien sous forme d’amendement. Le fertilisant bactérien permet d’apporter au sol la vie microbienne utile et nécessaire pour renouveler l’humus et l’enrichir, pour mieux nourrir la plante. Ainsi, ce fertilisant augmente les rendements en quantité mais aussi en qualité (plus de saccharose dans la canne et en production fruitière, précocité de la récolte, meilleur résistance aux maladies etc…).L’utilisation de cet amendement bactérien comporte, principalement, trois avantages :

 Agronomique, par la production locale d’un fertilisant permettant l’augmentation de la fertilité des sols et des rendements de production. Cette biotechnologie, contribue à lutter efficacement contre la désertification des sols.
 Economique, grâce à la valeur ajoutée apportée à l’économie du pays et la création d’emplois.
 Environnemental, la valorisation des sous produits, sources de pollutions et de nuisances, permet d’apporter une nouvelle génération de bio fertilisants qui non seulement augmentent les rendements mais respectent les sols et l’environnement.

2.) L’hydraulique
Le problème de l’eau constitue un élément vital pour l’agriculture. Sans la maitrise de l’eau on ne peut pas faire de l’agriculture. Au Sénégal, l’agriculture a été toujours dépendante de la pluviométrie pendant la saison des pluies. Ce qui a favorisé la prédominance de ce que nous appelons les grandes cultures, telles que le mil et l’arachide etc…
Cette activité culturale se fait dans un temps très court, de trois mois, qui met, par la suite, un monde rural, plus de 60% de la population, au chômage pour une durée assez longue de neuf mois. Ce qui entraîne la recherche d’autres sources de revenus pour nourrir leur famille dans des conditions très difficiles, comme l’exode rural et l’émigration. Les activités agricoles, hors saison des pluies, sont, principalement, effectuées par des sociétés qui produisent pour l’exportation en utilisant une partie de la main d’œuvre rurale comme ouvriers agricoles dans des situations qui ne respectent pas, le plus souvent, la législation du travail. Les agriculteurs qui se lancent souvent dans le maraîchage, faute de moyens, sont obligés de respecter les conditions de la Sénégalaise Des Eaux (SDE) qui ne sont pas adaptées à l’agriculture. Tous les agriculteurs ne bénéficient pas de quotas hydro agricoles que certains détenteurs utilisent comme un commerce. Cette eau, du réseau de la SDE, coute très chère pour l’agriculteur et constitue un poids énorme dans les coûts de production. Combien de paysans ont arrêté leur production du fait du réseau classique de la SDE, factures hors de leurs possibilités.

Le plus souvent le procédé de la SDE nuit, énormément, à l’agriculture. En plus de l’insuffisance à alimenter en eau, convenablement les champs, au moment où les plantes en ont besoin (plus de cinq jours sans eau), la SDE procède à des coupures et d’enlèvement de compteurs qui s’effectuent, souvent, dans la phase décisive de la production alors que, peu de temps suffisait pour sauver ces récoltes et recouvrer leurs factures impayées. Cette insouciance de la SDE a tué, dans certains endroits, le maraîchage, avec un agriculteur qui, après avoir investi tous ses fonds dans son exploitation, espère sur sa récolte pour subvenir à ses besoins et faire face à ses engagements. L’eau de la SDE est chère, très chère pour appuyer l’agriculture hors hivernale. D’autres systèmes hydrauliques sont possibles et peuvent être un apport conséquent à l’agriculture.

Les bassins de rétentions sont une initiative judicieuse pour éviter la perte des eaux pluviales. Mais, cela n’est possible que dans certains endroits qui sont, souvent, des points de jonction des eaux ruisselantes. C’est un moyen, dans le milieu rural, pour parer à l’inondation de certaines localités et permettre l’accessibilité en eau pour l’élevage, l’agriculture et, dans une certaine mesure, à l’aquaculture.
Les forages sont, également, un outil pour ravitailler en eau des villages environnants. Mais, cela se heurte souvent à la profondeur de la nappe phréatique et à un problème de gestion qui paralyse l’activité de plusieurs villages. L’exemple le plus frappant est le forage, dénommé F6 au niveau de BEER et de BAYAKH, qui a cessé de fonctionner depuis la gouvernance socialiste. Toutes les autorités, qui ont été interpelées, ont fait semblant de prendre la situation à bras le corps mais, rien de rien n'a suivi de leurs belles paroles.

Un réseau hydraulique agricole adapté à la situation agricole est plus que nécessaire. Des études existent pour récupérer les eaux, au niveau de Thiaroye pour les exploitations de la région de Dakar. D’autres études sont effectuées par des experts du monde rural, leurs initiatives et leurs propositions ont rencontré des autorités peu attentives au développement de l’agriculture à moyen et long terme
3.) Les Hommes
C’est le paramètre le plus important de la filière agricole parce qu’il est à la fois acteur et consommateur. A tous les niveaux il est présent et doit jouer son rôle. Pour être efficace, selon les situations, certaines actions sont plus qu’indispensables.
- La formation
Un accent particulier doit être mis dans ce domaine. Beaucoup d’ouvriers agricoles n’ont reçu aucune formation des méthodes culturales et ne sont que des exécutants qui ignorent parfois tout, des actions les plus élémentaires, notamment pour l’utilisation de pesticides et d’engrais souvent chimiques et très toxiques pour la santé et la production.
Des produits prohibés sont, parfois, utilisés et peuvent par conséquent porter atteinte à l’exportation car ne respectant pas les normes internationales des produits agricoles. Et parfois, lors de leur intervention, des fautes fatales à la production sont constatées et la correction est impossible. Des écoles de formation agricole, en proximité des zones rurales, doivent être développées davantage.
Une attention particulière doit être accordée à l’alphabétisation, la gestion et l’enseignement des méthodes agricoles fonctionnelles du fait qu’une frange importante du monde rural n’a jamais fréquenté l’école française. Il existe, certes, des instituts, des agences et des ONG qui encadrent les agriculteurs, mais cela ne suffit pas et les met dans une situation d’éternels assistés. La formation peut contribuer à réduire leur dépendance dans certaines tâches.

- Les organisations paysannes
L’institution la plus connue est la coopérative qui a été constituée, légalement, pour la première fois pendant les accords de Rochdale en 1844. A une certaine époque, au Sénégal, elle a connu un rejet du monde agricole de par les humiliations qu’elle faisait subir aux membres qui ne pouvaient pas payer leurs dettes. Les quatre grandes plateformes agricoles, qui prédominent, sont loin de satisfaire les intérêts des agriculteurs. Une nouvelle forme d’organisation paysanne est possible avec une gestion participative de tous les acteurs. Une structure imposée peut connaître une indifférence de la part de ceux qui sont sensés en profiter. L’organisation paysanne doit tenir compte des réalités de chaque localité. Une bonne structuration paysanne peut entrainer un développement harmonieux de la filière agricole.

4.) Production et commercialisation
Au niveau de la production, les semences certifiées font souvent défaut. Il faut encourager la culture de semences, suivant un programme de nos besoins agricoles. Le matériel agricole doit être choisi, pas pour un tapage politique ou pour procurer des profits à une quelconque société, mais, selon la spécificité des sols et des cultures à développer.
Distribuer du matériel aux agriculteurs, comme les 500 tracteurs venus d’Inde, tout en sachant qu’une bonne partie n’est pas adaptée aux sols qui sont le plus souvent lourds, n’est qu’un gâchis financier.
Un état des lieux ne fera que confirmer cette situation désolante.
Nous produisons pour consommer mais surtout pour vendre et avoir des devises et subvenir à nos besoins.
Le développement d’une industrie de transformation permet d’ajouter une plus value aux produits agricoles et permet d’améliorer les conditions du paysan. Des circuits de distribution fiables, capables d’absorber une bonne partie de la production, permettent d’encourager l’ardeur productrice des agriculteurs. En France, plus de 60% de la production est transformée. Cela se comprend parce que l’agriculture a été le pétrole vert sur lequel l’économie s’est, d’abord, appuyée pour se développer.

Les exportations des produits agricoles sont infimes, si nous tenons comptes des potentialités de production. Par exemple, la quantité exportée de haricots verts avoisinait seulement six mille tonnes. Ce qui régresse chaque année et indique, ipso facto, un dédain, de plus en plus, accentué de la filière. Qu'en est-il exactement? Les petits exportateurs sont laissés à eux-mêmes, face à des importateurs européens très organisés qui les mettent sous perfusion pour bénéficier toujours de produits agricoles de contre saison.
La vente des produits agricoles, à l’export, se fait très souvent à la consignation, avec un taux de 8 à 10%. Ce phénomène fait que, même si la société européenne vend à perte, elle perçoit d’abord sa commission avant de faire un virement à l’expéditeur. Les comptes de ventes deviennent de plus en plus négatifs et créent des surprises désagréables qui, davantage, découragent les exportateurs qui se tournent vers des créneaux estimés plus porteurs. La mise en place, en Europe, d’une plateforme sénégalaise est possible pour travailler avec les grandes chaines de distribution et même appuyer certains pays africains dans leur exportation.

Conclusion
Une agriculture de l’abondance, saine et durable, vecteur de développement économique est possible. Beaucoup de pays développés ont utilisé, avec succès, l’agriculture comme un levier de développement. La vision de Pape DIOUF, ancien ministre de l’agriculture, est salutaire pour le monde rural, pour avoir initié la participation du Sénégal au salon international de l’agriculture et promu la fertilisation des sols avec le groupe BIOPOST COFUNA.
La politique agricole d’un gouvernement doit être claire et répondre aux besoins du pays. Les programmes agricoles doivent suivre une méthodologie rigoureuse, minutieusement étudiée. Ce n’est pas un hasard que les leaders des partis politiques, à l’élection présidentielle, en parlent souvent dans leurs déclarations. A cause de tous les maux qui affectent l’agriculture, on peut comprendre aisément l’intérêt particulier que Monsieur Idrissa Seck, candidat de la coalition IDY 4 PRESIDENT 2012 accorde à ce secteur d’activité. L’abondance agricole est possible, il faut une volonté politique.

Thierno NDOYE
Socio économiste
Email : thinab@yahoo.fr
Mercredi 25 Janvier 2012
THIERNO NDOYE




1.Posté par léral le 25/01/2012 10:40
vous permettez de commentez ce passage de Monsieur Ndoye en bas qui sans méchanceté n'a pas compris la politique de cette structure que de nom apparament. La preuve est que REVA n'est plus depuis la création de l'Agence en 2008 un programme pour les émigrés, mais une vaste politique pour le Retour Vers L'Agriculture tout court. Aussi, on peut tout dire sur cette structure sauf du tatonnement, car sa politique stratégique est claire comme de l'eau de roche: Développer l'Agriculture sénégalaise adossée à la maîtise de l'eau surtout souteraine pour faire de ce secteur un pilier fondamental de notre économie. Cela se fait par la réalisation de fermes agricoles destinées aux populations à la base, et un volet accordé spécifiquement à l'initiative privée. ce qui nous a valu les résultats aprés trois ans des résultats que nul n'ignore. Pour vous dire combien cette structure est sérieuse, la politique de management qualité adopté depuis sa naissance lui a valu une reconnaissance internationale dans ce domaine, cette jeune structure par son âge vient d'être certifié ISO 9001 version 2008 depuis le mois de mars 2011. ce qui signifie qu'il ya une grande maîtrise de ce que l'Agence REVA fait. C'est une structure logée au niveau du ministère connu certe par l'instabilité, mais je pèse mes mots si toutes les directions et Agences du pays faisait comme l'ANREVA l'Agriculture sénégalaise connaîtrait un sort bien meilleur. La solution au problème que vous posez me semble être ceci: décréter une décennie agricole comme on a fait pour l'éducation et la santé, orienter la politique de subvention agricole vers la réalisation d'infrastructure hydroagricole permettant de faire l'agriculture sur toute l'année. voilà ce à quoi on devrait tous s'atteler pour faire émerger le pays. Je vous suggère de bien faire la mise à jour de votre documentation sur l'ANREVA. Respectueusement!
"REVA
Le « Retour des Emigrés Vers l’Agriculture » est une belle initiative. Tout pays, quelque soit sa grandeur, attend, nécessairement, de ses ressortissants émigrés leur contribution au développement économique. Il faut noter que, les émigrés sénégalais participent aux rentrées de devises à plus de 600 milliards par an, selon les évaluations effectuées. Les circuits informels font présager une hausse de ces fonds.

Je peux, sans prétention aucune, dire que je fais partie des premières personnes à qui le Président a exposé le projet REVA. C’était à l’occasion d’une audience qu’il m’avait accordée avec la Cellule Initiative et Stratégie du PDS (CIS) de Paris, dirigée par Lamine THIAM, en présence de son excellence Doudou Salla Diop et de sa secrétaire particulière madame Mbaye.
J’y ai présenté le projet d'implantation de VEOLIA au Sénégal et je n’ai eu droit qu’à une simple lettre de remerciement de la présidence, par le biais de son secrétaire général de l’époque, monsieur Abdoulaye BALDE.

A la sortie de cette audience, j'avais dit, tout de suite, à mes accompagnateurs que c’était une excellente idée mais cela dépendrait de la méthode d’application. Ce que je craignais est vite arrivé, le projet est logé au sein du ministère de l’agriculture qui avait du mal à fonctionner parce que, plus politique que tourné vers le développement. Ce qui a amené de le déloger pour créer une agence qui a voulu diversifier ses activités, pas seulement, agricoles, mais dans d’autres domaines afin d’arrêter les « boats people » vers l’Espagne.
Une aide substantielle était attendue, des pays européens, pour stopper l’effet migratoire économique d’Afrique vers l’Europe. Ce tâtonnement, du ministère à l’agence et de REVA à une activité diverse, indique d’une façon manifeste l’absence d’une étude sérieuse et ciblée."

2.Posté par dabakh le 25/01/2012 23:01
le developpement du senegal passe forcement par la maitise du secteur agricol.il est grand temps de revoir notre politique agricole et de le confier à des personnes competentes,serieuses,responsables et qui ont une bonne maitrise du secteur agricol.Et faire de l'agriculture,le fer de lance de notre économie au lieu de le considerer comme élément de propagande.
ce qui est frustrant,c'est de voir combien nos hommes politiques sont vils.pour plaire ou pour ne pas être limogés;ils sont prets à se lancer dans des programmes dont ils savent à l'avance que c'est pas bon.Et cela continue malheureusement.
pour une fois soyez honnete envers vous meme et envers votre peuple.respectez nous,defendez l'interet du peuple au detriment de l'interet d'un clan.
grand merci à monsieur ndoye,cette contribution m'a permis de recroire à mon pays,à ses hommes.ceci montre que notre probleme est un probleme d'homme.
il faut juste mettre les hommes qu'il faut à la place qu'il faut.certes on a pas le pétrole,mais on a des hommes de grandes valeurs.
disons non à ces politiciens vereux qui sont la honte du senegal sur le plan national et à l'international.
encore une fois merci Mr Thierno Ndoye

3.Posté par ibra le 19/02/2012 18:22
vous voudez des infos sur le souci des colonisateur pour le défi alimentaire au Sénégal colonial

4.Posté par Mme cisse le 12/12/2012 11:03
je trouve cet article tres audacieux, affirmer que bioferty est une amendement bactérien, il faut tout de meme le faire, je parle en connaissance de cause. le terme biofertilisant serait plus adequat, et encore, faudrait etre sur qu'il n'y ait que des elements naturels qui entre dans sa composition. par ailleurs, les microorganismes (bacteries) dont vous parlez ne doivent pas etre utilises n'importe comment et n'importe ou, ils peuvent avoir un effet depressif selon le le type de sol ou encore d'autres caracteristiques du sol.
ce qui fatigue nos paysans justement c'est la vulgarisation et la commercialisation de produits non adaptes aux systemes d'exploitations et non durable.



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