Au moins l’acte criminel et regrettable dont fait l’objet le Maire socialiste Barthélémy Dias aura fait tomber le masque de certains acteurs politiques et dévoilé le hiatus abyssal qui sépare leur ambition, présidentielle pour certains, et de leur compétence intrinsèque. Les termes en lesquels le ministre de l’intérieur s’est prononcé sur l’affaire Dias resteront gravés à jamais dans l’histoire. Pourquoi, semble-t-il impossible à certaines personnalités d’avoir des postures humaines, citoyennes, objectives face à des faits qui l’exigent ? Comment peut-on qualifier d’épiphénomène un drame, une tragédie familiale à deux sens ? Le Maire Dias, malgré son arrogance, malgré son ignorance des prérogatives qui étaient les siennes, est tout de même un père de famille, un citoyen loin du statut de marginal, comme le confirme son statut de Maire. En allant en prison, il laisse des parents, des camarades et des amis tristes et malheureux. Que dire de Ndiaga Diouf qui est « parti » laissant une famille et des proches plus désœuvrés que ceux de Dias. Comment cette situation tragique peut-elle être qualifiée d’épiphénomène ?
Une posture ministérielle décevante
Monsieur Ousmane Ngom ne s’est pas prononcé en tant que premier policier de l’État, mais plutôt comme un juge à œillère, conquis d’avance et délibérant sur une affaire dont l’enquête et les débats sont clos. Il n’avait nullement à trancher entre les arguments de défense avancés par les uns et les autres. Il est du ressort du juge en charge du dossier d’étudier la recevabilité ou non des arguments de défense. Les vidéos auxquelles il fait allusion ne sont qu’un échantillon du dossier. Et cela, en tant qu’avocat de formation, il était sensé le savoir. Il n’a, à aucun moment, dit un seul mot à l’endroit de la famille éplorée et pourtant, en tant que premier responsable de la sécurité civile des citoyens, il devrait regretter de n’avoir pas pu prévoir l’évènement et sauver Ndiaga Diouf. Il a qualifié Dias de délinquant et de terroriste qui s’estime être au-dessus des lois. Ce qui veut dire que le Maire Dias est comme un homme qui a fini de cavaler et dont on se réjouit de l’arrestation. Cependant, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte, ce n’est pas la première fois qu’un ministre de l’état adopte une posture partisane et politique sur une affaire de ce genre. Par conséquent, il est surprenant d’entendre des responsables politiques réclamer la démission d’Ousmane Ngom. Une telle attitude est tout aussi irresponsable que celle qu’elle critique.
La voix des Maires atypiques
L’adjectif atypique est assez respectueux pour qualifier les sorties des maires de Kafrine et de Saint-Louis. L’un qui demande la démission du ministre de l’intérieur doit avoir la mémoire courte, au-delà de sa volonté maladroite de s’exercer à l’analyse juridique. Sans faire trop d’histoire, il devrait savoir que ce n’est pas la première fois que des citoyens tombent sous des balles dans des circonstances ténébreuses, qu’il s’agisse d’étudiants ou de policiers. L’attitude de beaucoup d’entre ceux qui jouent au vedettariat aujourd’hui sur l’affaire Dias est encore connue et vérifiable. S’il fallait, à chaque fois, appliquer ce raisonnement extrémiste et bancal, le dispositif politique actuel du Sénégal serait autre que ce qu’il est aujourd’hui. Mais l’absence de commentaire de cette sortie du Maire de Kafrine en dit long sur la nécessité de pardonner certaines postures qui relèvent plutôt d’un sérieux manque de moyens intellectuels à la hauteur de l’exercice auquel il veut s’adonner. Quant à l’héritier du fsd/bj, le maire de Ndar, il ignore qu’un Maire est le premier magistrat de sa Commune. Il est dans ses prérogatives de mettre un dispositif sécuritaire afin de parer à des éventualités comme celle qui prévaut dans l’affaire Dias. Mais lorsqu’on n’a pas appris son métier, lorsque l’adhésion politique est la fin ultime de tous ses actes, voilà les dérives auxquelles on s’expose et les postures irresponsables qu’on peut avoir à leur égard : « c’est la raison pour laquelle, je comprends parfaitement la réaction de Barthélémy Dias et je suis aussi totalement solidaire parce qu’il est maire d’une commune, responsable des citoyens ». Ainsi parla le Maire de Saint-Louis. En fait, pour lui, un Maire en danger doit pouvoir tuer les citoyens qu’il est censé protéger. Aucune forme d’intelligence pour éviter la mort. Le corporatisme municipal peut-il ainsi être au-dessus des lois ? Et Ndiaga Diouf, n’est-il pas un citoyen ? Est-il infaillible ? Et l’équité de jugement dans tout ça ? Depuis quand la nuque d’un individu se trouve-t-elle à son front ? Quand on offre sa nuque n’est pas là qu’on est entrain de fuir ?
La voix d’une ambition présidentielle
S’il faut espérer une « réparation » de la République par les candidats qui la jugent « abîmée », autant attendre qu’on vous offre une calebasse de lait venant des mamelles d’une lionne stérile. S’il doit y avoir un indicateur par lequel il juger de la régression de la démocratie sénégalaise, et partant de la République, il faut le chercher du côté des discours de ceux qui prétendent diriger les plus de douze millions de citoyens que compte le Sénégal. « "Le premier responsable de ces évènements est le ministre de l'Intérieur"/"La République est tellement abîmée que la police n'est plus en mesure de prévoir des évènements de cette nature. La police présente sur les lieux a été incapable d'empêcher le drame qui a eu lieu. Si on était dans une République organisée, le ministre de l'Intérieur aurait dû présenter sa démission et partir" ». Ainsi parla le candidat de Benno Alternative. Pourtant, pour ceux qui ont une mémoire, les événements ont été plus graves, à un moment donné de l’histoire, sans que de tels avis soient avancés. Mais c’est comme ça ; il y en a qui parlent, croyant que l’histoire commence à la seconde où on leur tend le micro. Cette attitude n’est malheureusement pas surprenante pour ceux qui l’ont vu défendre mordicus Idrissa Seck, jusque dans les amphis de Paris, raconte-on. Ce sont plutôt les postures de ce genre qui ont « abîmé » la République ; celle du tout-masque et du tout-politique.
Et encore des visages masqués
La République du Sénégal n’a que 51 ans. C’est peu. Elle n’a même pas l’équivalent de l’espérance de vie dans un PPTE. Mais le Sénégal est un des pays où on fait plus de politique et où les choses n’avancent jamais à la mesure du boucan avec lequel les politiciens s’activent. Tant qu’une affaire ne concerne pas directement un acteur politique, sa posture demeurera toujours politicienne. Pourtant, dans la Nation sénégalaise dont découle sa République, il était presque impossible d’avoir les positions qu’on voit aujourd’hui. Chacun veut être dirigent, chacun veut être riche, mais peu se donnent l’honneur et la rigueur de travailler pour. Il y a seulement 50 ans, on n’avait pas besoin de demander la parole dans une Assemblée ou lorsqu’on drame advenait. Il y avait des gens dont les qualités faisaient d’eux des voix autorisées. Mêmes ceux qui n’avaient pas ce privilège étaient fiers dans le statut qui était le leur. Et ainsi, la société était équilibrée. Mais aujourd’hui, chacun y va de son masque. Le masque est nécessaire dans la vie, mais s’il a pour fin de nuire ou de déposséder tout un peuple au profit d’arrivistes hors classe, il devient un fléau. C’est honteux de prostituer l’affaire Ndiaga Diouf. Un citoyen faible car sans travail, appâté certainement par des arrivistes et abattu froidement par un poltron masqué alors qu’il s’enfuyait, est abandonné à sa seule famille. Pourtant, cet homme armé d’un jour, en tant que fait, n’est rien par rapport à la multitude de personnes érigées en corporations officieuses armées et même habillées selon le goût de leur chef. Il faut se prononcer sur le phénomène de la prostitution de la pauvreté des citoyens. À défaut de pouvoir donner du travail à chacun, il faut au moins combattre de manière responsable ceux qui exploitent honteusement l’ignorance et la pauvreté des citoyens en les exposants à toutes les dérives. Un crime peut être un accident et cela peut arriver à tout le monde dans les deux sens. Mais s’il faut s’y prononcer, à défaut de pouvoir avoir raison, il faut chercher à être honnête et juste ou sinon mieux vaut se taire. Il vaut mieux un silence coupable qu’un bavardage condamnable.
Assalma Koor DIOUF
Une posture ministérielle décevante
Monsieur Ousmane Ngom ne s’est pas prononcé en tant que premier policier de l’État, mais plutôt comme un juge à œillère, conquis d’avance et délibérant sur une affaire dont l’enquête et les débats sont clos. Il n’avait nullement à trancher entre les arguments de défense avancés par les uns et les autres. Il est du ressort du juge en charge du dossier d’étudier la recevabilité ou non des arguments de défense. Les vidéos auxquelles il fait allusion ne sont qu’un échantillon du dossier. Et cela, en tant qu’avocat de formation, il était sensé le savoir. Il n’a, à aucun moment, dit un seul mot à l’endroit de la famille éplorée et pourtant, en tant que premier responsable de la sécurité civile des citoyens, il devrait regretter de n’avoir pas pu prévoir l’évènement et sauver Ndiaga Diouf. Il a qualifié Dias de délinquant et de terroriste qui s’estime être au-dessus des lois. Ce qui veut dire que le Maire Dias est comme un homme qui a fini de cavaler et dont on se réjouit de l’arrestation. Cependant, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte, ce n’est pas la première fois qu’un ministre de l’état adopte une posture partisane et politique sur une affaire de ce genre. Par conséquent, il est surprenant d’entendre des responsables politiques réclamer la démission d’Ousmane Ngom. Une telle attitude est tout aussi irresponsable que celle qu’elle critique.
La voix des Maires atypiques
L’adjectif atypique est assez respectueux pour qualifier les sorties des maires de Kafrine et de Saint-Louis. L’un qui demande la démission du ministre de l’intérieur doit avoir la mémoire courte, au-delà de sa volonté maladroite de s’exercer à l’analyse juridique. Sans faire trop d’histoire, il devrait savoir que ce n’est pas la première fois que des citoyens tombent sous des balles dans des circonstances ténébreuses, qu’il s’agisse d’étudiants ou de policiers. L’attitude de beaucoup d’entre ceux qui jouent au vedettariat aujourd’hui sur l’affaire Dias est encore connue et vérifiable. S’il fallait, à chaque fois, appliquer ce raisonnement extrémiste et bancal, le dispositif politique actuel du Sénégal serait autre que ce qu’il est aujourd’hui. Mais l’absence de commentaire de cette sortie du Maire de Kafrine en dit long sur la nécessité de pardonner certaines postures qui relèvent plutôt d’un sérieux manque de moyens intellectuels à la hauteur de l’exercice auquel il veut s’adonner. Quant à l’héritier du fsd/bj, le maire de Ndar, il ignore qu’un Maire est le premier magistrat de sa Commune. Il est dans ses prérogatives de mettre un dispositif sécuritaire afin de parer à des éventualités comme celle qui prévaut dans l’affaire Dias. Mais lorsqu’on n’a pas appris son métier, lorsque l’adhésion politique est la fin ultime de tous ses actes, voilà les dérives auxquelles on s’expose et les postures irresponsables qu’on peut avoir à leur égard : « c’est la raison pour laquelle, je comprends parfaitement la réaction de Barthélémy Dias et je suis aussi totalement solidaire parce qu’il est maire d’une commune, responsable des citoyens ». Ainsi parla le Maire de Saint-Louis. En fait, pour lui, un Maire en danger doit pouvoir tuer les citoyens qu’il est censé protéger. Aucune forme d’intelligence pour éviter la mort. Le corporatisme municipal peut-il ainsi être au-dessus des lois ? Et Ndiaga Diouf, n’est-il pas un citoyen ? Est-il infaillible ? Et l’équité de jugement dans tout ça ? Depuis quand la nuque d’un individu se trouve-t-elle à son front ? Quand on offre sa nuque n’est pas là qu’on est entrain de fuir ?
La voix d’une ambition présidentielle
S’il faut espérer une « réparation » de la République par les candidats qui la jugent « abîmée », autant attendre qu’on vous offre une calebasse de lait venant des mamelles d’une lionne stérile. S’il doit y avoir un indicateur par lequel il juger de la régression de la démocratie sénégalaise, et partant de la République, il faut le chercher du côté des discours de ceux qui prétendent diriger les plus de douze millions de citoyens que compte le Sénégal. « "Le premier responsable de ces évènements est le ministre de l'Intérieur"/"La République est tellement abîmée que la police n'est plus en mesure de prévoir des évènements de cette nature. La police présente sur les lieux a été incapable d'empêcher le drame qui a eu lieu. Si on était dans une République organisée, le ministre de l'Intérieur aurait dû présenter sa démission et partir" ». Ainsi parla le candidat de Benno Alternative. Pourtant, pour ceux qui ont une mémoire, les événements ont été plus graves, à un moment donné de l’histoire, sans que de tels avis soient avancés. Mais c’est comme ça ; il y en a qui parlent, croyant que l’histoire commence à la seconde où on leur tend le micro. Cette attitude n’est malheureusement pas surprenante pour ceux qui l’ont vu défendre mordicus Idrissa Seck, jusque dans les amphis de Paris, raconte-on. Ce sont plutôt les postures de ce genre qui ont « abîmé » la République ; celle du tout-masque et du tout-politique.
Et encore des visages masqués
La République du Sénégal n’a que 51 ans. C’est peu. Elle n’a même pas l’équivalent de l’espérance de vie dans un PPTE. Mais le Sénégal est un des pays où on fait plus de politique et où les choses n’avancent jamais à la mesure du boucan avec lequel les politiciens s’activent. Tant qu’une affaire ne concerne pas directement un acteur politique, sa posture demeurera toujours politicienne. Pourtant, dans la Nation sénégalaise dont découle sa République, il était presque impossible d’avoir les positions qu’on voit aujourd’hui. Chacun veut être dirigent, chacun veut être riche, mais peu se donnent l’honneur et la rigueur de travailler pour. Il y a seulement 50 ans, on n’avait pas besoin de demander la parole dans une Assemblée ou lorsqu’on drame advenait. Il y avait des gens dont les qualités faisaient d’eux des voix autorisées. Mêmes ceux qui n’avaient pas ce privilège étaient fiers dans le statut qui était le leur. Et ainsi, la société était équilibrée. Mais aujourd’hui, chacun y va de son masque. Le masque est nécessaire dans la vie, mais s’il a pour fin de nuire ou de déposséder tout un peuple au profit d’arrivistes hors classe, il devient un fléau. C’est honteux de prostituer l’affaire Ndiaga Diouf. Un citoyen faible car sans travail, appâté certainement par des arrivistes et abattu froidement par un poltron masqué alors qu’il s’enfuyait, est abandonné à sa seule famille. Pourtant, cet homme armé d’un jour, en tant que fait, n’est rien par rapport à la multitude de personnes érigées en corporations officieuses armées et même habillées selon le goût de leur chef. Il faut se prononcer sur le phénomène de la prostitution de la pauvreté des citoyens. À défaut de pouvoir donner du travail à chacun, il faut au moins combattre de manière responsable ceux qui exploitent honteusement l’ignorance et la pauvreté des citoyens en les exposants à toutes les dérives. Un crime peut être un accident et cela peut arriver à tout le monde dans les deux sens. Mais s’il faut s’y prononcer, à défaut de pouvoir avoir raison, il faut chercher à être honnête et juste ou sinon mieux vaut se taire. Il vaut mieux un silence coupable qu’un bavardage condamnable.
Assalma Koor DIOUF
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