L'Egypte en état d'alerte après l'attaque de l'ambassade d'Israël

Des forces de l'armée et de la police étaient déployées en masse samedi devant l'ambassade d'Israël au Caire, au lendemain d'une attaque d'une violence sans précédent lancée par des manifestants égyptiens contre la chancellerie.


L'ambassadeur israélien, Yitzhak Levanon, s'est envolé tôt samedi du Caire avec son escorte pour rentrer en Israël. C'est le numéro deux de l'ambassade qui y restera, selon un haut responsable gouvernemental israélien.

Une "grande inquiétude"
Le président américain Barack Obama a exprimé sa "grande inquiétude" et sommé les autorités égyptiennes de protéger l'ambassade, alors que le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a téléphoné au secrétaire américain à la Défense Leon Penetta pour exiger la protection de la représentation.

Le bâtiment abritant l'ambassade d'Israël, symbole de la paix conclue en 1979 entre les deux pays mais qui cristallise aussi la colère d'une partie de l'opinion égyptienne, a été envahi vendredi par un millier de manifestants égyptiens qui ont jeté des documents et retiré le drapeau israélien.

Les manifestants, armés de marteaux, de barres de fer et de cordes avaient au préalable fait tomber un mur de protection érigé ces derniers jours par les autorités égyptiennes devant la mission située en haut d'un immeuble d'une vingtaine d'étages.

Ils se sont ensuite battus toute la nuit avec les policiers appelés en renfort pour les disperser. Près de 450 personnes ont été blessées, la plupart légèrement, selon le ministère de la Santé. L'un des blessés a cependant succombé à une crise cardiaque.

Samedi matin, les stigmates des affrontements étaient toujours visibles dans les rues jonchées de pierres et de bris de verre, selon une journaliste de l'AFP.

Mobilisation générale
Des véhicules blindés étaient déployés devant l'ambassade et une trentaine de véhicules des forces anti-émeutes postés aux alentours et près du commissariat proche dans le quartier de Guizeh.

Néanmoins, la circulation était quasi-normale, seules certaines rues menant à l'ambassade étant fermées, et aucun manifestant n'était visible dans le secteur.

Le ministère égyptien de l'Intérieur a proclamé la mobilisation générale, en annulant les permissions des policiers, et le Premier ministre Essam Charaf a convoqué une réunion de la cellule de crise du gouvernement dans la journée.

Selon le site internet du journal gouvernemental égyptien al-Ahram, le gouvernement Charaf a l'intention de présenter sa démission "pour ne pas avoir pu contenir les conséquences" des manifestations pro-démocratie de vendredi.

L'attaque s'est en effet produite après un rassemblement sur la grande place Tahrir au Caire pour réclamer davantage de réformes et de démocratie, sept mois après la chute du régime du président Hosni Moubarak et la prise du pouvoir par l'armée.

"Un coup douloureux à la paix"
A Jérusalem, un haut responsable gouvernemental a qualifié l'attaque de "coup douloureux à la paix et de grave violation des normes diplomatiques".

Selon lui, au cours de l'attaque, des commandos égyptiens ont sauvé six Israéliens. "Six personnes étaient piégées dans l'ambassade et il y avait une réelle inquiétude pour leur vie. Finalement elles ont été secourues avec succès par des commandos égyptiens". Selon la radio publique, il s'agissait d'agents de la sécurité qui sont rentrés en Israël.

"Tout notre personnel est sain et sauf", a dit le responsable. C'est la première fois que l'ambassade d'Israël est attaquée avec une telle violence depuis la signature de la paix entre les deux pays.

Les relations entre Israël et l'Egypte, premier pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec l'Etat hébreu, traversaient déjà une crise très sérieuse après la mort de cinq policiers égyptiens tués le 18 août alors que les forces israéliennes poursuivaient des auteurs présumés d'attaques dans le secteur d'Eilat, près de la frontière avec l'Egypte. (belga)
Samedi 10 Septembre 2011