Pour plusieurs femmes, Gnagna Fall Ba est une icône au Fouladou, voire un modèle d’émancipation féminin. Elle a été l’une des rares femmes en son temps, à s’intéresser à la politique dominée par les hommes. En compagnie de son défunt mari Tidiane Ba du parti socialiste et ex adjoint au maire de Kolda, elle a su surmonter beaucoup d’obstacles pour le bonheur des femmes aujourd’hui. Elle a accompagné tous les régimes qui se sont succédé dans notre pays notamment le PS, le PDS et l’actuel APR. C’est pourquoi dans le combat pour le développement du Fouladou, nous avons choisi de nous arrêter sur Gnagna Fall, cette dame de plus de 70 ans au service des communautés. Et dans cette dynamique, cette femme battante n’est plus à présenter à Kolda.
Enseignante de formation, elle a eu à former plusieurs générations devenues aujourd’hui des cadres dans ce pays. Et d’ailleurs, si certains koldois ont réussi à l’école c’est grâce à elle. Et pour y arriver, elle a su transcender beaucoup de préjugés sociaux. C’est pourquoi par le biais de l’école, elle a pu donner la chance à tous les enfants. Et aujourd’hui encore à la retraite, elle continue de pousser surtout les jeunes filles à étudier. C’est pourquoi à chaque occasion dans les écoles, elle est présentée comme un modèle de réussite pour pousser les filles à continuer les enseignements-apprentissages. Elle est dans tous les combats pour le développement de Kolda en l’occurrence sociaux, économiques et religieux. Cette dame dont la maison ne désemplit pas ne ménage aucun effort pour soutenir son prochain. Et dans cette optique, des témoignages unanimes sur sa modeste personne fusent de partout.
Depuis 1974, elle s’est investie dans le social en assistant les autres. C’est ainsi qu’à chaque fête de Tabaski ou Korité elle habille plus de mille enfants issus de couches vulnérables. Et mieux, elle assiste financièrement plusieurs familles défavorisées afin de ne pas sentir un vide lors de ces évènements religieux. Dans une discrétion totale, nous a confié une dame. « À chaque Tabaski, elle distribue dans la sobriété des moutons à des pères de famille sans rien attendre en retour. Souvent, elle ne les connait même pas. » C’est ce qui fait dire à plusieurs de ses consœurs qu’elle est « un homme » signifiant littéralement en wolof « djiguène diou meune goor ».
Dans son combat pour l’émancipation des femmes du Fouladou, elle aura réussi à faire de cette question une réalité. En ce sens, on peut noter la formation, la transformation des produits locaux, la reconnaissance juridique de groupements féminins. S’il y a une certaine conscientisation sur les capacités de la femme dans la région, c’est grâce à elle. Toutes les femmes de Kolda connaissent le nom de Gnagna Fall devenue une source d’inspiration et de motivation pour celles-ci. C’est une figure de l’émancipation de la gente féminine au Fouladou. C’est dans ce cadre qu’elle continue de lutter contre l’excision, les grossesses et mariages précoces et les violences basées sur le genre en général. D’ailleurs, récemment invitée du collège Bouna Kane, elle n’a pas manqué d’inciter les élèves à avoir l’amour des études.
Retour sur son livre « le petit carnet d’une colombe » où elle retrace la force de la femme dans la vie des hommes. Ainsi à travers son histoire, elle montre la souffrance de toutes les femmes à la perte d’un « être cher ». Mais également, qu’il faut se « relever » quel que soit l’obstacle pour continuer le combat. Cela montre à quel point cette femme est déterminée à relever les défis sociaux. Et en liant le spirituel et la sagesse, elle appelle les femmes à ne pas baisser les bras, car tant qu’il y a vie, il y a espoir.
Malgré son âge, elle tient à rappeler à toutes les générations les questions de principe qui régissent la société comme la dignité, la loyauté entre autres...