KOLDA : Babacar Sy (inspecteur du travail et de la sécurité sociale) adresse une lettre ouverte au président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye


Ma conviction profonde, Monsieur le Président de la République,

Je commencerai par vous féliciter de cette auguste victoire qui n’a d’égale que l’espoir porté sur votre Projet.

Cette victoire  des grandes soirées électorales, merveilleusement sénégalaises, est porteuse de stabilité sociale et de relance économique.

 

Cela  polit davantage notre image, pour maintenir encore cette place envieuse sur le continent africain ; le Sénégal est l’un des rares pays ayant réussi plusieurs fois la transition démocratique et par cette occasion, générationnelle. Ce qui démontre que ce pays est constitué d’hommes et de femmes de grande envergure.

 Seulement, je suis plus penché à prier pour la réussite de cette lourde et délicate mission, soutenue par l’espoir de tout une jeunesse  mais aussi de tout une génération, plutôt qu’à m’épancher davantage sur ce triomphe éclatant et historique.

 

Au regard du chemin parcouru, des péripéties surmontées au prix de la sueur, des larmes et du sang, la charge semble délicate voire difficile mais pas impossible du fait de la volonté manifeste des concitoyens à vous accompagner sur la voie du changement, de la droiture, de la probité en sus du mérite.

 

Le Sénégal a manifestement opté pour le règne de la compétence, de la transparence ainsi que de la justice. Ce pays est habité par des  hommes et femmes parés de valeurs inestimables, animés d’un esprit de transparence, de justice et de progrès.

 

Monsieur le Président de la République, la tâche est difficile mais pas impossible.

 

Difficile eu égard à nos moyens financiers limités, difficile parce que nous  sommes au sein d’un cadre harmonisé des finances publiques, dans lequel les pays membres sont généralement en proie à de secousses politiques, accentués  par des divergences de vue sur l’avenir de la monnaie ;

 Difficile enfin, car nous avons longtemps obéi à des forces endogènes pas toujours propices à une justice équitable mais aussi et surtout à d’autres,  plutôt exogènes, tapies dans l’ombre pour  un partenariat très déséquilibré à la limite léonin voire indécent ;

 

Par ailleurs, cette  mission n’est pas impossible monsieur le Président de la République, le Sénégal regorge d’hommes  et de femmes de votre génération, trempés de vertus, pétris de talents et d’expériences aux fins de  surmonter les défis.

Son Excellence Monsieur le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, la tâche est loin d’être  insurmontable car notre cher pays le Sénégal est doté par la nature, d océan, et de fleuves, de la terre cultivable à suffisance, une jeunesse apte, du soleil sans passer sous silence son sous-sol suscitant la convoitise. A ce titre, il va juste falloir  rehausser les manches en s’y mettant avec fermeté,  rigueur dans le souci de répondre aux exigences légitimes du Peuple sénégalais.

 

Monsieur le Président de la République ma conviction profonde de la priorité c’est la terre : une agriculture différente de celle faite sur la vallée du fleuve Sénégal, par laquelle les Sénégalais  sont réduits à de  simples ouvriers agricoles.

 

Ladite agriculture qui dilapide des centaines de milliers d’hectares de terre arables au profit des multinationales  au franc symbolique, pouvant éventuellement provoquer une dégradation des sols,  sous-sols et de l’environnement en général, en raison  des produits phytosanitaires utilisés à outrance.

 

Sous le prétexte de la priorité agricole, le régime  d’alors, a   octroyé d’énormes avantages (fiscaux douaniers même sociaux) aux acteurs concernés, oui l’agriculture est prioritaire mais ne doit pas l’être au détriment du Peuple sénégalais.

 

Cette agriculture dont les productions sont généralement, directement acheminées à l’étranger sans aucune retombées significatives sur notre économie ne peut plus prospérer.

 

Monsieur le Président de la République, je persiste, la priorité est dans l’agriculture. Des projets nous en avons dans le passé, seulement  nous avons péché dans la mise en œuvre, les agropoles sont morts nés et le Prodac oscille dangereusement  entre les mains  inexpertes de leur gestionnaire.

 

Monsieur le Président de la République, une agriculture réussie désengorge les grandes villes et apaise le panier de la ménagère tout en nous faisant économiser sur les devises déployées pour l’achat des  denrées sans oublier les emplois crées.

 

Seulement, je ne parle pas de l’Agriculture des « paysans du dimanche » mais de tous  les paysans, elle se développe par les grandes masses.

Monsieur le Président de la République, il nous faut  des partenariats pour la mise en place des usines de fabrique d’engrais et de machines agricoles avec transfert de compétence à la main d’œuvre locale.

 

Monsieur le Président de la République, pas forcément pour la fabrique de  tracteurs batteuses ou moissonneuses à l’instar de l’agriculture moderne de l’instant T occidental, mais plutôt  pour la fabrication de  matériels agricoles techniquement utilisables et financièrement accessibles, équivalant  aux prix d’un âne, d’un cheval ou d’une vache.

En dépit du bruit autour de la politique agricole piloté par  de grands expert bardés de diplômes des grandes universités occidentales ; en 2024 le constant est là, notre  agriculture, pour l’essentiel,  est tirée par des animaux. En effet, l’on n’est pas aussi développé que les premiers hommes sur terre qui utilisaient quasiment les mêmes instruments  de culture.

 

Monsieur le Président de la République, il découle de tout ce qui précède que  l’exemple illustrant de l’échec de la politique agricole s’analyse par le parking des tracteurs subventionnés ainsi que son utilisation pour le transport du sable du béton destiné à la construction, car hors de portée des paysans .

 

Monsieur le Président de la République, mon autre préoccupation s’intéresse à la question de l’emploi. Ce dernier  ne pourra être solutionné que par la transformation drastique de notre économie.

 

L’emploi n’est pas un article bien rangé dans un rayon d’un super marché ou l’Etat vient acheter au profit des demandeurs. Comme  ce fut le cas des emplois générés par le projet Xeyu Ndaw Ni, ceux de la société nationale de gestion intégrée des déchets (Sonaged)  ou les faux prestataires des fonds d’entretien routier autonome( Fera)  qui ont été tous  conçu aux antipodes des  dispositions prévues par le code du Travail.

 

Son excellence Monsieur le Président, la politique de l’emploi  passe aussi par la lutte contre la précarité, elle est en grande partie, installée par le recours fréquent et  illégal à l’intérim sous un regard impuissant de l’Administration, même les plus grandes entreprises aujourd’hui s’y prêtent au grand dam du travail décent.

 

La faiblesse des sanctions détenues par l’administration propulse la gravité de la précarité sous nos cieux, hantant désespérément aujourd’hui,  le sommeil des jeunes travailleurs.

 

Excellence, je  rêve d’une politique de l’emploi ou l’Etat ne viole pas son propre code du travail sous le regard impuissant de l’inspecteur du travail.

En vous priant d’agréez nos humbles félicitations et  souhaits les plus profonds et sincères Monsieur le Président de la République, veuillez recevoir l’expression de ma très haute considération.

Samedi 6 Avril 2024
Madou Diallo