KOLDA : À la découverte de deux champions de la construction citoyenne et du leadership des jeunes filles (Babacar Sy/CCA et Djiby Guissé/IME)


À l’heure actuelle, la perte des valeurs éducatives est devenue récurrente au sein des sociétés, avec ses conséquences notamment les violences, les viols, les meurtres. À cela, il faut ajouter les grossesses et mariages précoces, les violences physiques et morales, la prolifération des drogues, le tabagisme, et l’alcoolisme en milieu juvénile. 
C’est fort de ces constats alarmants que Babacar Sy, coordonnateur du Centre Conseil Ado et Djiby Guissé, chef du service de l’inspection médicale des écoles, ont décidé de prendre le taureau par les cornes en sensibilisant les jeunes. C’est ainsi qu’en 2014 est né le « new deal » pour préserver la santé reproductive et libérer le potentiel des jeunes filles. À ce titre, ce « new deal » est un pacte communautaire consistant pour la jeune fille à pas ne tomber enceinte ou être donnée en mariage avant 18 ans tout en poursuivant ses études.
 
À travers cette astuce, le duo déconstruit le complexe chez les jeunes afin de leur faire comprendre que le statut social ne détermine pas la réussite de l’individu. C’est pourquoi, aujourd’hui plus de 2. 000 filles ont été initiées à ce concept aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Et cela a permis de comprendre les enjeux de développement durable via la construction citoyenne adossée sur une éducation de qualité.
 
Dans cette dynamique, Babacar et Djiby ont joué un grand rôle dans l’éducation des filles à travers l’adoption d’un comportement responsable. En ce sens, réunies autour de 108 clubs, les jeunes filles ont été sensibilisées sur les valeurs saines pour une société épanouie. D’ailleurs, ces clubs sont installés dans la région voire dans les coins les plus reculés.
 
C’est grâce aux clubs que les jeunes filles ont pris conscience de leurs potentialités via un leadership pour réussir. Par exemple, à Coumbacar commune frontalière à la Guinée Bissau située à plus de 80 kilomètres au sud de Kolda, les jeunes sont formées sur leur potentiel, les risques liés aux mariages et grossesses précoces dans leur centre réhabilité. Dans cette commune, il était impensable de réaliser de telles prouesses vu son enclavement et ses préjugés sociaux. Mais, grâce à ce centre, les filles ont pu surmonter les réalités culturelles comme l’excision mais aussi dénoncer les viols avec un recul des grossesses et mariages précoces.
 
Comme l’appellent affectueusement les jeunes filles, « Padre » Babacar Sy soutient toujours que la discipline et l’éducation rigoureuse sont les bases d’intégration de nos clubs. Dans la foulée, il précise « aucune fille des clubs n’est tombée enceinte ou donnée en mariage avant l’âge. D’ailleurs, elles ont pratiquement toutes réussi à leurs examens avec des satisfactions inespérées de notre part et de celle des parents… »
 
Étant une pièce incontournable du puzzle, Djiby Guissé au-delà de la santé, joue un rôle communautaire important. En ce sens, il assure le volet sanitaire notamment de la santé sexuelle et reproductive pour sensibiliser les jeunes sur les risques. C’est un duo complémentaire qui demeure une solution pour les nombreux jeunes dont l’espoir est de réussir dans la vie.
 
À cela, il faut ajouter que ces deux ont permis de tirer plusieurs jeunes filles des violences basées sur le genre, des mutilations génitales féminines par la sensibilisation. Cependant, il faut noter que l’approche « ne pas nuire » a été fructueuse pour l’abandon des pratiques de l’excision. D’ailleurs, les témoignages des victimes de ces cas n’en finissent pas et restent très émouvants...
Vendredi 10 Janvier 2025
Madou Diallo