En effet, la mobilité urbaine est une question que j’examine depuis des années et sur laquelle je fais des recherches poussées du fait de ma double appartenance académique à la sociologie et à la science du tourisme. Ainsi, ai-je présenté dans une conférence international à Darmstadt, en Allemagne, une réflexion intitulée « Developing Urban Mass Transportation System in the third world:
TOP BUS as a generator of ease of urban mobility in Dakar ». Cette réflexion examine et propose un système de bus ayant le même profil qu’un système de tram ou de métro. C’est fort de ce background que j’examine la proposition du président de la république à relancer le projet de tramway Dakar-banlieue, couplé au projet de train rapide Dakar-Aéroport International Blaise Diagne.
L’idée est fondamentalement bonne puisqu’elle cherche à améliorer la mobilité des dakarois mais elle n’est ni pratique, ni efficace encore moins pertinente. Encore une fois, je ne critique pas la vision du président de la république, loin s’en faut. La vision en soi n’est rien d’autre qu’une mobilité urbaine améliorée. Toutefois, je suis foncièrement contre l’option prise pour la réaliser ; ce serait à mon avis une grosse perte de temps et une utilisation non-pertinente de nos ressources. Pour aider le président à améliorer notre système de transport, on doit lui proposer des projets efficaces, pertinents, pratiques et peu coûteux ; le tram n’en est pas un. On a construit un tunnel à Soumbedioune qui n’a aucun sens, aucune pertinence, qui est complètement ridicule et dont la manne financière utilisée pourrait servir à bien d’autres choses à la fois plus urgentes et plus utiles. On ne répétera pas les mêmes erreurs.
Dakar peut avoir de belles infrastructures de transport à l’instar des grandes villes du monde mais aucune étape ne doit être brulée. Il faut alors commencer par le commencement et le reste viendra tout seul ; en d’autres termes, il faut asseoir un système de transport qui, fort de ses performances, va financer son propre développement. Comme je l’ai dit plus haut, dans un de mes travaux académiques, j’ai exposé et défendu un systeme de bus pour Dakar qui doit forcément consacrer le développement de son transport. Ma proposition part du principe selon lequel tous les pays ont besoin de transport rapide de masse mais n’ont pas les mêmes moyens et le même rythme d’y accéder. Aujourd’hui le développement des systèmes de transport est tel qu’il renforce le décor urbain et embellit certaines villes ou encore devient de plus en plus high-tech dans d’autres ; des tramways ultramodernes des villes européennes au système de train monorail sans pilote suspendu à l’air dans les villes japonaises, il faut dire qu’un travail de longue haleine a été fait, sans faille aucune et dont nulle étape n’a été négligée.
Je partage avec le président de la république cette volonté de développer un système de transport rapide de masse mais je l’invite à ne pas commencer par un system de train, qu’il soit léger (LRT) ou lourd (HRP). Notre pays a bien besoin d’un système de transit rapide car Dakar a 3 millions d’habitants (ce qui pourrait équivaloir à 3 lignes de métro) mais nous n’avons aucun acquis tant sur le plan de l’aménagement que sur le plan des infrastructures urbaines. Le tram fait partie des systèmes de transport rapide (light rapid transit), est moins cher qu’un system de métro mais reste excessivement coûteux pour nos pays qui tardent toujours à gérer certains préalables.
Les coûts d’un tram sont exorbitants et vont entrainer un bouleversement urbain extraordinaire, sans compter les effets négatifs sur l’environnement au cas où on l’aurait implanté sans électricité ; nul besoin de dire qu’on n’a pas encore réglé le problème énergétique requis. Avons-nous vraiment les moyens de cette politique ? je donne ma langue aux chats.
Toujours est-il qu’un système de tram mobilise 3 phases aussi longues les unes que les autres, aussi coûteuses les unes que les autres. Il faudra plusieurs années d’étude, plusieurs années pour son implantation et plusieurs années pour son opérationnalisation. Beaucoup de grandes villes se sont confrontées aux mêmes problèmes de mobilité que Dakar ; les plus développées s’en sont sorties en renforçant et modernisant leur système de train (métro, tram, monorail, etc.). Et pour beaucoup d’entre elles, les systèmes de train aussi rapides et aussi intelligents qu’ils puissent être ne suffisaient pas à régler leurs problèmes de mobilité du fait de leur inflexibilité. Elles ont, pour la plupart, opté pour le système Bus Rapid Transit (BRT) ou Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) ou encore Bus sur site propre, certains ont choisi aussi le Bus way.
Cette option me semble la plus pertinente pour Dakar puisque la plupart des pays en développement ont abandonné les idées coûteuses de métro et de tram au profit des BRT. Ces villes, toutes aussi réalistes, se sont dit que le système de rail et du transport intelligent demande un travail de longue durée avec des effets financiers incontrôlés. Ainsi, donc, la ville de Curtiba au Brésil aura inventé ce système de bus qui à complètement changé son environnement urbain et a complètement décongestionné le trafic routier. A la suite de cette ville brésilienne, la Colombie en a jusque là fait l’expérience la plus intéressante. C’est après un projet de tram et de métro que la mairie de Bogota s’est rendu compte du coût exorbitant que cela occasionne ; le maire de la ville de Bogota (la capitale colombienne), alors très clairvoyant, a opté pour le système BRT dont l’implantation et l’opération sont devenues l’exemple le plus réussi. Aujourd’hui, le transmilenio (du nom de ce système de bus colombien) est la fierté de toute la Colombie ; il est imité à travers le monde entier et en ce moment, plus de 100 projets de BRT sont en cours aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.
Ceci m’a poussé, après beaucoup de recherches, à proposer à la conférence de Darmstadt un système de bus que j’ai appelé TOP Bus. De quoi s’agit-il en effet?
TOP bus dont l’acronyme pourrait signifier Très Opératoire et Performant Bus (TOP Bus) a pour objectif de redéfinir sous une nouvelle approche le système BRT. C’est en effet une nouvelle génération de BRT ou de BHNS tel que conçu à Bogota ou ailleurs avec des infrastructures calquées sur les systèmes de tram et de métro. Il sera donc un système de bus urbain de haute qualité ayant la capacité d’un tram. C’est en d’autres mots, un système de bus qui imite les systèmes du tram et du métro. Les véhicules de TOP Bus vont alors rouler sur des sites propres ou des lignes exclusives (qu’ils ne partageront donc avec aucun autre véhicule) leur permettant de gagner du temps. Leurs stations imitant toujours le métro et le tram doivent être très confortables, spacieux et modernes. Tel le métro, le passager payera son ticket avant d’entrer dans le véhicule ce qui évitera les retards.
TOP Bus devra aussi assurer un service fréquent avec des variations (local, expresse, super-expresse, spécial-expresse). Ce type de système de transit rapide combine une technologie avancée, des lignes exclusives pour les véhicules, avec des standards de véhicule marque déposée bien pensés et bien conçus bref, TOP bus va redéfinir une nouvelle image de qualité pour le bus.
Le Sénégal, avec ses fils, est en mesure de penser et de concevoir un tel système dont le coût est de très loin moins élevé qu’un tram et dont la durée de conception sera elle aussi de loin plus rapide (18 mois selon les experts). Ce système de bus sera de toutes les façons plus flexibles qu’un tram et donc plus accessible mais aussi aura les mêmes capacités de chargement qu’un tram.
Son efficacité, sa rapidité, sa propreté, son confort et sa belle image feront que même les propriétaires de voiture individuelle sortiront de leurs vehicules pour emprunter ce système de transport public ainsi, le trafic à Dakar ne s’en portera que mieux. Son effet sur le paysage urbain et la beauté urbaine seront assurée. Et pour le réaliser, l’Etat du Sénégal peut mettre à jour l’étude de préfaisabilité qui a déjà été faite sur le BRT à Dakar depuis janvier 2004 par l’Institut de développement et des politiques de transport (français ?). Cette étude qui dort dans les tiroirs de la république peut être une base solide pour le démarrage d’une étude de faisabilité de ce système ainsi proposé.
Aussi performent, moins coûteux, plus flexible, dont la conception/opération est plus rapide que le tram, j’invite le chef de l’état à opter plutôt pour un système de BRT.
Dr. Papa Elimane FAYE
PhD en science du tourisme
Nagano/Japon
pefbiz@gmail.com
TOP BUS as a generator of ease of urban mobility in Dakar ». Cette réflexion examine et propose un système de bus ayant le même profil qu’un système de tram ou de métro. C’est fort de ce background que j’examine la proposition du président de la république à relancer le projet de tramway Dakar-banlieue, couplé au projet de train rapide Dakar-Aéroport International Blaise Diagne.
L’idée est fondamentalement bonne puisqu’elle cherche à améliorer la mobilité des dakarois mais elle n’est ni pratique, ni efficace encore moins pertinente. Encore une fois, je ne critique pas la vision du président de la république, loin s’en faut. La vision en soi n’est rien d’autre qu’une mobilité urbaine améliorée. Toutefois, je suis foncièrement contre l’option prise pour la réaliser ; ce serait à mon avis une grosse perte de temps et une utilisation non-pertinente de nos ressources. Pour aider le président à améliorer notre système de transport, on doit lui proposer des projets efficaces, pertinents, pratiques et peu coûteux ; le tram n’en est pas un. On a construit un tunnel à Soumbedioune qui n’a aucun sens, aucune pertinence, qui est complètement ridicule et dont la manne financière utilisée pourrait servir à bien d’autres choses à la fois plus urgentes et plus utiles. On ne répétera pas les mêmes erreurs.
Dakar peut avoir de belles infrastructures de transport à l’instar des grandes villes du monde mais aucune étape ne doit être brulée. Il faut alors commencer par le commencement et le reste viendra tout seul ; en d’autres termes, il faut asseoir un système de transport qui, fort de ses performances, va financer son propre développement. Comme je l’ai dit plus haut, dans un de mes travaux académiques, j’ai exposé et défendu un systeme de bus pour Dakar qui doit forcément consacrer le développement de son transport. Ma proposition part du principe selon lequel tous les pays ont besoin de transport rapide de masse mais n’ont pas les mêmes moyens et le même rythme d’y accéder. Aujourd’hui le développement des systèmes de transport est tel qu’il renforce le décor urbain et embellit certaines villes ou encore devient de plus en plus high-tech dans d’autres ; des tramways ultramodernes des villes européennes au système de train monorail sans pilote suspendu à l’air dans les villes japonaises, il faut dire qu’un travail de longue haleine a été fait, sans faille aucune et dont nulle étape n’a été négligée.
Je partage avec le président de la république cette volonté de développer un système de transport rapide de masse mais je l’invite à ne pas commencer par un system de train, qu’il soit léger (LRT) ou lourd (HRP). Notre pays a bien besoin d’un système de transit rapide car Dakar a 3 millions d’habitants (ce qui pourrait équivaloir à 3 lignes de métro) mais nous n’avons aucun acquis tant sur le plan de l’aménagement que sur le plan des infrastructures urbaines. Le tram fait partie des systèmes de transport rapide (light rapid transit), est moins cher qu’un system de métro mais reste excessivement coûteux pour nos pays qui tardent toujours à gérer certains préalables.
Les coûts d’un tram sont exorbitants et vont entrainer un bouleversement urbain extraordinaire, sans compter les effets négatifs sur l’environnement au cas où on l’aurait implanté sans électricité ; nul besoin de dire qu’on n’a pas encore réglé le problème énergétique requis. Avons-nous vraiment les moyens de cette politique ? je donne ma langue aux chats.
Toujours est-il qu’un système de tram mobilise 3 phases aussi longues les unes que les autres, aussi coûteuses les unes que les autres. Il faudra plusieurs années d’étude, plusieurs années pour son implantation et plusieurs années pour son opérationnalisation. Beaucoup de grandes villes se sont confrontées aux mêmes problèmes de mobilité que Dakar ; les plus développées s’en sont sorties en renforçant et modernisant leur système de train (métro, tram, monorail, etc.). Et pour beaucoup d’entre elles, les systèmes de train aussi rapides et aussi intelligents qu’ils puissent être ne suffisaient pas à régler leurs problèmes de mobilité du fait de leur inflexibilité. Elles ont, pour la plupart, opté pour le système Bus Rapid Transit (BRT) ou Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) ou encore Bus sur site propre, certains ont choisi aussi le Bus way.
Cette option me semble la plus pertinente pour Dakar puisque la plupart des pays en développement ont abandonné les idées coûteuses de métro et de tram au profit des BRT. Ces villes, toutes aussi réalistes, se sont dit que le système de rail et du transport intelligent demande un travail de longue durée avec des effets financiers incontrôlés. Ainsi, donc, la ville de Curtiba au Brésil aura inventé ce système de bus qui à complètement changé son environnement urbain et a complètement décongestionné le trafic routier. A la suite de cette ville brésilienne, la Colombie en a jusque là fait l’expérience la plus intéressante. C’est après un projet de tram et de métro que la mairie de Bogota s’est rendu compte du coût exorbitant que cela occasionne ; le maire de la ville de Bogota (la capitale colombienne), alors très clairvoyant, a opté pour le système BRT dont l’implantation et l’opération sont devenues l’exemple le plus réussi. Aujourd’hui, le transmilenio (du nom de ce système de bus colombien) est la fierté de toute la Colombie ; il est imité à travers le monde entier et en ce moment, plus de 100 projets de BRT sont en cours aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.
Ceci m’a poussé, après beaucoup de recherches, à proposer à la conférence de Darmstadt un système de bus que j’ai appelé TOP Bus. De quoi s’agit-il en effet?
TOP bus dont l’acronyme pourrait signifier Très Opératoire et Performant Bus (TOP Bus) a pour objectif de redéfinir sous une nouvelle approche le système BRT. C’est en effet une nouvelle génération de BRT ou de BHNS tel que conçu à Bogota ou ailleurs avec des infrastructures calquées sur les systèmes de tram et de métro. Il sera donc un système de bus urbain de haute qualité ayant la capacité d’un tram. C’est en d’autres mots, un système de bus qui imite les systèmes du tram et du métro. Les véhicules de TOP Bus vont alors rouler sur des sites propres ou des lignes exclusives (qu’ils ne partageront donc avec aucun autre véhicule) leur permettant de gagner du temps. Leurs stations imitant toujours le métro et le tram doivent être très confortables, spacieux et modernes. Tel le métro, le passager payera son ticket avant d’entrer dans le véhicule ce qui évitera les retards.
TOP Bus devra aussi assurer un service fréquent avec des variations (local, expresse, super-expresse, spécial-expresse). Ce type de système de transit rapide combine une technologie avancée, des lignes exclusives pour les véhicules, avec des standards de véhicule marque déposée bien pensés et bien conçus bref, TOP bus va redéfinir une nouvelle image de qualité pour le bus.
Le Sénégal, avec ses fils, est en mesure de penser et de concevoir un tel système dont le coût est de très loin moins élevé qu’un tram et dont la durée de conception sera elle aussi de loin plus rapide (18 mois selon les experts). Ce système de bus sera de toutes les façons plus flexibles qu’un tram et donc plus accessible mais aussi aura les mêmes capacités de chargement qu’un tram.
Son efficacité, sa rapidité, sa propreté, son confort et sa belle image feront que même les propriétaires de voiture individuelle sortiront de leurs vehicules pour emprunter ce système de transport public ainsi, le trafic à Dakar ne s’en portera que mieux. Son effet sur le paysage urbain et la beauté urbaine seront assurée. Et pour le réaliser, l’Etat du Sénégal peut mettre à jour l’étude de préfaisabilité qui a déjà été faite sur le BRT à Dakar depuis janvier 2004 par l’Institut de développement et des politiques de transport (français ?). Cette étude qui dort dans les tiroirs de la république peut être une base solide pour le démarrage d’une étude de faisabilité de ce système ainsi proposé.
Aussi performent, moins coûteux, plus flexible, dont la conception/opération est plus rapide que le tram, j’invite le chef de l’état à opter plutôt pour un système de BRT.
Dr. Papa Elimane FAYE
PhD en science du tourisme
Nagano/Japon
pefbiz@gmail.com