DAKARACTU.COM Ce Monument de la Renaissance africaine est peut-être mal né. Entre les problèmes engendrés par sa gestion foncière opaque, la polémique de sa paternité, la confusion entretenue entre son coût et la pauvreté des populations environnantes, les urgences énergétiques, et son caractère artistique un peu trop coréen, il avait toutes les chances d’être le monument de la controverse. Mais il est là, et bien là, surplombant Dakar de sa masse et, n’en déplaise à certains, donnant à cette partie de la presqu’île une allure iconoclaste incomparable. Le Monument est impressionnant. On ne va pas le pousser à la mer. On ne va pas le faire fondre, ni le démonter. Il est l’objet de polémiques qui doivent se taire devant la nécessité que nous avons d’en faire quelque chose. Notre chose. Quand les Français construisaient Versailles, le peuple ne mangeait pas à sa faim. Quand Gustave Eiffel montait sa célèbre tour, Paris dans ses quartiers ne connaissait pas les salles de bains. Quand Taï Peh construisait la Pyramide du Louvre, François Mitterrand était au plus bas dans les sondages à cause d’une montée de la précarité. Donc sortons de ce débat pour dire que le Monument de la Renaissance africaine est notre chose et qu’il nous faut nous l’approprier. Les Américains noirs le visitent bien plus que nous, ils viennent par cars entiers depuis Atlanta et vantent le bien-fondé d’une telle symbolique. Certes on aurait pu s’y prendre autrement pour faire naître en nous ce sentiment qui nous pousse à y voir un fort symbole. Par exemple, faire au début du projet un concours panafricain pour le choix de la statue à déposer au sommet des Mamelles. Mais va-t-on refaire l’Histoire pour si peu ? Alors prenons cette statue comme elle est et pour ce qu’elle est. Elle est d’abord somptueuse la nuit et, surplombant la mer, elle donne une idée de majesté africaine. Ensuite, éclairée comme elle est, elle donne une lumière émouvante et propice à l’émerveillement. C’est de la belle ouvrage, on ne peut le nier. Pourquoi ne pas enseigner ses symboles qu’elle porte en elle aux élèves, aux parents et aux autres qui n’y voient qu’un amas de bronze ? Pourquoi ne pas sortir de cette stérile polémique pour se dire que c’est un symbole de renaissance et d’affirmation d’une identité noire renforcée par une toute nouvelle détermination à faire de l’homme noir du 21ème siècle un homme nouveau ? C’était le vœu des chefs d’Etat africains réunis sur son esplanade en devenir. C’était en 2002, lorsqu’ils dirent que ce devait être un symbole du renouveau africain. On ne peut pas s’émerveiller en visitant la Tour Eiffel, ou la Statue de la Liberté, et rester de marbre devant le Monument de la Renaissance éclairé et magnifié, juste parce que c’est Abdoulaye Wade qui l’a fait ériger. De nombreuses personnes y ont vécu des évènements culturels de haute facture. Durant le Fesman, de sublimes concerts des plus grands jazzmen du monde eurent lieu aux pieds du Monument de la renaissance. Les émotions que les gens y ont eues ont été fortes, dues pour beaucoup au cadre dans lequel elles ont été ressenties. On peut ressentir autant à voir Marcus Miller au pied du Monument de la Renaissance que de voir Jean Michel Jarre sous la Grande Muraille de Chine ou Johnny Hallyday sur l’esplanade de la Tour Eiffel. Alors ne boudons pas notre plaisir, il est temps de faire renaître notre Monument de la Renaissance africaine. Sans oublier le qualificatif « africaine ». Si nous ne sommes pas seuls dans le coup, nous pouvons au moins être les porteurs de cette… renaissance.
J’aime le Monument de la Renaissance africaine (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck).
Mercredi 9 Novembre 2011