M. Letta est «monté» au Quirinal, la colline où se trouve la présidence de la République, vers 12H00 GMT et, une heure plus tard, le président Giorgio Napolitano prenait «acte» de la «démission irrévocable» du gouvernement.
«Merci à tous ceux qui m’ont aidé, chaque jour comme si c’était le dernier», a tweeté le Premier ministre.
Vers 16H00 GMT, le président Giorgio Napolitano a entamé les habituelles «consultations politiques» des principaux responsables de l’Etat et des partis, en commençant par les présidents des deux chambres du parlement. Ces entretiens auxquels participeront également Matteo Renzi pour le centre gauche et Silvio Berlusconi pour le principal parti de droite, doivent se terminer samedi au plus tard, a déjà fait savoir la présidence.
Paradoxalement, M. Letta s’en va sur une bonne nouvelle pour l’économie: la sortie de la récession tant attendue après deux ans de chute ininterrompue du PIB, avec une petite croissance de 0,1% au dernier trimestre.
Même s’il n’a pas fait officiellement fait acte de candidature, son successeur probable est M. Renzi, le fringant maire de Florence qui a obtenu un vote écrasant de soutien jeudi soir sur une motion demandant d'«ouvrir une phase nouvelle avec un exécutif (un gouvernement, ndlr) nouveau».
M. Renzi qui présidait vendredi, à l’occasion de la Saint-Valentin, une cérémonie au siège de la mairie de Florence pour fêter des couples ayant atteint les 50 ans de mariage, leur a demandé de lui souhaiter bonne chance. «On en a toujours besoin», a-t-il dit. A 39 ans, il pourrait devenir le plus jeune chef d’un gouvernement en Europe.
- «Tout ne doit pas se réduire à des effets spéciaux» -
Aucun retour aux urnes n’étant prévu, il compte s’appuyer sur une majorité gauche-droite similaire à celle ayant appuyé M. Letta.
Le Corriere della Sera a reconnu au secrétaire du Parti démocrate (PD) des «talents capables de surprendre», mais, ajoutait-il, «tout ne doit pas se réduire à des effets spéciaux».
Car à part le charisme et l’énergie du maire de Florence, personne n’a expliqué pourquoi le PD avait fait tomber un gouvernement formé il y a 293 jours par son ex-numéro deux pour le remplacer par son numéro un. En outre, M. Renzi est dépourvu de toute expérience au parlement ou dans un ministère.
«Saut mortel», titrait l’hebdomadaire L’Espresso, estimant que l’audacieuse opération de M. Renzi pouvait aboutir à deux résultats : «consacrer son leadership ou réduire sa popularité en fumée».
M. Renzi a martelé devant la direction de son parti que l’Italie devait «changer d’horizon et de rythme», «sortir des marécages» et a annoncé d'«ambitieuses» réformes, se fixant comme horizon la fin de la législature en 2018.
Mais il n’a donné aucun détail sur la manière dont il comptait trouver l’argent pour relancer l’économie italienne, alléger la lourde fiscalité sur les entreprises, lutter contre un chômage record proche des 13%, et de plus de 40% chez les jeunes.
«Peu importe qui conduit la voiture. Notre problème, c’est qu’il y a des mesures à adopter immédiatement», a expliqué Paola Malabaila, qui s’est rendue à Rome pour participer à une flash mob en tant que représentante de 250 entreprises comptant 9.000 salariés dans la province d’Asti où le PIB a chuté de 5,6% depuis 2007 et la production industrielle de 20%.
La Bourse a réagi très positivement à la perspective d’un passage de témoins entre MM. Letta et Renzi, terminant en hausse de 1,62% à 20.437 points.
Et les journaux ont déjà commencé à jouer au «toto-ministres», se perdant en conjectures sur les futures personnalités du gouvernement. Pour le poste clé de l’économie, ils évoquent l’économiste Lucrezia Reichlin ou Lorenzo Bini Smaghi, ex-dirigeant de la BCE.
Les centristes de Choix civique ont déjà dit vouloir être du voyage. Tout comme les anciens proches de Silvio Berlusconi restés au gouvernement derrière la bannière du Nouveau centre droit d’Angelino Alfano.
Une fois son gouvernement formé, M. Renzi devra se présenter devant le Parlement pour un vote de confiance.