Le 2 janvier 2012, Youssou N’Dour annonçait sa candidature pour la présidence de son pays, le Sénégal, lors d’une émission diffusée par chaîne de son groupe, Futur Médias (TFM). Le décor est sobre : arrière-plan noir, Ndour porte un boubou blanc simple. Une semaine plus tard, il m’accueille chez lui dans une atmosphère détendue. Il porte un vêtement sportif qui symbolise son mouvement citoyen "Fekké ma ci boolé", dont les éléments centraux sont "être témoin" et "s’engager". Le candidat Youssou N’Dour fait de notre entretien un témoignage et sa volonté de participer aux élections est évidente.
Par Bram Posthumus, Dakar
Quand est-ce que vous avez finalement décidé de vous présenter comme candidat ?
Ndour : Pendant 30 ans, j’ai parlé avec les gouvernants par ma musique, par mes discours. Ils m’ont jamais écouté. Ensuite je suis un observateur de la scène politique sénégalaise, parce que j’habite ici. J’ai vu que la démocratie était en danger. J’ai vu aussi le désespoir de la population et je suis venu pour leur redonner espoir. Je pense que nous pouvons avancer vers un Sénégal qui prend en compte les réalités et les besoins des Sénégalais.
Les réactions à votre candidature ont été mixtes. Il y en a qui se demandent : est-ce que Youssou N’Dour se rend compte dans quel genre de jeu il s’implique ?
Ndour : Il y a un rappeur qui s’appelle Duggy Tee, qui a dit de moi : "il a le droit, il a les compétences. Mais il doit convaincre". Et moi, j’ai commencé à lancer le débat et à rassurer les gens. Maintenant : dire que la politique est faite pour certaines personnes, pour un certain style...non. Je crois tout ça est révolu.
Il y a 11 ans, Youssou NDour mettait lui aussi son espoir dans l‘Alternance, le " sopi" en Wolof, une des langues principales parlées au Sénégal. Le président, M. Abdoulaye Wade était "le pape du sopi". Mais avec le temps, l’attitude du président a évolué et Ndour se affirme maintenant être amplement déçu par le "sopi".
Ndour : Je me présente comme l’alternative. Je ne suis pas un président qui se lève et pense : bon, je suis président, il faut construire une statue qui coûte 15 milliards de francs CFA (22 millions d'euros, ndlr), sans vraiment prendre en compte les priorités d’une population qui n’a pas d’eau potable. Je veux gouverner à partir de besoins et des priorités de la population.
La statue est, bien entendu, le très controversé Monument pour la Renaissance de l’Afrique, qui surplombe les quartiers de Ouakam et voisins depuis quelques années. Construite par des Nord-Coréens et "Plus grande que la Statue de la Liberté", comme le président ne cessait pas de répéter. La statue est détestée par la majorité des Dakarois qui la regardent comme le monument pour la gloire d’un vieux chef d’Etat qui, de surcroît, veut se représenter comme candidat pour les élections pour une troisième fois. Youssou N’Dour confirme cet avis avec un discours passionné.
Ndour : Ici, nous n’avons pas un président, nous avons un roi. Et il faut que ça s’arrête. C’est troublant et inquiétant. Je suis aussi inquiété par le comportement de la communauté internationale. Je veux un message clair et j’interpelle le gouvernement néerlandais à raisonner Wade pour qu’il ne se représente pas. Peut-être est-il même otage de son camp. Il faut le sauver. Et pour le sauver il faut lui dire la vérité. Il faut dire la vérité à ce vieux qui a 87 ans qui a toujours l’idée dans sa tête de donner le pouvoir à son fils. Et ça ne passera pas !
On va dire c’est la politique intérieure (du Sénégal, ndlr). Mais tous les pays ont une constitution. Les pays ont le droit et le devoir de parler aux gens qui bafouent leur constitution et ils doivent mettre toute la pression pour que ça n’arrive pas. Peut-être que nous n’avons pas de pétrole ou de diamants, peut-être est-ce pour cela que les Pays-Bas ne disent rien. Mais le Sénégal était la vitrine de la démocratie. Géographiquement, nous sommes la porte de l’Afrique. Donc, s’il y arrive quelque chose, le président est responsable, mais la communauté internationale sera aussi pointée du doigt.
Vous n’avez pas peur de cette confrontation quasiment inévitable ?
Ndour : Mais, vous savez, ce n’est pas une confrontation. C’est quelqu’un qui veut choper les droits de tout le monde. Nous sommes dans un monde civilisé. Il est devant la majorité écrasante des 12 millions Sénégalais et il veut forcer la porte.
Donc victoire au premier tour le 26 février ?
Ndour : (vivement) Oui ! Les populations ont envie que ça change, même les gens qui travaillent dans les partis historiques veulent changer. Il faut comprendre qu’au Sénégal on a toujours interdit les sondages, d’avoir une lecture de ce que les gens pensent. Il y a beaucoup d'indécis. Et ils sont avec moi. Donc, on a la capacité de gagner au premier tour... Si!... Les règles de jeux seront respectées.
Les Sénégalais ont une culture démocratique. Si [pendant les élections] on laisse les Sénégalais travailler dans des conditions claires et nettes en coopération avec les observateurs, les médias et la société civile ici qui s’intéressent aux élections, alors nous pouvons avoir des élections irréprochables. C’est tout à fait possible.
Par Bram Posthumus, Dakar
Quand est-ce que vous avez finalement décidé de vous présenter comme candidat ?
Ndour : Pendant 30 ans, j’ai parlé avec les gouvernants par ma musique, par mes discours. Ils m’ont jamais écouté. Ensuite je suis un observateur de la scène politique sénégalaise, parce que j’habite ici. J’ai vu que la démocratie était en danger. J’ai vu aussi le désespoir de la population et je suis venu pour leur redonner espoir. Je pense que nous pouvons avancer vers un Sénégal qui prend en compte les réalités et les besoins des Sénégalais.
Les réactions à votre candidature ont été mixtes. Il y en a qui se demandent : est-ce que Youssou N’Dour se rend compte dans quel genre de jeu il s’implique ?
Ndour : Il y a un rappeur qui s’appelle Duggy Tee, qui a dit de moi : "il a le droit, il a les compétences. Mais il doit convaincre". Et moi, j’ai commencé à lancer le débat et à rassurer les gens. Maintenant : dire que la politique est faite pour certaines personnes, pour un certain style...non. Je crois tout ça est révolu.
Il y a 11 ans, Youssou NDour mettait lui aussi son espoir dans l‘Alternance, le " sopi" en Wolof, une des langues principales parlées au Sénégal. Le président, M. Abdoulaye Wade était "le pape du sopi". Mais avec le temps, l’attitude du président a évolué et Ndour se affirme maintenant être amplement déçu par le "sopi".
Ndour : Je me présente comme l’alternative. Je ne suis pas un président qui se lève et pense : bon, je suis président, il faut construire une statue qui coûte 15 milliards de francs CFA (22 millions d'euros, ndlr), sans vraiment prendre en compte les priorités d’une population qui n’a pas d’eau potable. Je veux gouverner à partir de besoins et des priorités de la population.
La statue est, bien entendu, le très controversé Monument pour la Renaissance de l’Afrique, qui surplombe les quartiers de Ouakam et voisins depuis quelques années. Construite par des Nord-Coréens et "Plus grande que la Statue de la Liberté", comme le président ne cessait pas de répéter. La statue est détestée par la majorité des Dakarois qui la regardent comme le monument pour la gloire d’un vieux chef d’Etat qui, de surcroît, veut se représenter comme candidat pour les élections pour une troisième fois. Youssou N’Dour confirme cet avis avec un discours passionné.
Ndour : Ici, nous n’avons pas un président, nous avons un roi. Et il faut que ça s’arrête. C’est troublant et inquiétant. Je suis aussi inquiété par le comportement de la communauté internationale. Je veux un message clair et j’interpelle le gouvernement néerlandais à raisonner Wade pour qu’il ne se représente pas. Peut-être est-il même otage de son camp. Il faut le sauver. Et pour le sauver il faut lui dire la vérité. Il faut dire la vérité à ce vieux qui a 87 ans qui a toujours l’idée dans sa tête de donner le pouvoir à son fils. Et ça ne passera pas !
On va dire c’est la politique intérieure (du Sénégal, ndlr). Mais tous les pays ont une constitution. Les pays ont le droit et le devoir de parler aux gens qui bafouent leur constitution et ils doivent mettre toute la pression pour que ça n’arrive pas. Peut-être que nous n’avons pas de pétrole ou de diamants, peut-être est-ce pour cela que les Pays-Bas ne disent rien. Mais le Sénégal était la vitrine de la démocratie. Géographiquement, nous sommes la porte de l’Afrique. Donc, s’il y arrive quelque chose, le président est responsable, mais la communauté internationale sera aussi pointée du doigt.
Vous n’avez pas peur de cette confrontation quasiment inévitable ?
Ndour : Mais, vous savez, ce n’est pas une confrontation. C’est quelqu’un qui veut choper les droits de tout le monde. Nous sommes dans un monde civilisé. Il est devant la majorité écrasante des 12 millions Sénégalais et il veut forcer la porte.
Donc victoire au premier tour le 26 février ?
Ndour : (vivement) Oui ! Les populations ont envie que ça change, même les gens qui travaillent dans les partis historiques veulent changer. Il faut comprendre qu’au Sénégal on a toujours interdit les sondages, d’avoir une lecture de ce que les gens pensent. Il y a beaucoup d'indécis. Et ils sont avec moi. Donc, on a la capacité de gagner au premier tour... Si!... Les règles de jeux seront respectées.
Les Sénégalais ont une culture démocratique. Si [pendant les élections] on laisse les Sénégalais travailler dans des conditions claires et nettes en coopération avec les observateurs, les médias et la société civile ici qui s’intéressent aux élections, alors nous pouvons avoir des élections irréprochables. C’est tout à fait possible.
Autres articles
-
Affaire West African Energy : Samuel Sarr placé sous mandat de dépôt
-
Communique du conseil des ministres du Mercredi 27 Novembre 2024
-
Réaction de la coordination des étudiants après la décision de fermeture du campus de l'UASZ : « Ce combat est légitime et noble ».
-
Université Assane Seck de Ziguinchor : Fermeture du campus social (CROUS/Z).
-
Affaire Jérôme Bandiaky : Perquisition dans son domicile, les enquêteurs sur la piste des trois armes saisies chez Papis Ka… Ces proches prêts à remettre les documents aux enquêteurs