Quelle est votre première réaction à chaud face aux câbles de Wikileaks qui vous citent comme source ?
Je réagis avec mépris. Mais je crois en moi et seul ALLAH est juge. Je suis quitte avec ma conscience. Je ne suis pas le genre d’homme à faire dans le déballage.
Ce n’est pas parce qu’on veut coûte que coûte faire plaisir à sa hiérarchie qu’on se permet d’écrire n’importe quoi sur n’importe qui. La recherche du sensationnel forcé nous faisait rire au tout début, mais aujourd’hui elle nous pousse à retirer de plus en plus l’admiration que nous avions de ce système.
Ceux qui me connaissent savent que je suis fidèle et loyal, et ce d’autant plus que ce que je n’ai pas eu par ma hiérarchie je ne peux pas l’avoir de cette façon.
Je ne suis pas de ceux qui s’épanchent dans la presse mais je tiens à rétablir la vérité.
Marcia Bernicat serait, à vous entendre, une affabulatrice, qui a inventé votre nom pour le citer comme source. Est-ce une ligne de défense crédible ?
Je jure avec la dernière fermeté sur la KAABA, sur le Prophète MAHOMET (PSL), que je n’ai jamais rencontré en public tout comme en privé Marcia Bernicat. Jamais alors ! Ni pour des raisons professionnelles, encore moins pour des questions personnelles.
Elle est arrivée au Sénégal mi-2007 et est restée quatre années, pour quitter en 2011. Même la relation professionnelle qui aurait pu me lier à elle n’existait plus. Mes fonctions de directeur général de l’Agence de mise en œuvre de la plateforme de Diamniadio ont pris fin exactement en décembre 2006. Aucun intérêt n’aurait pu nous lier dans les deux sens.
Avez-vous rencontré un nommé Smith, conseiller à l’ambassade des Etats-Unis, cité dans les câbles ?
ALLAH sait que jamais je n’ai rencontré un Smith de l’ambassade des Etats-Unis et je défie quiconque de prouver le contraire. Maintenant, je peux comprendre l’impératif des objectifs qu’on peut fixer aux diplomates dans l’exercice de leur mission. Et qui les pousser à inventer, à créer, à faire parler des sources pour étayer leurs mensonges, ou même à faire dire à une source ce qu’ils veulent entendre.
N’importe qui peut rapporter des propos fabriqués de toutes pièces, en les attribuant à son ennemi.
L’un dans l’autre c’est du toc. Ils ne donnent jamais leur avis. Ils ne parlent que de ce que les uns pensent des autres dans l’unique but de faire mal.
Rien ni personne ne me fera dénigrer le président de la République. Il a été l’avocat de mon oncle Joseph Mbaye, ancien ministre et compagnon politique de Mamadou Dia, au moment où tout le monde le fuyait, par peur de représailles de la part de Senghor suite aux événements de 1962. Nous avons toujours voté Wade, toute notre famille lui est redevable jamais nous ne défaillirons.
Je peux avoir un accès direct au président de la République qui est disponible pour tous les Sénégalais. Si j’ai quelque chose à dire, je le lui dis avec respect et certainement pas à un agent étranger de surcroit n’ayant aucune parcelle de pouvoir.
Êtes-vous américanophile ?
Je suis resté pendant près de quinze ans en France où je suis arrivé après mon baccalauréat pour étudier, puis pour travailler. Quand je suis rentré définitivement au Sénégal, j’avais passé la moitié de ma vie dans l’Hexagone où j’ai tous mes repères.
Je n’ai rien contre les Américains, mais je suis sénégalais et sénégalophile.
Avez-vous dit que Abdoulaye Diop est invirable parce qu’il en sait trop ?
Comment un intellectuel pourrait-il réfléchir ainsi ? Le président de la République est un homme fort. En dehors de ALLAH, il n’a peur de personne, il est entier et ne cache rien, et avec personne. Il nomme qui il veut et quand il le veut. Le ministre de l’Economie et des Finances est à son poste par la volonté du président de la République qui est satisfait du travail qu’il effectue.
Bernicat affabule-t-elle donc quand elle vous prête l’idée que Karim Wade a une influence
perverse sur son père ? Et que l’Anoci est un désastre économique et pour la crédibilité de l’Etat ?
Tout le monde sait aujourd’hui que c’est Karim Wade qu’on cherche à atteindre par tous les moyens, notamment à travers ses plus proches amis.
Mais je vais vous raconter une anecdote sur l’épaisseur de sa carapace et sa capacité à encaisser qui datent de son plus jeune âge. Un jour, nous nous sommes rendus au tout premier palais de justice sis au cap manuel pour voir l’évolution de l’affaissement de cette construction. A peine entré dans le bâtiment, je le vois avec un visage subitement grave, les yeux rouges et le regard figé. Je reviens vers lui pour voir si tout allait bien. Il me rétorque qu’il entendait encore le mot « coupable » prononcé dans ces lieux à l’encontre de son père conduit manu militari vers la fourgonnette de police pour la prison de Rebeuss. Il reconnaissait à peu près la place qu’il occupait ce jour-là. Il était le dernier à quitter la salle, amer mais déterminé. C’est le sentiment de revanche qui le pousse encore aujourd’hui à se surpasser pour obtenir de bons résultats, comme ceux dans le cadre de l’Anoci.
L’Anoci trouverait donc grâce à vos yeux…
L’Anoci a réussi des prouesses en terme de réalisations qui se poursuivent encore aujourd’hui après plusieurs années. Ces réalisations déterminent d’ailleurs l’installation de nombreux investisseurs au Sénégal. Avec son lot de retombées positives pour les Sénégalais.
Karim est mon frère et ami, il a été un collègue au cabinet du président de la République et au Conseil des ministres. Tous les techniciens objectifs reconnaissent sa capacité de travail, son désir élevé de servir le président de la République, qui en réalité le traitait moins bien que nous. Personne ne peut influencer Abdoulaye Wade. Il est généreux il laisse passer beaucoup de choses, mais c’est un homme de poigne. Il ne suit pas l’opinion il crée l’opinion.
Avez-vous sollicité auprès du conseiller de l’ambassade des Etats-Unis la nationalité américaine et des facilités pour poursuivre vos études aux Etats-Unis ?
Je n‘ai jamais sollicité ni obtenu un terrain ou de l’argent pour mon enrichissement personnel du président de la République ou des membres du gouvernement, à fortiori d’étrangers. Je n’ai aucune ambition autre que de servir le président de la République. Je n’ai jamais sollicité la possibilité de résider aux Etats-Unis. Jamais alors, ni pour des études ni pour du travail. Depuis près de 15 mois maintenant que j’ai été limogé, j’aurais pu aller les rencontrer. C’est grossier ! A ce niveau d’information, ils ne peuvent même pas savoir que je n’ai jamais étudié aux Etats-Unis avant d’évoquer l’hypothèse de retourner y étudier.
Quand ont est diplômé d’une école d’élite française, l’accès à la nationalité nous est facilitée grâce à la fameuse « immigration choisie ». Pourtant, jusque là, je ne porte que ma nationalité sénégalaise et très fièrement.
Même si vous dites ne pas les avoir tenus, ne partagez-vous pas certains propos contenus dans les câbles ?
Je ne les partage pas du tout. Je fais partie des acteurs principaux des réalisations de l’Alternance. Je suis un membre actif du Parti démocratique sénégalais. Au contraire, j’explique tout le temps avec force et conviction les grandes réalisations, jamais égalées, faites par le Président de la République et leurs retombées sur la population sénégalaise.
Propos recueillis par Cheikh Yérim Seck.