L'indophilie plonge ses racines en plein coeur de l'Afrique, notamment au Sénégal où elle est devenue au fil des ans un véritable phénomène de société. Vue à travers le prisme du Bollywood et des séries télévisées sentimentales, la culture indienne fascine, représentant une sorte de monde parallèle et exutoire, pétri des mêmes valeurs et des mêmes interdits que nombre de société africaines. Voyage au coeur l'Indafrique.
La scène pourrait être celle d’un film de Bollywood. Pieds nus, cinq danseuses se déhanchent au son d’une musique hindoue. Toutes portent des tenues indiennes, d’un violet scintillant, et leurs lèvres murmurent, en hindi, les paroles de la chanson. Les danseuses expérimentées sont sénégalaises et le show se déroule sur le toit d’une maison des Parcelles Assainies, un quartier populaire de Dakar. C’est ici que se trouve le siège de l’association « Les amis de l’Inde », créée en 1962 et qui compte 120 membres, y compris parmi la diaspora.
Les fans de la culture indienne peuvent venir y apprendre à danser mais aussi découvrir les rudiments de l’hindi. Inde, Sénégal : deux cultures à priori totalement différentes mais qui, au final, possèdent beaucoup d’atomes crochus. « Leur musique me rappelle la nôtre, et ils ont la même pudeur, la même politesse que nous », explique Mamadou Konaté, bon danseur de 41 ans qui partage sa passion avec ses parents. « Leurs histoires de famille aussi sont similaires », ajoute-t-il.
L’attrait envers les drames sentimentaux et familiaux fait le succès des films de Bollywood au Sénégal, mais aussi dans beaucoup d’autres pays africains. Une passion qui se décline désormais en de multiples « produits dérivés ». Au marché HLM, à Dakar, on trouve facilement, et en quantité industrielle, des saris, des bijoux en or plaqué, et même des bindi, ces points rouges à coller au milieu du front.
Le phénomène Vaïdehi
Preuve que cet engouement n’est pas récent, entre 1998 et 2005, Dakar organisait déjà l’élection de Miss Hindoue, où les Sénégalaises défilaient en saris. Fin janvier 2010, Vaïdehi (en photo ci-dessous, © D.R), une actrice indienne de série B, peu connue dans son pays mais dont le téléfilm a remporté un succès fulgurant en Afrique de l’Ouest, a débarqué à Dakar avec tous les honneurs. Des dizaines de milliers de fans sont venus l’acclamer à son arrivée à l’aéroport, avant qu’elle ne fasse le tour de la capitale en Hummer limousine blanc… Du jamais vu, même pour un chef d’État.
À la télévision, les émissions les plus regardées du paysage audiovisuel sénégalais sont « Allo Bombay » et « L’Inde au Sénégal », respectivement diffusées sur la 2STV et la RDV. « Les deux pays ont une culture commune, que ce soit à propos du mariage, où la mariée doit être vierge, des dépenses de la maison ou du respect des aînés », souligne Mamadou Pam, présentateur de l’émission phare de la RDV, qui parle hindi couramment.
Autre animateur vedette, Mamadou Kane de l’émission Allo Bombay parle égalemnt hindi. Tous les mercredis, de 14 à 15 heures, il évoque les acteurs indiens, leur actualité, les nouveaux films qui sont à l’affiche ou en préparation. « Si les Sénégalais aiment les films et les clips indiens, c’est parce qu’ils sont très sentimentaux », dit-il.
Prénoms de stars de Bollywood
La fascination pour la culture indienne transcende les générations. Les mordus de 15-25 ans ont eux-mêmes grandis avec des parents passionnés par les premiers films diffusés dans les cinémas sénégalais dès les années 1950. Des couples se sont formés lors des spectacles organisés par les fans club. Des enfants sont nés. Et certains d’entre eux portent même des prénoms de stars de Bollywood. C'est le cas par exemple de Hema Malini Sy, une jeune fille de 17 ans nommée ainsi par ses parents en hommage à une actrice et danseuse indienne célèbre dans les années 1970.
« Enfant, nous n’étions pas dépaysés devant les films hindous. Il y avait les mêmes couleurs, les mêmes paysages, comme s’il s’agissait de notre culture », explique Idy Sidibé, considéré comme un des spécialistes sénégalais de la culture indienne. « La mythologie indienne me faisait rêver. Quand mon grand-père me racontait les épopées des rois mandingues, c’était pareil », ajoute ce passionné, qui possède quelque 2 000 clips indiens dans son ordinateur. « Sans compter les VHS », sourit-il.
Mansour Sora Wade, réalisateur sénégalais, a même tourné un documentaire sur l'engouement sénégalais pour la culture indienne. Pas encore sorti sur les écrans, il est simplement intitulé Dakar-Bombay. « L’Indophilie est un phénomène social extrêmement important ici, et ce, depuis les années 60. C'était important de le montrer », souligne le réalisateur du Prix du pardon.
La fascination est-elle à sens unique entre l’Inde et le Sénégal ? Pas sûr… Car il y a au moins un Indien, Somnath Mukerji, qui est tombé fou amoureux du Sénégal. Arrivé en 1987 à la faveur d’un tour du monde en vélo, il n’est plus jamais reparti. Il s’est installé à Pikine, en banlieue dakaroise. Aujourd’hui, il anime une émission de radio avec Mamadou Pam, donne des cours de danse hindoue et tient une boutique de cassettes audio et vidéo… indiennes bien sûr.
( Jeune Afrique )
La scène pourrait être celle d’un film de Bollywood. Pieds nus, cinq danseuses se déhanchent au son d’une musique hindoue. Toutes portent des tenues indiennes, d’un violet scintillant, et leurs lèvres murmurent, en hindi, les paroles de la chanson. Les danseuses expérimentées sont sénégalaises et le show se déroule sur le toit d’une maison des Parcelles Assainies, un quartier populaire de Dakar. C’est ici que se trouve le siège de l’association « Les amis de l’Inde », créée en 1962 et qui compte 120 membres, y compris parmi la diaspora.
Les fans de la culture indienne peuvent venir y apprendre à danser mais aussi découvrir les rudiments de l’hindi. Inde, Sénégal : deux cultures à priori totalement différentes mais qui, au final, possèdent beaucoup d’atomes crochus. « Leur musique me rappelle la nôtre, et ils ont la même pudeur, la même politesse que nous », explique Mamadou Konaté, bon danseur de 41 ans qui partage sa passion avec ses parents. « Leurs histoires de famille aussi sont similaires », ajoute-t-il.
L’attrait envers les drames sentimentaux et familiaux fait le succès des films de Bollywood au Sénégal, mais aussi dans beaucoup d’autres pays africains. Une passion qui se décline désormais en de multiples « produits dérivés ». Au marché HLM, à Dakar, on trouve facilement, et en quantité industrielle, des saris, des bijoux en or plaqué, et même des bindi, ces points rouges à coller au milieu du front.
Le phénomène Vaïdehi
Preuve que cet engouement n’est pas récent, entre 1998 et 2005, Dakar organisait déjà l’élection de Miss Hindoue, où les Sénégalaises défilaient en saris. Fin janvier 2010, Vaïdehi (en photo ci-dessous, © D.R), une actrice indienne de série B, peu connue dans son pays mais dont le téléfilm a remporté un succès fulgurant en Afrique de l’Ouest, a débarqué à Dakar avec tous les honneurs. Des dizaines de milliers de fans sont venus l’acclamer à son arrivée à l’aéroport, avant qu’elle ne fasse le tour de la capitale en Hummer limousine blanc… Du jamais vu, même pour un chef d’État.
À la télévision, les émissions les plus regardées du paysage audiovisuel sénégalais sont « Allo Bombay » et « L’Inde au Sénégal », respectivement diffusées sur la 2STV et la RDV. « Les deux pays ont une culture commune, que ce soit à propos du mariage, où la mariée doit être vierge, des dépenses de la maison ou du respect des aînés », souligne Mamadou Pam, présentateur de l’émission phare de la RDV, qui parle hindi couramment.
Autre animateur vedette, Mamadou Kane de l’émission Allo Bombay parle égalemnt hindi. Tous les mercredis, de 14 à 15 heures, il évoque les acteurs indiens, leur actualité, les nouveaux films qui sont à l’affiche ou en préparation. « Si les Sénégalais aiment les films et les clips indiens, c’est parce qu’ils sont très sentimentaux », dit-il.
Prénoms de stars de Bollywood
La fascination pour la culture indienne transcende les générations. Les mordus de 15-25 ans ont eux-mêmes grandis avec des parents passionnés par les premiers films diffusés dans les cinémas sénégalais dès les années 1950. Des couples se sont formés lors des spectacles organisés par les fans club. Des enfants sont nés. Et certains d’entre eux portent même des prénoms de stars de Bollywood. C'est le cas par exemple de Hema Malini Sy, une jeune fille de 17 ans nommée ainsi par ses parents en hommage à une actrice et danseuse indienne célèbre dans les années 1970.
« Enfant, nous n’étions pas dépaysés devant les films hindous. Il y avait les mêmes couleurs, les mêmes paysages, comme s’il s’agissait de notre culture », explique Idy Sidibé, considéré comme un des spécialistes sénégalais de la culture indienne. « La mythologie indienne me faisait rêver. Quand mon grand-père me racontait les épopées des rois mandingues, c’était pareil », ajoute ce passionné, qui possède quelque 2 000 clips indiens dans son ordinateur. « Sans compter les VHS », sourit-il.
Mansour Sora Wade, réalisateur sénégalais, a même tourné un documentaire sur l'engouement sénégalais pour la culture indienne. Pas encore sorti sur les écrans, il est simplement intitulé Dakar-Bombay. « L’Indophilie est un phénomène social extrêmement important ici, et ce, depuis les années 60. C'était important de le montrer », souligne le réalisateur du Prix du pardon.
La fascination est-elle à sens unique entre l’Inde et le Sénégal ? Pas sûr… Car il y a au moins un Indien, Somnath Mukerji, qui est tombé fou amoureux du Sénégal. Arrivé en 1987 à la faveur d’un tour du monde en vélo, il n’est plus jamais reparti. Il s’est installé à Pikine, en banlieue dakaroise. Aujourd’hui, il anime une émission de radio avec Mamadou Pam, donne des cours de danse hindoue et tient une boutique de cassettes audio et vidéo… indiennes bien sûr.
( Jeune Afrique )
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