Abdoulaye Wade a déclaré depuis plus de deux (02) ans, sa candidature à l’élection présidentielle de 2012.
Le Comité Directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS) a retenu cette candidature, avant sa soumission à l’investiture par le Congrès du parti, conformément à l’article 20 de son règlement intérieur. Un Congrès prévu en novembre 2011.
Il n’y a pas eu, à ce jour, d’autres déclarations de candidature faite au niveau du parti. De même, la majorité des responsables, à travers des déclarations publiques, soutiennent de manière inconditionnelle cette candidature annoncée par Maître Abdoulaye Wade et, sans autres perspectives, battent déjà campagne.
Je voudrais, en ma qualité de militant du PDS, membre du Comité directeur et des autres instances supérieures du parti, déclarer solennellement et publiquement m’opposer à cette candidature non encore officielle, pour les raisons que je développe ci-après.
Le PDS est une association politique dont les textes consacrent les principes démocratiques prévus par la Constitution du Sénégal.
C’est dans le cadre de mon droit à la démocratie et aux respects de mes opinions que je m’oppose à la candidature d’Abdoulaye Wade et à son investiture par le PDS pour l’élection présidentielle de 2012. Les raisons qui me guident sont évidentes :
Abdoulaye Wade a déjà fait deux mandats et ne peut juridiquement prétendre à un troisième, en vertu de la Constitution de 2001 qu’il a proposé lui-même, et fait adopter par le peuple sénégalais par référendum ;
le respect de la parole donnée impose au président Wade de ne plus se présenter pour l’élection présidentielle de 2012. Il l’avait dit publiquement et les documents disponibles au niveau des médias sénégalais sont là pour le prouver ;
Son âge très avancé, malgré sa bonne santé apparente que nous souhaitons durable, la raison, l’éthique et l’ambition du parti de garder le pouvoir, ne peuvent raisonnablement permettre à Abdoulaye Wade d’être le candidat du PDS.
Pour ces raisons et bien d’autres qu’il n’est pas opportun d’indiquer pour le moment, le PDS doit se résoudre à convaincre Abdoulaye Wade de renoncer à se présenter pour l’élection présidentielle de 2012 et de proposer un autre candidat.
Ceux qui l’aiment, aiment le Sénégal et se soucient de l’avenir du PDS doivent se battre pour « sauver le soldat Abdoulaye Wade » et ce malgré lui.
Tout miser sur Wade et ne pas envisager et promouvoir une candidature alternative est suicidaire pour le parti.
Est-ce que le PDS et tous ses responsables sont prêts à disparaitre de la scène politique avec Abdoulaye Wade ?
Monsieur Wade n’a-t-il pas l’intention d’entrainer le PDS et tous les autres responsables dans sa disparition, en cas de rejet de sa candidature, d’empêchement ou d’incapacité de dernière heure, avec l’échec de son seul plan A ? Préfère-t-il sacrifier tout le monde en ne prévoyant pas un plan B consistant à promouvoir un autre candidat ?
Je ne peux me résoudre à accepter ce risque politique et aucun de nous, au PDS, ne doit l’accepter. J’ai la certitude que beaucoup de responsables du PDS, mais aussi des alliés, ne l’acceptent pas. Seulement ils craignent de manifester, de manière officielle ou officieuse, leurs positions. Certains pensent peut-être qu’il est prématuré de se prononcer sur la question.
Actuellement, le Secrétaire général national du PDS est en campagne électorale et la plupart des responsables du PDS le sont, qu’ils soient membres du gouvernement, parlementaires ou membres dans d’autres institutions du pays.
Je voudrais dire à mes frères et sœurs du parti et à nos amis des partis alliés qu’il est temps de travailler à convaincre Monsieur Wade et les autres militants de préparer une solution alternative au cas où la candidature de celui-ci ne pourrait pas prospérer.
Autant Monsieur Wade a le droit de battre campagne dès maintenant, autant j’ai, moi aussi, le droit de battre campagne pour gagner l’investiture du PDS et des autres partis alliés pour la présidentielle de 2012. C’est pourquoi, me fondant sur la Constitution et sur les statuts du parti, je demande mon investiture par le PDS et réclame l’application des règles démocratiques prévues par la Constitution du Sénégal et par les textes du parti.
Je m’engage à continuer l’œuvre important qu’Abdoulaye Wade a commencé à réaliser pour le Sénégal. S’il fallait lui attribuer une note pour l’ensemble de son œuvre pendant ses onze (11) années de pouvoir, on pourrait dire : « Assez bien. Pouvait mieux faire ».
«A bien» parce que Wade a fait mieux que les présidents Senghor et Diouf dans beaucoup de domaines. «Pouvait mieux faire» s’il était arrivé au pouvoir dix (10) ans plus tôt et s’il avait utilisé les nombreuses compétences dont regorge le Sénégal. Je suis convaincu qu’il aurait alors réalisé de grandes choses.
Je suis en mesure de continuer cette œuvre si je suis investi par le parti et si nous gagnons l’élection présidentielle de 2012. J’ai le profil et la légitimité qu’il faut, les compétences et la moralité nécessaires et nous sommes capables de réunir une équipe d’hommes et de femmes compétents et intègres.
Il n’est pas difficile d’avoir un programme pour le Sénégal, mais le plus important est d’avoir une vision et les hommes qu’il faut.
Nous avons la vision, le programme et surtout, les hommes.
C’est pourquoi je demande à mes frères et sœurs du parti d’être réalistes et de m’investir pour continuer l’œuvre d’Abdoulaye Wade. Ce serait le meilleur choix pour lui garantir une retraite paisible et honorable, à l’instar de Nelson Mandela avec qui il a partagé le même combat pour son pays et pour l’Afrique.
Je demande aussi à nos partenaires étrangers, amis du Sénégal, que je prends à témoin, d’exiger le respect de nos règles démocratiques qui, seules, peuvent garantir la paix et la stabilité dans notre pays.
A tous, je dis «il faut sauver le soldat Pds».
Fait à Dakar, le 07 août 2011
Maître Massokhna KANE
Militant et responsable
du Parti démocratique sénégalais