Idrissa Seck ressuscite les 7 milliards de Taïwan, Macky Sall saute de son fauteuil. C’est parti pour une autre campagne qui ne sera pas que celle de Wade contre les autres. Mais celle qui opposera ces deux ex-directeurs de campagne, Pm, numéro 2 et «fils d’emprunt». Dans la compétition de février 2012, plusieurs candidats vont s’affronter. Mais dans cette foule, il y en a deux qui retiendront l’attention : Idrissa Seck et Macky Sall. La sortie «argentée» du premier, mardi dernier, dans l’émission Perspectives 2012 de Walf Quotidien et Tv demandant à son successeur à la Primature de faire la lumière sur les 7 milliards de Taïwan, suivie des tirs sporadiques des enseignants, des jeunes et des proches de Sall, donnent le coup d’envoi d’une guerre sans merci. Et l’un d’entre eux y laissera sûrement des plumes. Le leader de la Coalition Idi4President a choisi de jongler dans un stade très glissant d’ailleurs pour lui et sa cible : l’éthique politique. En rappelant au patron de l’Alliance pour la République (Apr) son feuilleton avec les 7 milliards de Taïwan, Seck cherche subtilement à entacher le «mouchoir blanc» souvent brandi par le «républicain». La même couleur, cette fois-ci, d’une autre odeur avait valu à Macky Sall quelques heures d’audition par la Police centrale de Dakar, en 2009. Dans tous les cas, Idrissa Seck plonge dans une eau de roche pour parfumer, davantage, ce coin nauséeux du dossier des chantiers de Thiès et de celui des fonds politiques qui le poursuivent toujours.
C’est dire que cette attaque aussi frontale qui efface le «pardon» de Thiès, lors du meeting du M23 en octobre dernier n’est rien d’autre qu’un début d’une stratégie savamment murie par le «génie» communicateur du rewmiste en chef. C’est aussi la fin d’une fausse idylle fraternelle et imaginaire entre deux «fils» de Wade dont la «jonction des forces» devait parvenir à laver l’affront avec le «père». Lorsqu’arrive le moment de prendre son destin en main, la vérité éclate au grand jour. Le moment, ici, c’est cette élection présidentielle à grands enjeux dont l’issue ne peut être connue d’avance. Mais, au moins, le contexte et la recomposition politique dessinent l’espoir d’un «n’importe qui peut être Président», comme en 2012. Les «martyrs», Seck et Sall, ne cracheront pas sur une telle occasion. Tous les deux fondent leur sourire sur une éventuelle invalidation de la candidature du Président sortant, Abdoulaye Wade. Ou encore un schéma, probable d’ailleurs, d’un ballotage entre le sortant et le second- qui pourrait être Idy ou Macky- au 2e tour, même avec une dispersion des voix. C’est là tout le sens de l’offensive et de la contre-offensive entre les deux anciens Premiers ministres.
A L’ASSAUT DE BENNOO
Cela peut paraître étonnant que Idrissa Seck s’attaque à Macky Sall à qui il avait «pardonné». Mais à y voir de plus près, ça ne l’est pas du tout. En évoquant l’âge de Wade lors de sa rencontre avec la presse étrangère, les «86 ans hors Tva» qu’il attribue à Tanor sont un message qu’il adresse à celui-ci comme pour dire : «On peut s’entendre si…» Dans les plans de Seck, Tanor et/ou Niasse ne peuvent en aucun cas être ses cibles. Macky Sall jouait à l’idéal de «non agression» presque tacite avec son prédécesseur à la Primature. C’est ce que suggère ce passage de la contribution de Diène Farba Sarr, membre du Directoire politique de l’Apr : «Au moment où tout le Sénégal positif est tendu vers l’expulsion de Wade du pouvoir, Idy devrait savoir que Macky n’est l’adversaire de personne dans l’opposition, encore moins dans Bennoo qu’il semble traiter avec tant de condescendance.» Mais, il oublie que le véritable enjeu pour Idrissa Seck, c’est de jouer à fond la carte de l’éthique, thème de précampagne- en attendant la campagne- le mieux partagé que les candidats indépendants veulent s’approprier. D’autant plus que, même si le maire de Thiès a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire des Chantiers de Thiès, le seul fait qu’il ait fait la prison, renvoie à l’image d’un «coupable». La logique est toute simple pour Idrissa Seck : «Si l’on veut me salir, je ne serai pas le seul.»
Dans ses schémas, il s’agit de maintenir son prestigieux rang de 2e force politique, après Wade en 2007. Le blocage de la candidature de «l’unité et du rassemblement» de Bss le conforte dans son analyse. A fortiori, si l’échec du 31 octobre se confirme par le scénario redouté des deux candidats. Macky Sall, quant à lui, joue la carte du silence et peaufine sa stratégie dans la plus grande discrétion. Et attend un clash officiel entre ses partenaires de Bennoo Siggil Senegaal dont il est membre. Tanor et Niasse risquent de se noyer dans le marigot des tractations éternelles au point que le leader de l’Apr se pose en maître-nageur. Par leurs échanges salés, Idy et Macky vont à l’assaut des éventuelles voix dispersées de Tanor et de Niasse. Pour ce contrôle, Macky Sall peut avoir plus de chance. Il peut faire valoir son appartenance à cette coalition et chanter son «je suis membre de Bennoo, Idy ne l’est pas». C’est pourquoi, le leader de Rewmi a tenté de sortir de son isolement en s’octroyant le «sponsoring» du mouvement inclusif du 23 juin 2011 rebaptisé M23 en octobre dernier chez lui, à Thiès. Et cela, en l’absence des leaders de l’opposition. Il s’agissait, pour le maire de Thiès, de rétablir une certaine confiance qu’il avait perdue et de rattraper une page de l’histoire politique du pays qu’il avait ratée. Contrairement à Macky Sall et aux autres qui en ont fait bon usage.
POUR L’HERITAGE DU PDS
Dans la bataille pour le saucissonnage du Parti démocratique sénégalais (Pds), les anciens numéros 2 de Wade espèrent, chacun, prendre sa part de l’héritage libéral. Les frustrations ne manqueront pas dans cette perspective. Ceux qui seront mal servis n’hésiteront pas à se refugier dans l’un ou l’autre camp. Comme c’est le cas pour des responsables libéraux qui n’ont pas digéré la composition de la Délégation générale des Forces alliées (Fal 2012), dont les taches sont majoritairement confiées aux alliés. Un ajournement éventuel de Wade par le jury du Conseil constitutionnel également pourrait décourager certains militants du Pds, au profit des deux anciens directeurs de campagne du Secrétaire général, Abdoulaye Wade. Le leader de l’Apr, considéré comme un «adversaire modéré» par ses ex-«frères», jouit d’une certaine sympathie, même si son discours tend vers une rupture «idéologique». Alors que le président de Rewmi, qui ne revendique plus son appartenance au Pds mais à la famille libérale, laisse un sentiment d’affection à ses «frères». Il pourrait arguer : «J’ai été exclu, mais Macky a démissionné.» Février les départagera.
( LE Quotidien )
C’est dire que cette attaque aussi frontale qui efface le «pardon» de Thiès, lors du meeting du M23 en octobre dernier n’est rien d’autre qu’un début d’une stratégie savamment murie par le «génie» communicateur du rewmiste en chef. C’est aussi la fin d’une fausse idylle fraternelle et imaginaire entre deux «fils» de Wade dont la «jonction des forces» devait parvenir à laver l’affront avec le «père». Lorsqu’arrive le moment de prendre son destin en main, la vérité éclate au grand jour. Le moment, ici, c’est cette élection présidentielle à grands enjeux dont l’issue ne peut être connue d’avance. Mais, au moins, le contexte et la recomposition politique dessinent l’espoir d’un «n’importe qui peut être Président», comme en 2012. Les «martyrs», Seck et Sall, ne cracheront pas sur une telle occasion. Tous les deux fondent leur sourire sur une éventuelle invalidation de la candidature du Président sortant, Abdoulaye Wade. Ou encore un schéma, probable d’ailleurs, d’un ballotage entre le sortant et le second- qui pourrait être Idy ou Macky- au 2e tour, même avec une dispersion des voix. C’est là tout le sens de l’offensive et de la contre-offensive entre les deux anciens Premiers ministres.
A L’ASSAUT DE BENNOO
Cela peut paraître étonnant que Idrissa Seck s’attaque à Macky Sall à qui il avait «pardonné». Mais à y voir de plus près, ça ne l’est pas du tout. En évoquant l’âge de Wade lors de sa rencontre avec la presse étrangère, les «86 ans hors Tva» qu’il attribue à Tanor sont un message qu’il adresse à celui-ci comme pour dire : «On peut s’entendre si…» Dans les plans de Seck, Tanor et/ou Niasse ne peuvent en aucun cas être ses cibles. Macky Sall jouait à l’idéal de «non agression» presque tacite avec son prédécesseur à la Primature. C’est ce que suggère ce passage de la contribution de Diène Farba Sarr, membre du Directoire politique de l’Apr : «Au moment où tout le Sénégal positif est tendu vers l’expulsion de Wade du pouvoir, Idy devrait savoir que Macky n’est l’adversaire de personne dans l’opposition, encore moins dans Bennoo qu’il semble traiter avec tant de condescendance.» Mais, il oublie que le véritable enjeu pour Idrissa Seck, c’est de jouer à fond la carte de l’éthique, thème de précampagne- en attendant la campagne- le mieux partagé que les candidats indépendants veulent s’approprier. D’autant plus que, même si le maire de Thiès a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire des Chantiers de Thiès, le seul fait qu’il ait fait la prison, renvoie à l’image d’un «coupable». La logique est toute simple pour Idrissa Seck : «Si l’on veut me salir, je ne serai pas le seul.»
Dans ses schémas, il s’agit de maintenir son prestigieux rang de 2e force politique, après Wade en 2007. Le blocage de la candidature de «l’unité et du rassemblement» de Bss le conforte dans son analyse. A fortiori, si l’échec du 31 octobre se confirme par le scénario redouté des deux candidats. Macky Sall, quant à lui, joue la carte du silence et peaufine sa stratégie dans la plus grande discrétion. Et attend un clash officiel entre ses partenaires de Bennoo Siggil Senegaal dont il est membre. Tanor et Niasse risquent de se noyer dans le marigot des tractations éternelles au point que le leader de l’Apr se pose en maître-nageur. Par leurs échanges salés, Idy et Macky vont à l’assaut des éventuelles voix dispersées de Tanor et de Niasse. Pour ce contrôle, Macky Sall peut avoir plus de chance. Il peut faire valoir son appartenance à cette coalition et chanter son «je suis membre de Bennoo, Idy ne l’est pas». C’est pourquoi, le leader de Rewmi a tenté de sortir de son isolement en s’octroyant le «sponsoring» du mouvement inclusif du 23 juin 2011 rebaptisé M23 en octobre dernier chez lui, à Thiès. Et cela, en l’absence des leaders de l’opposition. Il s’agissait, pour le maire de Thiès, de rétablir une certaine confiance qu’il avait perdue et de rattraper une page de l’histoire politique du pays qu’il avait ratée. Contrairement à Macky Sall et aux autres qui en ont fait bon usage.
POUR L’HERITAGE DU PDS
Dans la bataille pour le saucissonnage du Parti démocratique sénégalais (Pds), les anciens numéros 2 de Wade espèrent, chacun, prendre sa part de l’héritage libéral. Les frustrations ne manqueront pas dans cette perspective. Ceux qui seront mal servis n’hésiteront pas à se refugier dans l’un ou l’autre camp. Comme c’est le cas pour des responsables libéraux qui n’ont pas digéré la composition de la Délégation générale des Forces alliées (Fal 2012), dont les taches sont majoritairement confiées aux alliés. Un ajournement éventuel de Wade par le jury du Conseil constitutionnel également pourrait décourager certains militants du Pds, au profit des deux anciens directeurs de campagne du Secrétaire général, Abdoulaye Wade. Le leader de l’Apr, considéré comme un «adversaire modéré» par ses ex-«frères», jouit d’une certaine sympathie, même si son discours tend vers une rupture «idéologique». Alors que le président de Rewmi, qui ne revendique plus son appartenance au Pds mais à la famille libérale, laisse un sentiment d’affection à ses «frères». Il pourrait arguer : «J’ai été exclu, mais Macky a démissionné.» Février les départagera.
( LE Quotidien )