Ce mardi 07 août 2012, les populations de la région de Tamba ont été réveillées par une triste nouvelle : un accident de la route, d’une extrême gravité, s’est produit aux environs de Kaffrine. Une collision frontale entre un camion chargé de sacs de charbon de bois et un bus transportant des voyageurs en provenance de Dakar venait d’ôter la vie à une vingtaine de personnes. C’est très grave, je le répète. C’est insupportable. Et c’est révoltant.
J’insiste sur la gravité de cet accident parce que je n’ai pas eu le sentiment, pendant toute la journée de ce funeste mardi, que le pays avait pris la juste mesure de l’immense catastrophe qui venait de se produire. Que les médias en ont rendu compte comme il se devait. Que les autorités du pays ont été à la hauteur d’une telle tragédie. Jugez en vous-même. Deux chaines de télé privées ont pu diffuser un court reportage pendant que la télévision publique RTS1 mettait en « une » de son journal de 20 heures le démarrage des épreuves du baccalauréat avant de nous livrer un communiqué de la présidence de la République qui nous apprenait que le chef de l’État « a été très peiné d’apprendre la nouvelle du tragique accident » . Le ministre de l’intérieur, arrivé à Kaolack, lui se demandait s’il ne fallait pas « arrêter ces voyages nocturnes »… Pendant ce temps une vingtaine de familles étaient dévastées. Anéanties et révoltées par la douleur de la perte d’un proche dans des conditions aussi atroces et brutales. D’autant plus révoltées que ces morts pouvaient être évitées. Et cela, c’est insupportable ! Je partage leur douleur et leur révolte. Faut-il rappeler qu’une vie humaine est ce que nous avons de plus précieux à préserver ? Rien, absolument rien ne pourrait plus justifier que des camions continuent de tuer des êtres humains sur cet axe routier Kaolack – Tamba. Il est plus que temps que des mesures urgentes et fermes soient prises pour qu’un tel drame ne se reproduise plus. Ce n’est pas pour demain, ni même pour aujourd’hui. C’était pour hier ! Et notre pays et ses dirigeants n’ont pas été à la hauteur.
En effet, cet axe routier Kaolack – Tamba est un des plus meurtriers du pays. À chaque fois qu’on prend cette route, on risque sa vie. Et ce n’est pas admissible. Il ne se passe pas un mois sans qu’il y ait un accident, plus ou moins grave, sur ce tronçon. Les morts s’accumulent. Et à chaque fois, on se contente de déplorer les pertes en vies humaines. « C’est la volonté de Dieu » entend-on souvent. Insupportable ! Alors même qu'on sait les principales causes de ces accidents : un nombre impressionnant de gros porteurs sillonnent ces routes étroites tous les jours. Il n’est pas rare de croiser de véritables convois de gros camions surchargés de marchandises. Ces camions immatriculés au Sénégal, au Mali et même en Gambie passent par la ville de Tamba (un véritable carrefour pour la sous-région) pour se rendre à Dakar (ou en provenance de Dakar) par centaines. De jour comme de nuit. Et dans l’insécurité la plus totale.
Insécurité due en premier lieu au facteur humain. La majeure partie de ces camions est conduite par des conducteurs totalement irresponsables. Par manque de connaissance du code de la route ? Par insouciance ? Ou juste par une sorte d’indiscipline assumée ? Le fait est que leurs comportements sont criminels. Ceux qui, comme moi, ont déjà emprunté cet axe Tamba – Kaolack avec une voiture de tourisme ne me démentiront pas. La première chose qui frappe c’est que ces camions roulent toujours en plein milieu de la chaussée. Rouler à droite, ils ne savent pas ce que cela veut dire. Après en avoir croisé (difficilement) plusieurs et après avoir constaté un nombre anormalement élevé de camions accidentés couchés sur le flanc et laissés à l’abandon sur le bas-côté de la route on commence à comprendre. Ces camions sont tout le temps surchargés. On met de la marchandise à concurrence de deux fois la hauteur normale de la remorque. Résultat : le centre de gravité du véhicule est beaucoup plus haut que prévu par le constructeur. Et la moindre tentative de s’écarter vers la droite pour croiser un autre usager de la route arrivant en face se solde pour ces camions par des tonneaux sur le bas-côté. Alors pour éviter que leur camion ne se renverse, ces conducteurs fous roulent au milieu de la chaussée. Au su et au vu de tout le monde. Quoiqu’il arrive ! De la folie furieuse. Et on les laisse faire ! Qu’attendent les autorités pour interdire purement et simplement ce genre de chargement. Une remorque de camion est faite pour charger au ras de la remorque. Pas plus.
La deuxième source d’insécurité provient des camions eux-mêmes. L’écrasante majorité de ces camions seraient recalés à un contrôle technique un tant soit peu sérieux. Freins défectueux, éclairage absent à certains endroits du véhicules quand les feux de croisement ne se transforment pas en feux de route, pneus lisses etc. J’en passe et des meilleurs. Là aussi, au vu et au su de tout le monde. Qu’attend-on pour imposer un contrôle technique rigoureux et annuel à ces véhicules ? On en retirerait beaucoup de la circulation. Et on préserverait ainsi la vie des populations des régions de Tamba et de Kaolack. Il est plus que temps d’en finir avec les bricolages, les arrangements et les « masslaha » ! Ce sont des vies humaines qui sont en jeu.
Une dernière source d’insécurité est de la responsabilité des autorités elles-mêmes. Vous qui empruntez ces routes, vous avez constaté comme moi l’absence totale de marquage au sol sur certains tronçons de route. Pas de bande blanche séparant les deux sens de circulation d’une route nationale, pas d’indication de la fin des zones de dépassement etc. Dans ces conditions, comment reprocher à un conducteur fou de rouler sur un côté de la route où il risque à tout moment de voir arriver en face de lui une autre voiture ? Surtout de nuit. On s’étonne ensuite de voir les collisions frontales se multiplier. Et qu’on ne vienne surtout pas m’expliquer que la signalisation routière coûte cher. On met bien de l’argent dans des choses futiles tous les jours sous des prétextes fallacieux. Ici il s’agit de préserver la vie de nos concitoyens. Ne pas assurer une signalisation routière claire et permanente frise la non-assistance à personne en danger. Ne pas réprimer de la façon la plus ferme les infractions au code de la route s’apparente à de la complicité.
Je demande donc aux autorités, sans préjuger des conclusions de l’enquête qui devra situer les responsabilités dans cette catastrophe routière, de prendre des mesures immédiates et fermes à mettre en œuvre le plus rapidement possible pour d’abord sécuriser cette route et ensuite traduire devant les juridictions compétentes les responsables d’une telle tragédie. Et j’appelle les populations de Tamba ainsi que les associations qui les représentent à organiser une marche silencieuse vers la Gouvernance de Tamba pour saluer la mémoire des disparus et déposer entre les mains du gouverneur une demande de sécurisation de cette route si meurtrière.
Encore une fois, je partage la douleur de toutes les familles touchées par cette tragédie. Je m’associe aux prières pour le repos de l’âme de ceux qui nous ont quittés et pour le rétablissement des blessés hospitalisés actuellement.
M. Mady DANFAKHA
Quartier Pont
Tambacounda
J’insiste sur la gravité de cet accident parce que je n’ai pas eu le sentiment, pendant toute la journée de ce funeste mardi, que le pays avait pris la juste mesure de l’immense catastrophe qui venait de se produire. Que les médias en ont rendu compte comme il se devait. Que les autorités du pays ont été à la hauteur d’une telle tragédie. Jugez en vous-même. Deux chaines de télé privées ont pu diffuser un court reportage pendant que la télévision publique RTS1 mettait en « une » de son journal de 20 heures le démarrage des épreuves du baccalauréat avant de nous livrer un communiqué de la présidence de la République qui nous apprenait que le chef de l’État « a été très peiné d’apprendre la nouvelle du tragique accident » . Le ministre de l’intérieur, arrivé à Kaolack, lui se demandait s’il ne fallait pas « arrêter ces voyages nocturnes »… Pendant ce temps une vingtaine de familles étaient dévastées. Anéanties et révoltées par la douleur de la perte d’un proche dans des conditions aussi atroces et brutales. D’autant plus révoltées que ces morts pouvaient être évitées. Et cela, c’est insupportable ! Je partage leur douleur et leur révolte. Faut-il rappeler qu’une vie humaine est ce que nous avons de plus précieux à préserver ? Rien, absolument rien ne pourrait plus justifier que des camions continuent de tuer des êtres humains sur cet axe routier Kaolack – Tamba. Il est plus que temps que des mesures urgentes et fermes soient prises pour qu’un tel drame ne se reproduise plus. Ce n’est pas pour demain, ni même pour aujourd’hui. C’était pour hier ! Et notre pays et ses dirigeants n’ont pas été à la hauteur.
En effet, cet axe routier Kaolack – Tamba est un des plus meurtriers du pays. À chaque fois qu’on prend cette route, on risque sa vie. Et ce n’est pas admissible. Il ne se passe pas un mois sans qu’il y ait un accident, plus ou moins grave, sur ce tronçon. Les morts s’accumulent. Et à chaque fois, on se contente de déplorer les pertes en vies humaines. « C’est la volonté de Dieu » entend-on souvent. Insupportable ! Alors même qu'on sait les principales causes de ces accidents : un nombre impressionnant de gros porteurs sillonnent ces routes étroites tous les jours. Il n’est pas rare de croiser de véritables convois de gros camions surchargés de marchandises. Ces camions immatriculés au Sénégal, au Mali et même en Gambie passent par la ville de Tamba (un véritable carrefour pour la sous-région) pour se rendre à Dakar (ou en provenance de Dakar) par centaines. De jour comme de nuit. Et dans l’insécurité la plus totale.
Insécurité due en premier lieu au facteur humain. La majeure partie de ces camions est conduite par des conducteurs totalement irresponsables. Par manque de connaissance du code de la route ? Par insouciance ? Ou juste par une sorte d’indiscipline assumée ? Le fait est que leurs comportements sont criminels. Ceux qui, comme moi, ont déjà emprunté cet axe Tamba – Kaolack avec une voiture de tourisme ne me démentiront pas. La première chose qui frappe c’est que ces camions roulent toujours en plein milieu de la chaussée. Rouler à droite, ils ne savent pas ce que cela veut dire. Après en avoir croisé (difficilement) plusieurs et après avoir constaté un nombre anormalement élevé de camions accidentés couchés sur le flanc et laissés à l’abandon sur le bas-côté de la route on commence à comprendre. Ces camions sont tout le temps surchargés. On met de la marchandise à concurrence de deux fois la hauteur normale de la remorque. Résultat : le centre de gravité du véhicule est beaucoup plus haut que prévu par le constructeur. Et la moindre tentative de s’écarter vers la droite pour croiser un autre usager de la route arrivant en face se solde pour ces camions par des tonneaux sur le bas-côté. Alors pour éviter que leur camion ne se renverse, ces conducteurs fous roulent au milieu de la chaussée. Au su et au vu de tout le monde. Quoiqu’il arrive ! De la folie furieuse. Et on les laisse faire ! Qu’attendent les autorités pour interdire purement et simplement ce genre de chargement. Une remorque de camion est faite pour charger au ras de la remorque. Pas plus.
La deuxième source d’insécurité provient des camions eux-mêmes. L’écrasante majorité de ces camions seraient recalés à un contrôle technique un tant soit peu sérieux. Freins défectueux, éclairage absent à certains endroits du véhicules quand les feux de croisement ne se transforment pas en feux de route, pneus lisses etc. J’en passe et des meilleurs. Là aussi, au vu et au su de tout le monde. Qu’attend-on pour imposer un contrôle technique rigoureux et annuel à ces véhicules ? On en retirerait beaucoup de la circulation. Et on préserverait ainsi la vie des populations des régions de Tamba et de Kaolack. Il est plus que temps d’en finir avec les bricolages, les arrangements et les « masslaha » ! Ce sont des vies humaines qui sont en jeu.
Une dernière source d’insécurité est de la responsabilité des autorités elles-mêmes. Vous qui empruntez ces routes, vous avez constaté comme moi l’absence totale de marquage au sol sur certains tronçons de route. Pas de bande blanche séparant les deux sens de circulation d’une route nationale, pas d’indication de la fin des zones de dépassement etc. Dans ces conditions, comment reprocher à un conducteur fou de rouler sur un côté de la route où il risque à tout moment de voir arriver en face de lui une autre voiture ? Surtout de nuit. On s’étonne ensuite de voir les collisions frontales se multiplier. Et qu’on ne vienne surtout pas m’expliquer que la signalisation routière coûte cher. On met bien de l’argent dans des choses futiles tous les jours sous des prétextes fallacieux. Ici il s’agit de préserver la vie de nos concitoyens. Ne pas assurer une signalisation routière claire et permanente frise la non-assistance à personne en danger. Ne pas réprimer de la façon la plus ferme les infractions au code de la route s’apparente à de la complicité.
Je demande donc aux autorités, sans préjuger des conclusions de l’enquête qui devra situer les responsabilités dans cette catastrophe routière, de prendre des mesures immédiates et fermes à mettre en œuvre le plus rapidement possible pour d’abord sécuriser cette route et ensuite traduire devant les juridictions compétentes les responsables d’une telle tragédie. Et j’appelle les populations de Tamba ainsi que les associations qui les représentent à organiser une marche silencieuse vers la Gouvernance de Tamba pour saluer la mémoire des disparus et déposer entre les mains du gouverneur une demande de sécurisation de cette route si meurtrière.
Encore une fois, je partage la douleur de toutes les familles touchées par cette tragédie. Je m’associe aux prières pour le repos de l’âme de ceux qui nous ont quittés et pour le rétablissement des blessés hospitalisés actuellement.
M. Mady DANFAKHA
Quartier Pont
Tambacounda