Abadam, Gwoza et Sambisa. Il ne se passe pas un jour au procès de l'Imam Ndao et de ses co-accusés sans que ces trois mots ne soient rabâchés. Presque tous les accusés qui sont déjà passés devant la barre ont eu à prononcer ces noms pourtant méconnus de beaucoup de leurs compatriotes. Les accusés qui ont eu à évoquer ces localités nigérianes l'ont fait en racontant le périple qui les a menés dans ce pays d'Afrique noire dont une partie est encore ou a été occupée par Boko Haram. Selon la plupart des récits servis à la chambre criminelle à formation spéciale, le voyage commence à Kaolack, à bord des bus de la société Sonef. Bamako, la capitale malienne constitue la première escale. La seconde, c'est Ouagadougou, au Burkina Faso avant que Niamey ne prenne le relais. De Niamey, les apprentis jihadistes qui ont nié devant la barre avoir caressé l'idée de grandir les rangs de Boko Haram, soutiennent avoir gagné Zinder et Diffa, toutes deux des villes nigériennes. La dernière localité du Niger à accueillir ces sénégalais à la recherche d'une terre “bénie” par Dieu se révèle être Abadam.
La partie nigériane de cette contrée, avec sa superficie de 3973 m2 se trouve dans l'Etat de Borno dont le siège est situé à Malumfatori. Elle est très stratégique pour Boko Haram d'autant que nombre de ses nouvelles recrues transitent par cette ville pour gagner le coeur du groupe jihadiste qui empêche toute une région de dormir. La preuve, la partie nigérienne d'Abadam a fait l'objet de bombardement en février 2O15 par un avion inconnu. Le bilan de ce raid était sans appel : 36 morts. L'aviation nigériane a été indexée mais l'armée nigériane avait balayé du revers de la main toute implication dans cette opération qualifiée de bavure puisqu'en lieu et place de membres de Boko Haram, ce sont des civils qui y ont péri. Même si aucun des présumés jihadistes qui comparaissent devant la chambre criminelle à formation spéciale n'a encore mentionné l'importance que revêt cette localité pour “Jamahatou ahlou sunna li dahwati wal jihad”, (le groupe sunnite pour la prédication et le combat), le vrai nom de Boko Haram, il n'en demeure pas moins qu'elle occupe une étape stratégique dans l'enrôlement de nouveaux combattants.
Une autre ville revient dans les débats d'audience, c'est Gwoza. En effet, tous les accusés qui ont séjourné au Nigeria sont passés par cette ville qui était sous le joug de Boko Haram. C'est en août 2014 que Aboubakar Shekau et ses hommes ont conquis cette zone du gouvernement local de l'Etat de Borno, après d'intenses combats qui ont duré 72 heures. Des combats dans lesquels l'un des Sénégalais présentement jugé pour actes de terrorisme par association de malfaiteurs, actes de terrorisme par menace ou complot, blanchiment de capitaux en bande organisée, financement du terrorisme et apologie du terrorisme avouait avoir participé. Mais ça, c'était devant le Doyen des juges d'instruction. Attrait à la barre de la chambre criminelle, Mouhamed Ndiaye dont la “kunya” (surnom) est Abou Youssouf a tout nié. Il n'empêche, la conquête de Gwoza s'est faite dans la violence. Et pendant au moins huit (08) mois, le groupe jihadiste y a fait régner la charia (loi islamique) dans toute sa rigueur.
Signe que Boko Haram a dicté sa loi, la ville a été rebaptisée “Fathul Mubin” (la grande victoire). Mais Gwoza n'était que l'arbre qui cachait la forêt de l'expansion du “califat” proclamé en août par Abubakar Shekau himself dans une vidéo de 52 minutes. Des responsables du Diocèse de Maiduguri, déclaraient qu'à la mi-novembre 2014, Boko Haram avait pris les localités de l'Etat de Borno telles que Gomburu Ngala, Bama, Mafa, Abadam, Askira Uba, Dikwa et Marte. Dans l'Etat d'Adamawa, Boko Haram avait mis la main sur Magali, Michika, Mubi, Gulak, Kaya, Shuwa, Bazza, Yaffa, Betso, Mishara, Vimtim, Mushalla, Kala'a, Maiha et Mataka. A Yobé, Buni Yabi, Gujba, Gulani, Kukuwa, Balaraf, Buni Gani, Bara, Bumsa et Taltaba sont tombées dans l'escarcelle de Boko Haram selon toujours les responsables du Diocèse de Maiduguri cités par une étude de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sur les exactions de Boko Haram. Lors de la prise de Gwoza, les éléments de Boko Haram se seraient livrés à des exactions. Ainsi, 70 personnes auraient été égorgés ou exécutés comme des lapins. Cette violence sans précédent aurait poussé des habitants de la ville à fuir pour se réfugier dans les montages de Gwoza.
Vaincue en première instance, l'armée nigériane a pris du recul pour revenir en force et reprendre cette ville des mains de Boko Haram qui, sentant la défaite venir, a tenté de résister mais a du quitter les lieux. Mais c'est non sans dire au revoir aux habitants. Selon le témoignage d'un fermier du nom d'Usman Ali, les jihadistes qui ont vidé les lieux avant l'arrivée de l'armée sont revenus le 15 mars pour procéder à de nouvelles exactions sur...des femmes. D'après le récit de cet autochtone qui affirme avoir pris part à cette tuerie de masse malgré lui, Abubakar Shekau a rassemblé ses hommes et leur a enjoint de retourner à Gwoza pour tuer toutes les femmes qu'ils avaient laissé derrière. Pour se justifier, le chef de Boko Haram qui était entretemps intronisé “wali” (gouverneur) de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest par Abou Bakr al Bagdadi par le biais d'Abou Mouhamed Al Adnani (défunt porte parole de Daesh), a invoqué la nécessité de les purifier. Les présumés jihadistes sénégalais se sont passés le mot pour jurer n'être en rien mêlés à ces exactions. Ce n'est que le 27 mars que l'armée nigériane a annoncé la déroute de Boko Haram dans cette localité avant de concentrer ses efforts dans la bataille de Sambisa. Un autre nom qui revient sans cesse au cours des débats d'audience.
L'accusé Lamine Coulibaly a reconnu qu'après son séjour à Gwoza ou Fathul Mubin, il a été déplacé, à l'instar de nombre de ses compatriotes dans cette forêt du nord-est nigérian d'une superficie de 60 000 km2, soit le tiers du Sénégal. En une année de combats, les forces armées nigérianes ont revendiqué la prise au moins de 26 camps que Boko Haram avait installés à Sambissa. En outre, les militaires ont déclaré avoir libéré près de 2000 captifs constitués essentiellement de jeunes filles et de femmes. Au sujet des pertes infligées à l'ennemi, l'armée parle de plus d'une trentaine de jihadistes, compte non tenu des 564 capturés. Ces victoires ont ragaillardi les soldats au point qu'ils annoncent avoir anéanti “la secte” dans son dernier repaire. Mais en décembre 2016, Abubakar Shekau sort de son mutisme et dément, à travers une vidéo, avoir perdu la bataille de Sambisa. Entre temps, il est tombé de son piédestal de “gouverneur” de la province de l'État islamique en Afrique de l'Ouest au profit de Abou Mous'ab al Barnawi, de son vrai nom Habib Youssouf, le fils aîné du fondateur de Boko Haram. Avec ses hommes, Shekau a reconstitué “Jamahatou Ahlou Sunna li dahwati wal jihad” et continue de tenir tête aux forces armées du Nigeria depuis la forêt de Sambisa.
La partie nigériane de cette contrée, avec sa superficie de 3973 m2 se trouve dans l'Etat de Borno dont le siège est situé à Malumfatori. Elle est très stratégique pour Boko Haram d'autant que nombre de ses nouvelles recrues transitent par cette ville pour gagner le coeur du groupe jihadiste qui empêche toute une région de dormir. La preuve, la partie nigérienne d'Abadam a fait l'objet de bombardement en février 2O15 par un avion inconnu. Le bilan de ce raid était sans appel : 36 morts. L'aviation nigériane a été indexée mais l'armée nigériane avait balayé du revers de la main toute implication dans cette opération qualifiée de bavure puisqu'en lieu et place de membres de Boko Haram, ce sont des civils qui y ont péri. Même si aucun des présumés jihadistes qui comparaissent devant la chambre criminelle à formation spéciale n'a encore mentionné l'importance que revêt cette localité pour “Jamahatou ahlou sunna li dahwati wal jihad”, (le groupe sunnite pour la prédication et le combat), le vrai nom de Boko Haram, il n'en demeure pas moins qu'elle occupe une étape stratégique dans l'enrôlement de nouveaux combattants.
Une autre ville revient dans les débats d'audience, c'est Gwoza. En effet, tous les accusés qui ont séjourné au Nigeria sont passés par cette ville qui était sous le joug de Boko Haram. C'est en août 2014 que Aboubakar Shekau et ses hommes ont conquis cette zone du gouvernement local de l'Etat de Borno, après d'intenses combats qui ont duré 72 heures. Des combats dans lesquels l'un des Sénégalais présentement jugé pour actes de terrorisme par association de malfaiteurs, actes de terrorisme par menace ou complot, blanchiment de capitaux en bande organisée, financement du terrorisme et apologie du terrorisme avouait avoir participé. Mais ça, c'était devant le Doyen des juges d'instruction. Attrait à la barre de la chambre criminelle, Mouhamed Ndiaye dont la “kunya” (surnom) est Abou Youssouf a tout nié. Il n'empêche, la conquête de Gwoza s'est faite dans la violence. Et pendant au moins huit (08) mois, le groupe jihadiste y a fait régner la charia (loi islamique) dans toute sa rigueur.
Signe que Boko Haram a dicté sa loi, la ville a été rebaptisée “Fathul Mubin” (la grande victoire). Mais Gwoza n'était que l'arbre qui cachait la forêt de l'expansion du “califat” proclamé en août par Abubakar Shekau himself dans une vidéo de 52 minutes. Des responsables du Diocèse de Maiduguri, déclaraient qu'à la mi-novembre 2014, Boko Haram avait pris les localités de l'Etat de Borno telles que Gomburu Ngala, Bama, Mafa, Abadam, Askira Uba, Dikwa et Marte. Dans l'Etat d'Adamawa, Boko Haram avait mis la main sur Magali, Michika, Mubi, Gulak, Kaya, Shuwa, Bazza, Yaffa, Betso, Mishara, Vimtim, Mushalla, Kala'a, Maiha et Mataka. A Yobé, Buni Yabi, Gujba, Gulani, Kukuwa, Balaraf, Buni Gani, Bara, Bumsa et Taltaba sont tombées dans l'escarcelle de Boko Haram selon toujours les responsables du Diocèse de Maiduguri cités par une étude de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sur les exactions de Boko Haram. Lors de la prise de Gwoza, les éléments de Boko Haram se seraient livrés à des exactions. Ainsi, 70 personnes auraient été égorgés ou exécutés comme des lapins. Cette violence sans précédent aurait poussé des habitants de la ville à fuir pour se réfugier dans les montages de Gwoza.
Vaincue en première instance, l'armée nigériane a pris du recul pour revenir en force et reprendre cette ville des mains de Boko Haram qui, sentant la défaite venir, a tenté de résister mais a du quitter les lieux. Mais c'est non sans dire au revoir aux habitants. Selon le témoignage d'un fermier du nom d'Usman Ali, les jihadistes qui ont vidé les lieux avant l'arrivée de l'armée sont revenus le 15 mars pour procéder à de nouvelles exactions sur...des femmes. D'après le récit de cet autochtone qui affirme avoir pris part à cette tuerie de masse malgré lui, Abubakar Shekau a rassemblé ses hommes et leur a enjoint de retourner à Gwoza pour tuer toutes les femmes qu'ils avaient laissé derrière. Pour se justifier, le chef de Boko Haram qui était entretemps intronisé “wali” (gouverneur) de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest par Abou Bakr al Bagdadi par le biais d'Abou Mouhamed Al Adnani (défunt porte parole de Daesh), a invoqué la nécessité de les purifier. Les présumés jihadistes sénégalais se sont passés le mot pour jurer n'être en rien mêlés à ces exactions. Ce n'est que le 27 mars que l'armée nigériane a annoncé la déroute de Boko Haram dans cette localité avant de concentrer ses efforts dans la bataille de Sambisa. Un autre nom qui revient sans cesse au cours des débats d'audience.
L'accusé Lamine Coulibaly a reconnu qu'après son séjour à Gwoza ou Fathul Mubin, il a été déplacé, à l'instar de nombre de ses compatriotes dans cette forêt du nord-est nigérian d'une superficie de 60 000 km2, soit le tiers du Sénégal. En une année de combats, les forces armées nigérianes ont revendiqué la prise au moins de 26 camps que Boko Haram avait installés à Sambissa. En outre, les militaires ont déclaré avoir libéré près de 2000 captifs constitués essentiellement de jeunes filles et de femmes. Au sujet des pertes infligées à l'ennemi, l'armée parle de plus d'une trentaine de jihadistes, compte non tenu des 564 capturés. Ces victoires ont ragaillardi les soldats au point qu'ils annoncent avoir anéanti “la secte” dans son dernier repaire. Mais en décembre 2016, Abubakar Shekau sort de son mutisme et dément, à travers une vidéo, avoir perdu la bataille de Sambisa. Entre temps, il est tombé de son piédestal de “gouverneur” de la province de l'État islamique en Afrique de l'Ouest au profit de Abou Mous'ab al Barnawi, de son vrai nom Habib Youssouf, le fils aîné du fondateur de Boko Haram. Avec ses hommes, Shekau a reconstitué “Jamahatou Ahlou Sunna li dahwati wal jihad” et continue de tenir tête aux forces armées du Nigeria depuis la forêt de Sambisa.
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