La "Françafrique" est un mot-valise décrivant la diplomatie de l'ombre entre la France et ses anciennes colonies en Afrique. S'il est une figure qui l'incarne, c'est Jacques Foccart, responsable de la "cellule Afrique" de l'Elysée, sous de Gaulle, puis Pompidou.
Au lendemain des décolonisations, il met en place un réseau important sur ce continent dont il connaît tous les dirigeants. Robert Bourgi fut l'un des disciples de M. Foccart. Quatre affaires importantes ont illustré ces pratiques de l'ombre.
L'affaire des diamants de Bokassa
Jean-Bédel Bokassa raccompagné par Valéry Giscard d'Estaing sur le perron de l'Elysée en 1975AFP
Le 10 octobre 1979, Le Canard Enchaîné révèle que Bokassa Ier, empereur de Centrafrique, aurait offert des diamants à Valéry Giscard d'Estaing, alors qu'il n'était que ministre des finances et se rendait en Centrafrique pour des parties de chasse.
En avril 1979, plusieurs dizaines d'écoliers sont tués dans les prisons de Bangi, la capitale centrafricaine. Une commission d'enquête conclut à la participation "quasi-certaine" de Jean Bédel Bokassa à ce massacre, et en septembre, la France fait intervenir l'armée pour le remplacer par David Dacko, ancien président.
Selon certaines sources, l'entourage de M. Bokassa aurait alors aidé à la révélation de l'affaire des diamants, le "président à vie" espérant ainsi faire pression sur l'Elysée pour retrouver son trône.
L'affaire Carrefour du développement
Christian Nucci, ministre du développement et de la coopération en 1982.AFP/GABRIEL DUVAL
Christian Nucci, ministre socialiste chargé de la coopération et du développement, crée une association pour organiser un sommet de chefs d'Etat au Burundi en 1984 avec Yves Chalier, son chef de cabinet. Les subventions obtenues pour l'association serviront, entre autres, à financer les campagnes électorales de Christian Nucci ou à rénover un château.
Lorsque la droite arrive au pouvoir en 1986, le nouveau ministre de la coopération, Michel Aurillac, s'appuie sur un rapport de la Cour des comptes pour dénoncer le scandale. Un policier de haut-rang proche de Charles Pasqua, ministre de l'intérieur, offre à M. Chalier un faux passeport pour qu'il puisse fuir vers le Brésil et faire des révélations qui mettront en difficulté la gauche.
L'affaire Elf
Plate-forme pétrolière "off-shore" de la compagnie Elf Gabon au large de la ville de Port Gentil.AFP/JOEL ROBINE
Elf, société publique jusqu'en 1994, est très présente en Afrique par ses activités pétrolières. En enquêtant en 1994 sur le financement d'une entreprise de textile française notamment grâce à des filiales d'Elf Gabon, Eva Joly, alors juge d'instruction au pôle financier au palais de justice de Paris, découvre un système beaucoup plus vaste de corruption, où se mêlent financements occultes de la vie politique et appuis aux alliés de la France en Afrique.
L'affaire a conduit à la condamnation de plusieurs hauts responsables de la compagnie, dont son ancien PDG, Loïk Le Floch-Prigent, le M. Afrique de Elf, André Tarallo, et Alfred Sirven, l'ex-directeur des "affaires générales" d'Elf.
L'ancien ministre de François Mitterrand, Roland Dumas, condamné en première instance pour abus de biens sociaux, est finalement relaxé.
L'Angolagate
Pierre Falcone à la sortie du tribunal en 2008. Il a présidé la société Branco qui a négocié un contrat d'armement avec l'Angola.AFP/MARTIN BUREAU
En 1990, alors que la France refuse officiellement de vendre des armes à l'Angola parce que le pays est en guerre, une diplomatie parallèle se met en place, menée par Jean-Christophe Mitterrand, fils de François Mitterrand et ancien responsable de la cellule Afrique de l'Elysée. M. Mitterrand fait le lien entre les dirigeants angolais et l'homme d'affaires Pierre Falcone.
Cela aboutit à la conclusion d'un accord de livraison d'armes avec l'Angola pour un montant de 4 milliards de dollars par la société Brenco, dont M. Falcone est président. Cette société reverse ensuite régulièrement des enveloppes remplies d'argent liquide à différentes personnalités et finance également des mouvements politiques grâce aux bénéfices des ventes d'armes.
( Le Monde )
Au lendemain des décolonisations, il met en place un réseau important sur ce continent dont il connaît tous les dirigeants. Robert Bourgi fut l'un des disciples de M. Foccart. Quatre affaires importantes ont illustré ces pratiques de l'ombre.
L'affaire des diamants de Bokassa
Jean-Bédel Bokassa raccompagné par Valéry Giscard d'Estaing sur le perron de l'Elysée en 1975AFP
Le 10 octobre 1979, Le Canard Enchaîné révèle que Bokassa Ier, empereur de Centrafrique, aurait offert des diamants à Valéry Giscard d'Estaing, alors qu'il n'était que ministre des finances et se rendait en Centrafrique pour des parties de chasse.
En avril 1979, plusieurs dizaines d'écoliers sont tués dans les prisons de Bangi, la capitale centrafricaine. Une commission d'enquête conclut à la participation "quasi-certaine" de Jean Bédel Bokassa à ce massacre, et en septembre, la France fait intervenir l'armée pour le remplacer par David Dacko, ancien président.
Selon certaines sources, l'entourage de M. Bokassa aurait alors aidé à la révélation de l'affaire des diamants, le "président à vie" espérant ainsi faire pression sur l'Elysée pour retrouver son trône.
L'affaire Carrefour du développement
Christian Nucci, ministre du développement et de la coopération en 1982.AFP/GABRIEL DUVAL
Christian Nucci, ministre socialiste chargé de la coopération et du développement, crée une association pour organiser un sommet de chefs d'Etat au Burundi en 1984 avec Yves Chalier, son chef de cabinet. Les subventions obtenues pour l'association serviront, entre autres, à financer les campagnes électorales de Christian Nucci ou à rénover un château.
Lorsque la droite arrive au pouvoir en 1986, le nouveau ministre de la coopération, Michel Aurillac, s'appuie sur un rapport de la Cour des comptes pour dénoncer le scandale. Un policier de haut-rang proche de Charles Pasqua, ministre de l'intérieur, offre à M. Chalier un faux passeport pour qu'il puisse fuir vers le Brésil et faire des révélations qui mettront en difficulté la gauche.
L'affaire Elf
Plate-forme pétrolière "off-shore" de la compagnie Elf Gabon au large de la ville de Port Gentil.AFP/JOEL ROBINE
Elf, société publique jusqu'en 1994, est très présente en Afrique par ses activités pétrolières. En enquêtant en 1994 sur le financement d'une entreprise de textile française notamment grâce à des filiales d'Elf Gabon, Eva Joly, alors juge d'instruction au pôle financier au palais de justice de Paris, découvre un système beaucoup plus vaste de corruption, où se mêlent financements occultes de la vie politique et appuis aux alliés de la France en Afrique.
L'affaire a conduit à la condamnation de plusieurs hauts responsables de la compagnie, dont son ancien PDG, Loïk Le Floch-Prigent, le M. Afrique de Elf, André Tarallo, et Alfred Sirven, l'ex-directeur des "affaires générales" d'Elf.
L'ancien ministre de François Mitterrand, Roland Dumas, condamné en première instance pour abus de biens sociaux, est finalement relaxé.
L'Angolagate
Pierre Falcone à la sortie du tribunal en 2008. Il a présidé la société Branco qui a négocié un contrat d'armement avec l'Angola.AFP/MARTIN BUREAU
En 1990, alors que la France refuse officiellement de vendre des armes à l'Angola parce que le pays est en guerre, une diplomatie parallèle se met en place, menée par Jean-Christophe Mitterrand, fils de François Mitterrand et ancien responsable de la cellule Afrique de l'Elysée. M. Mitterrand fait le lien entre les dirigeants angolais et l'homme d'affaires Pierre Falcone.
Cela aboutit à la conclusion d'un accord de livraison d'armes avec l'Angola pour un montant de 4 milliards de dollars par la société Brenco, dont M. Falcone est président. Cette société reverse ensuite régulièrement des enveloppes remplies d'argent liquide à différentes personnalités et finance également des mouvements politiques grâce aux bénéfices des ventes d'armes.
( Le Monde )