DAKARACTU.COM S’ils le disent mezza voce, nombre de leaders du Mouvement des forces vives du 23 juin soupçonnent l’architecte Pierre Goudiaby, proche du chef de l’Etat, d’avoir avec ce dernier un agenda caché dans le cadre de la médiation du Groupe des six (G6). Une suspicion qui agace au plus haut point l’architecte, un homme du privé qui brillait avant l’arrivée d’Abdoulaye Wade au pouvoir, un self made man connu pour sa liberté d’esprit et son franc-parler. Pierre Goudiaby a déclaré il y a déjà plus de deux ans, dans une interview : « Ceux qui conseillent à Wade de se présenter en 2012 ne l’aiment pas. » Il est convaincu que Wade doit partir en 2012, mais dans la dignité. Il dit haut et fort ce qu’il pense, ce qui lui a d’ailleurs valu d’être chassé du palais il y a quelques mois pour avoir reproché au chef de l’Etat d’avoir tenu certains propos sur le culte catholique. Depuis qu’il a entamé la médiation dans le cadre du G6, il refuse de rencontrer seul le président, qu’il voit habituellement presque chaque jour. Le dimanche 10 juillet, le G6 devait être reçu par Wade pour un compte-rendu provisoire sur sa rencontre avec le Mouvement des forces vives du 23 juin. A 19h, l’heure du rendez-vous, certains membres du G6 étaient sur la route en provenance de Touba. Goudiaby a fait reporter la rencontre, refusant d’aller seul au palais.
Cet architecte renommé, quelquefois contesté, croit profondément que les acteurs politiques doivent se parler, s’entendre sur les règles du jeu, emménager une porte de sortie honorable à Wade… Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il tente de renouer les fils du dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Il y a trois ans, il était au bout d’une médiation qui devait les réunir autour d’une table. Et, à entendre son entourage, c’est l’un des leaders actuels de l’opposition, à l’époque proche collaborateur de Wade, qui avait torpillé son initiative et renvoyé le dialogue aux calendes grecques.