Exploitation du pétrole: une affaire d’escroquerie portant sur 62 millions Fcfa atterrit à la barre du tribunal



A peine entamé au Sénégal, l’exploitation du pétrole commence à faire des victimes. En effet, une affaire d’escroquerie portant sur 62 millions Fcfa a permis d’attraire, ce 26 juin, le prévenu M. Talla devant la chambre correctionnelle. Il est poursuivi par le plaignant M. Ngoma qui lui reproche des manoeuvres frauduleuses dans un projet immobilier commun qu’ils entendaient dérouler ensemble. Devant la barre, le mis en cause a nié les faits et évoque d’un business qui a capoté.

« Le projet visait à construire des chambres d’hôtes à Saint-Louis dans le cadre de l’exploitation du pétrole. On s’est convenu à le mettre en œuvre c’est dans ce cadre que mon collaborateur m’a remis 62 millions Fcfa. », a indiqué le mis en cause qui a expliqué n’avoir jamais eu l’intention d’escroquer M. Ngoma. Pour la partie civile, il en est tout autre. Selon elle, le prévenu est venu vers lui pour lui proposer le projet. Ce dernier a abusé de sa confiance pour lui soutirer 62 millions Fcfa. Dans les faits, le plaignant a expliqué que le sieur Talla, par mauvaise foi, a pris son argent en lui faisant croire qu’il a l’expertise nécessaire pour la mise en place d’un projet immobilier qui sera très rentable dans le court terme. 



Dans sa plaidoirie, la partie civile a relevé la matérialité du délit d’escroquerie et a chargé le mis en cause d’avoir agi en connaissance de cause.

« Un projet immobilier exige d’abord un projet financier et le projet est estimé à 62 millions Fcfa. Mon client lui a remis tout l’argent mais quand il a su que le projet ne tenait à rien, il a réclamé son dû. Pis, ne voulant pas rendre l’argent, M. Talla fera croire à monsieur Ngoma qu’il peut fructifier l’argent en se lançant dans la vente de matériel en dépensant plus de 37 millions Fcfa de la somme reçue », a indiqué le conseil du plaignant.



Pour la partie civile, dans cette affaire, les manoeuvres sont caractérisées en prenant comme pretexte une surévaluation. Elle a demandé de déclarer coupable le prévenu malgré le dépôt sur la table de la somme de 9 millions Fcfa par le prévenu en guise de remboursement. La partie civile a réclamé le paiement de 30 millions Fcfa pour toutes cause de préjudices.



Dans sa réquisition, le parquet a dénoncé un mode opératoire astucieux du prévenu pour tromper son collaborateur.

« Il ressort des éléments de la procédure que le nommé M. Talla avait proposé à son collaborateur un projet immobilier en construisant des chambres d’hôtes qui devait se faire à Saint-Louis. C’est dans ces entrefaites que le plaignant a investi 62 millions Fcfa. Le délit est matériellement établi car les mensonges du mis en cause prouvent les manoeuvres frauduleuses. Il n’a pas rapporté la preuve qu’il y a un site permettant d’établir le projet. », a expliqué le maitre des poursuites qui attire l’attention du tribunal sur des faits constitutifs.

« Non seulement il n’y a pas de site, il n’y a aucune évaluation ni aucun devis pour réclamer la somme de 62 millions Fcfa parce qu’il voulait entrer en possession de cette somme. Pour faire croire à son collaborateur de sa manoeuvre, il s’est déplacé à Saint-Louis en engageant un courtier en faisant croire qu’il a acquis un site de 6ha à 23 millions Fcfa alors que le site est évalué à plus de 100 millions Fcfa», a soutenu le représentant du ministère public qui croit plus à une mise en scène du prévenu. Le parquet qui estime que le délit est matérialisé a requis 3 ans d’emprisonnement ferme contreM. Talla.

« Il n’y a ni apport en société, ni un apport en industrie ni un apport en numéraire. Il parle de réseau alors qu’il n’en est rien. Il n’y a aucun acte attestant qu’il a une société ou a passé un marché », a conclu le procureur.

Pour sa part, la défense dément l’existence du délit et a évoqué un projet commun entre les parties.

« Monsieur Talla n’est pas un délinquant qu’il faut mettre à côté. Il n’a jamais été question de promettre à son collaborateur un projet immobilier. Il s’agit d’un projet commun dans l’optique de l’exploitation du pétrole. Les deux sont convenus d’un projet à mettre en oeuvre à Saint-Louis. Monsieur Ngoma a remis 62 millions Fcfa à monsieur Talla et ils se sont déplacés ensemble à Saint-Louis », a indiqué le conseil de la défense. Pour l’avocat, il n’y a aucune manoeuvre frauduleuse. Ils se sont rendus là-bas et se sont rendus compte que l’argent ne pouvait pas réaliser le projet, il ont décidé d’arrêter le projet. C’était une société de fait. Il a remboursé jusqu’à 37 millions Fcfa et s’était engagé à verser 1 millions Fcfa tous les mois. Il n’y a aucune infraction pénale. Il s’agit d’un business qui a capoté », a expliqué le conseil qui a demandé la relaxe pure et simple de son client.



L’affaire a été mise en délibéré au 3 juillet prochain…
Mercredi 26 Juin 2024
Moussa Beye