Exclusif ! Comment Moussa Sy a-t-il été récupéré par Wade ?

DAKARACTU.COM  Il avait déjà écrit sur le front le trait du fugitif. Avec un énorme « Wanted » plaqué sur tous les murs de Dakar, sa photo à l’appui. Moussa Sy commençait à désespérer ses amis libéraux et aussi se désespérer d’eux. La première escarmouche survint le 23 juin, lorsqu’il sonna l’hallali aux portes de l’Assemblée nationale, disant haut et fort qu’il n’allait pas se laisser égorger pour un décret présidentiel inique et pour lequel il n’avait même pas été consulté. Il en ressortit en héros populaire, comme celui qui a osé aller à l’encontre de ses camarades, pour le bien du peuple. Le député du peuple de la banlieue. C’était sa nouvelle image et sa mue allait continuer par son silence sur bien des questions qui, elles, faisaient s’égosiller de mauvaise foi la plupart de ses frères libéraux. L’attaque de la mairie de Mermoz - Sacré-coeur confirma dans l’opinion son étrangeté, puisqu’il se rangea de façon solidaire contre ceux qui avaient eu l’outrecuidance d’attaquer un confrère édile à lui, fût-il socialiste. Il menait la cabale des maires contre les sauvageons du PDS, déguisés en lutteurs. Il devenait encore plus sympathique, Moussa Sy. Par envie, par illusion, on l’annonça chez Idrissa Seck, comme un bon pré-transhumant, de ceux qui savent quitter le navire avant qu’il ne coule pour ne mériter plus tard qu’un petit séjour au purgatoire d’une éventuelle alternance. Moussa Sy qui déserte les prairies bleues, même en temps de sécheresse doctrinale, ça fait carrément désordre !!! Abdoulaye Wade sonne alors le rappel. Son rappel. Nous sommes le 1^er janvier, date idoine pour venir prendre des étrennes. C’est fait pour ça le 1^er  janvier, c’est le jour des étrennes, alors le Père Noël, qui s’est fait passer pour Abdoulaye Wade le convoque ce jour.
Le distrait est à Rufisque. Serigne Mbacké Ndiaye, celui qui poste la lettre du Père Noël, l’instigateur de l’opération, lui téléphone et lui dit de rappliquer dare-dare au palais, sinon après c’est Pâques et les temps seront plus incertains. Moussa Sy, comme son nom l’indique, dit « Si !!Si !! J’arrive », fait volte-face et fonce sur le palais à la rencontre de son Graal, Wade en personne. Il attend quand même un peu dans la salle d’attente, « le vieux » a ses réflexes de sadique, il lui faut un peu patienter, ne pas lui donner l’impression qu’il a le pardon facile, ça donnerait des idées aux autres et finit par le recevoir à 22h30. Là, dans une ambiance bon enfant, ils se parlent, émus des vieux souvenirs des temps de l’opposition, des moments où Wade est venu lui présenter ses condoléances à la mort de son papa, souvenir impérissable gravé au marbre libéral dans la mémoire de Moussa Sy. Passées ces retrouvailles humides et sincères, Moussa Sy passe à l’opération dénonciation des coups bas dont il est éternellement victime. Wade aime ça. Caresser les petits chiots mouillés par le chagrin, ça le rend plus humain. Moussa Sy se plaint des bâtons qu’on lui a mis dans les roues lorsqu’il a voulu un terrain aux Parcelles assainies pour y construire un commissariat municipal. Wade appelle la personne concernée. Moussa a son terrain. Dans la minute qui suit. On est roi ou on ne l’est pas !!! Il lui rappelle sa promesse d’aide matérielle qu’il lui avait faite un jour dans un de ses moments de distraction bien présidentielle et qui commence à dater. J’avais oublié, pardi que suis-je distrait !!! Wade dégaine comme à l’accoutumée et le compte est bon. Il va pour partir et quitter son « de-nouveau-président », quand il se souvient que c’est décidément son jour de chance et lui soumet le problème de sa fréquence radio aux Parcelles. Accordée !!! Il prit congé du Père Noël, les bras remplis de cadeaux, mais eut le temps de lui dire, même avec la bouche pleine, que si il a réussi à remporter dix élections dans sa commune, c’est pas aujourd’hui que Wade va perdre dans son fief, cette si reconnaissante cité des Parcelles. Où on sait dire « merci »…