Cinq mois après avoir quitté le pouvoir, l'ancien président égyptien Hosni Moubarak fait face à ses juges. Accusé de corruption et d'être responsable de la mort de centaines de manifestants en janvier et février, il risque la peine de mort.
L'ancien « raïs », âgé de 83 ans et que son entourage dit malade, a quitté mercredi matin l'hôpital de Charm el-Cheikh, la station balnéaire de la pointe sud du Sinaï où il s'était retiré en avril, pour se rendre au Caire et assister à son procès.
Un convoi motorisé a été vu par des témoins quittant l'hôpital à destination de l'aéroport, et Mohamed Naguib, chef des services sécurité du Sud-Sinaï, a confirmé que « Moubarak a quitté l'hôpital de Charm el Cheikh ». De son côté la télévision d'Etat a affirmé que « Moubarak était transporté en ambulance à l'aéroport de Charm el-Cheikh en vue de son départ pour Le Caire ».
Printemps arabe
C'est la grande différence avec Zine El Abidine Ben Ali, l'autre grande victime des soulèvements populaire du « printemps arabe » : l'ex-président tunisien, réfugié en Arabie Saoudite, n'a pas comparu devant ses juges et c'est par coutumace qu'il a été condamné, à trois reprises, ces dernières semaines.
Hosni Moubarak, lui, était donc attendu ce mercredi dans le grand amphithéâtre de l'école de police, dans la banlieue du Caire, où doit avoir lieu le procès. Ses deux fils Alaa et Gamal et huit autres proches de l'ancien régime sont appelés à comparaître, pour corruption et pour avoir donné l'ordre de tirer sur les manifestants au printemps, faisant au moins 840 morts selon un bilan officiel.
Cancer de l'estomac
La révolution égyptienne, qui a suivi de quelques semaines celle qui eut lieu en Tunisie, a conduit Hosni Moubarak à démissionner, après 30 ans de pouvoir. Il s'est réfugié à Charm el-Cheikh et y a été soigné pour des problèmes cardiaques. Mais selon son avocat, il souffrirait d'un cancer de l'estomac – diagnostic non confirmé officiellement –, ce qui pourrait l'amener à demander un report de son procès ou l'autorisation de ne pas y assister en permanence. L'un de ses médecins a affirmé de son côté que l'ancien président était déprimé et refusait de s'alimenter correctement.
Plus d'un millier de policiers et de soldats sont prévus pour assurer la sécurité aux alentours de l'endroit où doit avoir lieu le procès au Caire. Près de 600 personnes (avocats, familles des victimes, journalistes) ont été autorisées à y assister.