ENGAGEMENT TRAHI ET MAL REMUNERE : Quand Wade ignore ses jeunes fidèles


Le président Abdoulaye Wade, potentiel candidat à sa succession pour la présidentielle de février prochain, serait dans une logique d’instrumentalisation de la jeunesse qui lui voue fidélité. Des jeunes qui se réclament de lui, lui disent «assez !». Ils citent Mohamed Massaly comme l’exemple d’un «engagement trahi et mal rémunéré», et affirment qu’ils ne vont pas se casser la tête à combattre aux côtés d’«un général qui méprise ses hommes».

Par F. NZALE

S’il veut compter sur la jeunesse comme fer de lance de sa (re)conquête du fauteuil présidentiel en 2012, le président Abdoulaye Wade devra adopter une autre posture vis-à-vis de cette jeunesse-là. C’est du moins ce que pensent des membres du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui craignent que la formation libérale ne se vide de sa force combative, c'est-à-dire, précisément, la jeunesse sur laquelle Wade s’est essentiellement appuyée pour arriver au pouvoir. En d’autres termes, ces voix libérales outrées qui se font entendre depuis le siège de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl), structure dirigée par Bara Gaye, demandent à leur Secrétaire général, Abdoulaye Wade, de «rompre avec cette tendance à l’instrumentalisation de la jeunesse». Selon ces jeunes, il est contre-productif pour le Pds de ne pas manifester assez d’égard envers ceux qui, en particulier, se sont donnés corps et âme pour le triomphe et le règne libéral. «Quand on voit comment Mohamed Massaly (Coordonnateur national des jeunesses wadistes, ndlr) a été traité par le Parti, il y a de quoi s’interroger». En effet, le jeune libéral surexcité avait vu la maison de sa mère incendiée à Thiès par des opposants qui lui reprochaient un engagement «trop débordant» aux côtés de Wade. Mais Massaly, qui a juré fidélité à ce dernier, est même allé jusqu’à défier la communauté catholique au plus fort de la crise qui s’était instaurée entre l’institution religieuse et le président Wade, dans la foulée des cris d’indignation dont le monument de la Renaissance a été l’objet. «S’il faut mourir, je mourrai. Mais personne n’atteindra le président sans passer sur mon cadavre», avait alors averti celui qu’on a vite fait de surnommer le «Blé Goudé sénégalais». En récompense à sa «loyauté», le jeune libéral a été limogé de son poste de Président de conseil d’administration (Pca) de la Société des infrastructures de réparation navale (Sirn). En plus, il n’a jusqu’ici pas été indemnisé pour le saccage du domicile maternel.
Si elle cite l’exemple de Mohamed Massaly, c’est que Cette fraction des jeunes «wadistes» voit en lui «un exemple de fidélité et de loyauté qui doit plutôt être récompensé» ; D’autant plus que, informe-t-on, M. Massaly a, à ce jour, «décliné plusieurs offres de formations politiques de l’opposition dont celle du parti d’un dissident du Pds» qui serait prêt à le recruter dans ses rangs avec, comme «offre d’embauche», cinquante millions Cfa et deux voitures 4X4. Mais l’essence du propos des jeunes wadistes se résument en ces termes : «Compte tenu de la manière dont Wade traite ses plus fidèles partisans, il n’est pas indiqué de trop s’engager pour le défendre». Et pour nos interlocuteurs, le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais est davantage une «machine à broyer sa jeunesse». Selon les jeunes issus des rangs de l’Ujtl et qui se sont confiés à nous, leur engagement pour l’élection présidentielle de février 2012 sera, sous ce rapport, plutôt «tiède». Le cas échéant, c’est le Pds et son candidat qui accuseraient alors un sacré coup.

(Source : La Tribune )
Jeudi 17 Novembre 2011