ENFANCE, VIE DE COUPLE, MODE, BOULOT, JALOUSIE, RELIGION : Déguène Chimère Diallo se lâche


Son habillement très coloré, son maquillage bien spécial, son succès, sa frayeur la veille du 23 juin, son «Papa» Me Babou... La vie de l'animatrice Déguène Chimère Diallo se raconte comme un roman. Avec beaucoup d'amour mitonné de spiritualité qui permet de surpasser les méchancetés, elle revient sur le parcours professionnel, ses goûts, sa vie de famille, sa foi, ses déceptions ; bref sa vie tout court... Entretien avec EnQuête...  

 

Par JOE OUSMANE FALL

 

EnQuête : Bonjour Mme Babou. Nous vous avons trouvé dans les studios de TFM où vous venez de terminer deux heures de direct. Ce n'est pas donné à tout le monde d'animer quotidiennement ce genre d'émission...

 

Déguène Chimère Diallo : Je remercie le Bon Dieu et son Prophète qui m'ont donné autant d'énergie et de lucidité pour pouvoir animer ce genre d'émission. Il faut souligner que je ne sens même pas le stress car nous travaillons dans une bonne ambiance. Vous savez que nous sommes une belle équipe qui abat un travail de titan et dans une parfaite ambiance, même si c'est moi que les gens voient au devant de la scène. Ce qui fait que nous ne sentons même pas l'heure passer. 

 

Les gens qui vous connaissent savent que vous avez un long passé dans les médias comme animatrice de radio. Comment cela s'est passé ?

Cette reconversion ne s'est pas fait sentir à cause de cette expérience accumulée. Effectivement, j'ai fait quelque chose comme 16 à 17 ans de radio. J'ai fait mes débuts à Radio Dunya, et je suis passée à Océan FM et Envi FM. J'ai créé également une agence de communication avant d'atterrir à la Télé Futurs Médias. Je peux l'appeler une succession d'expériences qui m'ont permis d'arriver ici, et ceci m'a facilité mon travail à la télé. Pourtant, les gens oublient que j'ai animé une émission qui avait pour nom «Confidences» et qui durait 4 heures de temps (de 8h à 12h). C'est cette somme d'expérience qui m'a facilité tout ce travail abattu sur cette chaîne de télé qu'est la TFM. 

 

Tout n'a sans doute pas été facile, n'est-ce pas ?  

C'est vrai que dans chaque carrière, il y a des périodes fastes et d'autres assez difficiles. Vous savez, avec ce genre d'émission que j'anime, je suis obligée de me dédoubler. Tantôt tu te comportes comme une assistante sociale, tantôt en psychologue. Figurez-vous que pendant plus d'une quinzaine d'années, j'ai été à l'écoute d'une cinquantaine de personnes par semaine, via mon émission radio. Ce qui n'est pas rien si vous faites le calcul sur une année d'émission. 

Il est arrivé un moment où j'étais bourrée et stressée. Et je me suis dit qu'il fallait que j'aille à la Mecque faire le petit pèlerinage (Oumra) afin de faire le vide dans ma tête. Un mois après, je suis retournée aux Lieux Saints pour le grand pèlerinage (Haj). La spiritualité m'aide à bien me sentir dans ma tête. Je vis le tawhid que seules les personnes qui me sont proches peuvent voir et comprendre. J'ai une force intérieure qui n'est autre que le résultat d'une vie remplie de foi et de religiosité. C'est pourquoi je peux faire face à toutes sortes de situations, si compliquées soient-elles. Il y a même des gens qui se demandent s'il m'arrive de  manifester mes colères et mes états d'âme ? Mais je veux juste dire aux gens qui me regardent à travers l'émission Wareef que tout effort mérite récompense. Je souligne aussi que je suis issue d'un milieu équilibré, avec des parents équilibrés. Si vous allez au quartier Point E où je suis née, où j'ai grandi et que vous demandez qui est Déguène Chimère, on vous dira que sa maman est une femme exemplaire, dotée d'un calme légendaire. 

 

On dit aussi que le Sénégalais est jaloux des gens qui réussissent. Avez-vous vécu des méchancetés ?

Vous savez, quand je démarre une émission, je m'attends à tout. La personne est juste une somme d'expériences. Si vous êtes «formaté» pour ce type de réaction, vous devez vous attendre à tout. Il y a des gens qui, quand ils vous voient, zappent et changent de chaîne. Par contre, d'autres ne vivent que pour vous parce qu'ils aiment ce que vous faites. Et puis, il n'y a jamais de fumée sans feu. Dieu a façonné le monde de sorte que toute personne qui commet une mauvaise action en paye les conséquences. C'est pourquoi, j'essaie dans ma vie d'avoir le culte du respect de l'autre. Je me dis toujours que quand quelqu'un fait une mauvaise chose, il le regrettera toujours à un moment donné de sa vie. Une anecdote : un jour, alors que j'animais l'émission 'Confidences' à la radio, quelqu'un est intervenu en direct pour se plaindre de la tonalité de ma voix. Je lui ai parlé poliment et sa réaction a été de rappeler plus tard et de présenter ses excuses les plus sincères car je ne l'avais pas suivi dans ce qu'il voulait. Vous savez, il y a du bon et du mauvais dans chaque personne. Et il y a des gens foncièrement méchants, mais tout ce qu'ils feront de mauvais se retournera contre eux. 

 

Etes-vous fière de savoir que beaucoup d'hommes et de femmes vous considèrent comme une ambassadrice de l'élégance et de la beauté de la femme Saint-louisienne ?

C'est vrai qu'à Saint-Louis, les gens sont très posés et courtois. Il est vrai que la femme Saint-Louisienne aime le beau et ne s'en prive pas. Peut-être qu'aujourd'hui on parle de Déguène Chimère pour évoquer l'élégance légendaire des Saint-Louisiennes, mais je suis convaincue qu'il y a beaucoup de femmes de cette ville qui ont été à la base de ce qui fait la bonne réputation des femmes de Saint-Louis. 

 

Mais ne trouvez-vous pas que vous vous habillez trop VIP. D'après certains, votre maquillage semble être trop prononcé pour ce genre d'émission qui s'adresse au peuple ?

Vous savez, chaque personne a ses raisons pour regarder la télé. Il y a certains qui regardent Wareef (l'émission qu'elle anime sur la TFM) juste pour voir ma toilette et d'autres pour les sujets abordés. Donc, il faut faire en sorte que tout le monde soit content. Pourtant, tu peux t'habiller beau et pas cher. La preuve, vous voyez vous-même que ce que je porte ne coûte pas grand-chose. C'est le feeling qui compte et la manière dont vous portez ces habits. La mode est une question de goût. Peut-être que beaucoup voient ma personne pour la première fois avec mon émission Wareef, mais si vous savez d'où je viens, vous saurez que j'ai toujours pris soin de moi. Même quand j'étais une jeune élève au lycée d'Application (Seydou Nourou Tall). La mode m'a toujours intéressée. C'est pourquoi les gens ne me croient pas quand je tombe malade, parce que je soigne mon paraître malgré la douleur. Et je suis obligée même de jurer pour que mon entourage me croie. Il y a beaucoup de mes photos qui sont sur le net et pourtant les gens ne croient pas que je les ai faites quand j'étais à la radio où l'on ne vous voit pas. C'est juste une démarche de femme saint-louisienne. (Rires). Et je pense que ça ne déplaît pas aux téléspectateurs.

 

Votre mari, l'avocat et député Me Abdoulaye Babou, ne tarit pas d'éloges sur votre personne. Quel est votre secret ? 

Vous savez, l'homme sénégalais ne parle des qualités de sa femme que quand elle passe de vie à trépas. Il faut que cette situation cesse ! Vous voyez une femme qui souffre dans son ménage et qui fait son possible pour rendre heureux son homme et ses enfants. Un jour, elle meurt et son mari en profite pour lui rendre un hommage public. C'est pourquoi, quand Me Babou me rend hommage de mon vivant, il ne le fait pas pour moi seule mais pour toutes les femmes oubliées dans leurs efforts de tous les jours, et qui n'ont personne pour les remercier de leur vivant. Beaucoup pensent que le fait de parler de sa femme en des termes élogieux est un signe de faiblesse. Que nenni ! 

Un couple doit se dire de bonnes choses tout le temps, se faire des caresses, se chamailler, etc. Un couple n'est pas un duo d'ennemis. Un jour, j'ai entendu quelqu'un dire qu'un couple, c'est deux ennemis obligés de vivre ensemble. Ce qui est totalement faux. Vivre ensemble, ce n'est pas un combat perpétuel. Tu as beau être belle et élégante, ce n'est rien par rapport au respect et à l'amour que tu dois donner à ton mari. J'ai une lecture assez féodale du mariage. Vous savez, même pour aller à un baptême ou mariage, j'avertis Papa (NDLR: son mari) une semaine à l'avance. Il s'en offusque même parfois mais je lui dis que c'est mon rôle de procéder ainsi. Il y a des femmes qui font autrement et cela n'est pas du tout normal.

Et puis, ce que les gens ne savent pas, c'est que j'ai un mari très spirituel. Ah oui ! Me Babou adore Dieu et son Prophète. De même que pour moi, les gens ne voient que la coquetterie mais il y a autre chose derrière : la spiritualité. Pour Me Babou, je dirais qu'il me fascine même parce que c'est quelqu'un qui passe tout son temps à jeûner. Idem pour la nuit. Il passe une grande partie de la nuit à faire des «rakas». C'est pourquoi, un jour, je lui ai dit que je n'avais pas besoin de suivre un marabout car il en est un. Nos rapports sont assez spirituels et beaucoup de choses nous rassemblent. C'est inexplicable. Je demande que Dieu nous laisse ensemble et en vie pour longtemps. 

 

La presse ne vous a pas ratée ces derniers jours concernant l'incendie jugé suspect d'une de vos voitures. De même, votre mari a entendu des vertes et des pas mûres à cause de sa position par rapport à ce projet de loi de ticket présidentiel tant décrié. Comment avez-vous vécu tout ça ?

Mon mari est un homme politique. En tant que président de commission des lois de l'Assemblée nationale, son rôle n'est pas du tout facile. C'est un juriste et vous l'avez vu défendre la loi contre le blanchiment d'argent au Sénégal. Par contre, pour ce projet de loi qui devait être voté le 23 juin dernier, je dis qu'il a ses raisons. C'est un problème dans lequel je ne peux pas m'immiscer. Vous vous rendez compte que l'incident a eu lieu à quatre heures du matin. Les enfants ne veulent plus (jusqu'à présent) rester trop longtemps à la maison tellement ils ont été traumatisés. Parce qu'ils ont vu la voiture partir en fumée en pleine nuit, de même que la devanture de notre demeure. Même les voisins se sont levés en pleine nuit, accourant et tenant leurs enfants dans leurs bras. Ils avaient peur, très peur. Donc, nous ne sommes pas les seuls à avoir vécu cet incident. 

Des journalistes sont venus faire un reportage et je les ai accueillis avec tout le respect qui sied. Ils ont tout vu. C'est pourquoi je ne peux comprendre que le lendemain, ils se permettent d'écrire des contrevérités arguant que nous avons même été à l'origine de cet incendie. Avec tout le respect que j'avais pour le journal Rewmi, maintenant je me demande si je dois croire à tout ce que ces gens écrivent. Et puis, ils ont fait un article d'une rare méchanceté qui est sorti en un moment où les enquêteurs se relayaient à la maison pour mettre la lumière sur ce qui s'est passé. Je trouve que c'est anormal. Dans cette vie, chaque acte aura sa rétribution. Et cela, tôt ou tard.

SOURCE : journal Enquête

Samedi 9 Juillet 2011