L’absence totale de l’espace africain et de ses acteurs dans les discours et cérémonies consacrant la célébration, le 6 juin, en France débarquement allié en Normandie, montre que l’histoire devient généralement ce qu’en font les acteurs dominants. Ce constat tient du fait que l’Afrique est absente politiquement, physiquement et spirituellement des manifestions en préparation du 6 juin 2014. Les dirigeants français, en n'invitant aucun chef d’état africain, et ne faisant en outre nullement allusion aux vies africaines sacrifiées pour la liberté de leur pays, démontrent manifestement que même dans les cimetières, les cadavres africains se font larguer par leurs homologues occidentaux. Ceci, à l'image de l’Afrique par l’Occident à l’échelle internationale du développement économique et social. Cet article a pour but de restituer leur rôle et leur importance aux acteurs et à l’espace africains, par une lecture en longue période et interdépendante du débarquement de Normandie. L’Afrique comme théâtre d'opérations
Au début de la seconde guerre mondiale, presque toute l’Afrique est une propriété privée des puissances coloniales occidentales. De ce fait, la seconde guerre mondiale qui oppose ces puissances coloniales (Allemagne et Italie contre France, Angleterre, Belgique...), entraîne inéluctablement l’entrée de l’espace africain et de ses acteurs dans le conflit. L’Afrique, en tant qu’espace et acteur, contribue à la consolidation du camp allié en servant d’assise territoriale pour les opérations de guerre alliées. Cette assise territoriale se construit par le ralliement successif des empires coloniaux français et britannique à la cause alliée. C’est ainsi que, tour à tour, le Liberia, l’Afrique orientale et occidentale anglaise, l’Union sud-africaine, le Congo belge, l’Afrique-équatoriale française (A-ÉF) et le Cameroun, deviennent des assises territoriales alliées participant aux opérations militaires de “ la France libre ” qui fut elle-même l’œuvre du Guyanais Félix Eboué, gouverneur du Tchad. De là le fait que le conflit franco-français entre partisans du général de Gaulle et ceux du maréchal Pétain structure l’espace africain en une “ Afrique de Vichy ” regroupant l’Afrique Occidentale française (AOF) et une “ Afrique de la France libre ” concentrée surtout dans l’Afrique-équatoriale française (A-ÉF) et le Cameroun. Outre ce rôle, l’Afrique sert de cadre au positionnement stratégique des forces alliées par rapport aux forces ennemies. À ce titre, les possessions ouest-africaines de la Grande-Bretagne servirent de bases stratégiques indispensables aux Alliés lorsque la route de Suez fut occupée par l’entrée en guerre de l’Italie et après l’occupation des territoires asiatiques par les Japonais. De même, le port en eau profonde de Freetown au Liberia devint la position stratégique en Atlantique sud alors que l’aérodrome de Roberts Field dans le même pays était utilisé comme escale des forces alliées en partance vers l’Asie. C’est à partir de cette assise territoriale que l'Axe essuya ses premières reculades face aux forces combattant du côté de “ la France libre ”.
En effet, de 1942 à 1943, Accra recevait en moyenne 200 avions américains par jour, alors que plusieurs milliers de soldats anglais et américains transitèrent par l’Ouest africain pour se rendre au front. “ La France libre ” possédait donc désormais une légitimité territoriale où des détachements d’Africains, levés en A-ÉF et au Cameroun, combattirent contre les Italiens en Érythrée alors que d’autres procédaient à des raids et harcèlements des positions sahariennes de l’Italie. Commandées par Leclerc, ces troupes africaines luttèrent contre l’Italie et conquirent le Fezzan. Elles opérèrent en 1943 une jonction avec les troupes britanniques qui s’opposaient à l’Afrika Korps de Rommel sur le territoire libyen. Dans le Sud, les troupes du général Cunningham, composées de soldats britanniques, sud-africains et belges, parties du Kenya vers la Somalie, prirent Mogadiscio, Harrar puis Addis-Abeba. Elles allèrent rejoindre les troupes du Nord et forcèrent les Italiens à capituler. Et lorsque le Maréchal Rommel perça les lignes britanniques et envahit l’Égypte, c’est la victoire d’El-Alamein qui permit aux Alliés de reconquérir l’Égypte et le canal de Suez dont l’importance stratégique devint fondamentale après l’occupation de l’Europe occidentale par les forces nazies. Ce fut le premier débarquement ou opération “ Torch ” dont le but fut de renforcer “ l’Afrique de la France libre ” afin de créer un deuxième front réclamé par Staline et d’empêcher les “ Vichystes ” de céder l’Afrique du Nord comme base militaire aux Allemands. Cette opération, réalisée par plus de 100000 hommes dont des milliers Africains, déplaça les opérations militaires en Tunisie et fit passer non seulement l’Afrique du Nord, mais aussi “ l’Afrique de Vichy ” dans le camp de “ la France libre ”. Le conflit entre “ vichystes ” et partisans de “ la France libre ” ayant diminué d’ampleur après le ralliement de l’AOF et de l’Afrique du nord au camp allié, il fallait maintenant résoudre le conflit au sein de “ la France libre ” entre partisans du général de Gaulle et ceux du général Giraud. Et, encore une fois, c’est l’espace africain qui servit de cadre à la Conférence de Casablanca où Roosevelt et Churchill trouvèrent une entente entre les deux hommes et où fut fondé le Comité français de libération nationale et prise la décision de l’organisation d’un débarquement en Europe de l’ouest. Tous ces événements historiques prouvent qu’une lecture en longue période du débarquement de Normandie ne peut se limiter à retracer uniquement le rôle des grands acteurs et de leurs espaces. D’autres acteurs et d’autres espaces, en l’occurrence l’Afrique furent impliqués et participèrent abondamment et douloureusement à de nombreuses opérations. Le débarquement de Normandie n’est alors rien d’autre que l’aboutissement d’un long processus d’une foule d’opérations étalées dans le temps et qui constituèrent des facteurs facilitateurs de son organisation et de sa réussite.
L’Afrique comme facteur de production
Un deuxième aspect de l’implication de l’Afrique dans les conditions ayant permis le débarquement allié en Normandie concerne la mobilisation de ses hommes et de ses ressources par les puissances coloniales alliées au titre de l’effort de guerre. En effet, l’Afrique qui, déjà connaissait l’exploitation outrancière de ses hommes (commerce triangulaire) et de ses ressources naturelles (matières premières) par les grandes puissances coloniales, voit cette exploitation s’accélérer avec la deuxième guerre mondiale et la préparation de l’offensive alliée.
Pour ce qui est de la mobilisation et du recrutement des hommes, l’empire colonial britannique participa aux combats non seulement dans le continent africain mais aussi en Europe. De 1940 à 1944, 169 000 combattants furent mobilisés dans l’Ouest africain britannique tandis que l’East African Force s’accroissait de 75 000 hommes venant du Kenya, 55 000 d’Ouganda, 92 000 du Tanganyika et 30 000 du Nyassaland (R.Cornevin, 1973, cité par Hélène d’Almeida-Topor, 1999, p.136). L’Union sud-africaine, redoutant l’armement des populations noires, fournit aux Alliés 218 260 volontaires dont 61,9% d'hommes blancs, 5,9% de femmes blanches, 12,6% d’hommes coloured et 19,6% d’hommes noirs dont 5 500 furent tués (R.Thomson, 1990).
L’empire colonial français ne fut pas en reste. Les colonies françaises fournirent 80 000 hommes pour les campagnes de “ la France libre ”. Ce contingent comprenait 10 500 Malgaches dont 29,6% furent tués, 68 500 soldats d’Afrique noire dont 38 % périrent, 340 000 Nord-africains. Dans sa totalité, “ l’Afrique de la France libre ” mobilisa 100 000 hommes aux côtés des Alliés entre 1943 et 1945(1). Toutes ces mobilisations amenèrent pour la première fois les Africains à combattre en dehors de leur continent. Il existait aussi une mobilisation et une exploitation des ressources naturelles africaines pour financer les dépenses militaires alliées. C’est ainsi que dans l’Ouest africain, les conseils législatifs de chaque colonie affectèrent des sommes considérables à la guerre avec le soutien de leurs membres africains.
En dehors des contributions en nature, le total des contributions financières de l’empire colonial britannique s’élève à 931 127 livres dont 44 % provenant du Nigeria, 38 % de la Gold Coast, 16 % de Sierra Leone et 1,2 % de Gambie. De même, le ralliement du Congo belge au camp allié pour “ la France libre ”, permit aux Alliés de s’approvisionner non seulement en minerai de cuivre, mais aussi en uranium nécessaire à la fabrication de bombes, dont la fameuse bombe atomique. Dans le même élan de soutien de l’effort de guerre, la production de caoutchouc et les réquisitions pour le travail forcé redoublèrent d’intensité pour approvisionner la firme Firestone dont la production devint stratégique et vitale après que l’offensive japonaise de 1942-1943 eut coupé les forces alliées de leurs ressources de caoutchouc asiatiques. L’empire colonial français fut également sollicité sur tous les plans. Au point de vue financier, les impôts auxquels étaient soumis les Africains augmentèrent en même temps qu’était lancée une série d’emprunts parmi lesquels l’emprunt africain (1942-1943). De même, la contribution de cet empire colonial à l’Aide à la résistance fut de 241 millions et demi de FF, alors que l’emprunt de la libération rapporta, en 1945, 200 millions et demi de FF aux partisans de “ la France libre ”. Ainsi, pendant la durée de la guerre, l’AOF versa officiellement environ 1 508 millions de FF pour le soutien de la résistance pour “ la France libre ” (voir Hélène D’Almeida-Topor, 1999, p.148). Comme nous venons de le montrer, l’Afrique en tant qu’acteur fut largement sollicitée spatialement, humainement et financièrement par la France et les Alliés dans un ensemble d’activités et d’opérations de guerre constituant des articulations extrêmement importantes de la trajectoire événementielle dont le débarquement de Normandie fut l’aboutissement. À ce titre, l’absence totale de ce continent lors des cérémonies du 6 juin prochain est une escroquerie de l’histoire.
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(1) La plupart des statistiques sont tirées de l’ouvrage d’Hélène d’Almeida-Topor, L’Afrique
au XXe siècle, Paris, Armand Colin 1999, 383 p.
(2) Bibliographie.
D’ALMEIDA TOPOR (H.), L’Afrique au XXe siècle, Paris Armand Colin, 1999,383 p.
THOMSON (L.), A History of South Africa, Yale University Press, 1990, 288 p.
Au début de la seconde guerre mondiale, presque toute l’Afrique est une propriété privée des puissances coloniales occidentales. De ce fait, la seconde guerre mondiale qui oppose ces puissances coloniales (Allemagne et Italie contre France, Angleterre, Belgique...), entraîne inéluctablement l’entrée de l’espace africain et de ses acteurs dans le conflit. L’Afrique, en tant qu’espace et acteur, contribue à la consolidation du camp allié en servant d’assise territoriale pour les opérations de guerre alliées. Cette assise territoriale se construit par le ralliement successif des empires coloniaux français et britannique à la cause alliée. C’est ainsi que, tour à tour, le Liberia, l’Afrique orientale et occidentale anglaise, l’Union sud-africaine, le Congo belge, l’Afrique-équatoriale française (A-ÉF) et le Cameroun, deviennent des assises territoriales alliées participant aux opérations militaires de “ la France libre ” qui fut elle-même l’œuvre du Guyanais Félix Eboué, gouverneur du Tchad. De là le fait que le conflit franco-français entre partisans du général de Gaulle et ceux du maréchal Pétain structure l’espace africain en une “ Afrique de Vichy ” regroupant l’Afrique Occidentale française (AOF) et une “ Afrique de la France libre ” concentrée surtout dans l’Afrique-équatoriale française (A-ÉF) et le Cameroun. Outre ce rôle, l’Afrique sert de cadre au positionnement stratégique des forces alliées par rapport aux forces ennemies. À ce titre, les possessions ouest-africaines de la Grande-Bretagne servirent de bases stratégiques indispensables aux Alliés lorsque la route de Suez fut occupée par l’entrée en guerre de l’Italie et après l’occupation des territoires asiatiques par les Japonais. De même, le port en eau profonde de Freetown au Liberia devint la position stratégique en Atlantique sud alors que l’aérodrome de Roberts Field dans le même pays était utilisé comme escale des forces alliées en partance vers l’Asie. C’est à partir de cette assise territoriale que l'Axe essuya ses premières reculades face aux forces combattant du côté de “ la France libre ”.
En effet, de 1942 à 1943, Accra recevait en moyenne 200 avions américains par jour, alors que plusieurs milliers de soldats anglais et américains transitèrent par l’Ouest africain pour se rendre au front. “ La France libre ” possédait donc désormais une légitimité territoriale où des détachements d’Africains, levés en A-ÉF et au Cameroun, combattirent contre les Italiens en Érythrée alors que d’autres procédaient à des raids et harcèlements des positions sahariennes de l’Italie. Commandées par Leclerc, ces troupes africaines luttèrent contre l’Italie et conquirent le Fezzan. Elles opérèrent en 1943 une jonction avec les troupes britanniques qui s’opposaient à l’Afrika Korps de Rommel sur le territoire libyen. Dans le Sud, les troupes du général Cunningham, composées de soldats britanniques, sud-africains et belges, parties du Kenya vers la Somalie, prirent Mogadiscio, Harrar puis Addis-Abeba. Elles allèrent rejoindre les troupes du Nord et forcèrent les Italiens à capituler. Et lorsque le Maréchal Rommel perça les lignes britanniques et envahit l’Égypte, c’est la victoire d’El-Alamein qui permit aux Alliés de reconquérir l’Égypte et le canal de Suez dont l’importance stratégique devint fondamentale après l’occupation de l’Europe occidentale par les forces nazies. Ce fut le premier débarquement ou opération “ Torch ” dont le but fut de renforcer “ l’Afrique de la France libre ” afin de créer un deuxième front réclamé par Staline et d’empêcher les “ Vichystes ” de céder l’Afrique du Nord comme base militaire aux Allemands. Cette opération, réalisée par plus de 100000 hommes dont des milliers Africains, déplaça les opérations militaires en Tunisie et fit passer non seulement l’Afrique du Nord, mais aussi “ l’Afrique de Vichy ” dans le camp de “ la France libre ”. Le conflit entre “ vichystes ” et partisans de “ la France libre ” ayant diminué d’ampleur après le ralliement de l’AOF et de l’Afrique du nord au camp allié, il fallait maintenant résoudre le conflit au sein de “ la France libre ” entre partisans du général de Gaulle et ceux du général Giraud. Et, encore une fois, c’est l’espace africain qui servit de cadre à la Conférence de Casablanca où Roosevelt et Churchill trouvèrent une entente entre les deux hommes et où fut fondé le Comité français de libération nationale et prise la décision de l’organisation d’un débarquement en Europe de l’ouest. Tous ces événements historiques prouvent qu’une lecture en longue période du débarquement de Normandie ne peut se limiter à retracer uniquement le rôle des grands acteurs et de leurs espaces. D’autres acteurs et d’autres espaces, en l’occurrence l’Afrique furent impliqués et participèrent abondamment et douloureusement à de nombreuses opérations. Le débarquement de Normandie n’est alors rien d’autre que l’aboutissement d’un long processus d’une foule d’opérations étalées dans le temps et qui constituèrent des facteurs facilitateurs de son organisation et de sa réussite.
L’Afrique comme facteur de production
Un deuxième aspect de l’implication de l’Afrique dans les conditions ayant permis le débarquement allié en Normandie concerne la mobilisation de ses hommes et de ses ressources par les puissances coloniales alliées au titre de l’effort de guerre. En effet, l’Afrique qui, déjà connaissait l’exploitation outrancière de ses hommes (commerce triangulaire) et de ses ressources naturelles (matières premières) par les grandes puissances coloniales, voit cette exploitation s’accélérer avec la deuxième guerre mondiale et la préparation de l’offensive alliée.
Pour ce qui est de la mobilisation et du recrutement des hommes, l’empire colonial britannique participa aux combats non seulement dans le continent africain mais aussi en Europe. De 1940 à 1944, 169 000 combattants furent mobilisés dans l’Ouest africain britannique tandis que l’East African Force s’accroissait de 75 000 hommes venant du Kenya, 55 000 d’Ouganda, 92 000 du Tanganyika et 30 000 du Nyassaland (R.Cornevin, 1973, cité par Hélène d’Almeida-Topor, 1999, p.136). L’Union sud-africaine, redoutant l’armement des populations noires, fournit aux Alliés 218 260 volontaires dont 61,9% d'hommes blancs, 5,9% de femmes blanches, 12,6% d’hommes coloured et 19,6% d’hommes noirs dont 5 500 furent tués (R.Thomson, 1990).
L’empire colonial français ne fut pas en reste. Les colonies françaises fournirent 80 000 hommes pour les campagnes de “ la France libre ”. Ce contingent comprenait 10 500 Malgaches dont 29,6% furent tués, 68 500 soldats d’Afrique noire dont 38 % périrent, 340 000 Nord-africains. Dans sa totalité, “ l’Afrique de la France libre ” mobilisa 100 000 hommes aux côtés des Alliés entre 1943 et 1945(1). Toutes ces mobilisations amenèrent pour la première fois les Africains à combattre en dehors de leur continent. Il existait aussi une mobilisation et une exploitation des ressources naturelles africaines pour financer les dépenses militaires alliées. C’est ainsi que dans l’Ouest africain, les conseils législatifs de chaque colonie affectèrent des sommes considérables à la guerre avec le soutien de leurs membres africains.
En dehors des contributions en nature, le total des contributions financières de l’empire colonial britannique s’élève à 931 127 livres dont 44 % provenant du Nigeria, 38 % de la Gold Coast, 16 % de Sierra Leone et 1,2 % de Gambie. De même, le ralliement du Congo belge au camp allié pour “ la France libre ”, permit aux Alliés de s’approvisionner non seulement en minerai de cuivre, mais aussi en uranium nécessaire à la fabrication de bombes, dont la fameuse bombe atomique. Dans le même élan de soutien de l’effort de guerre, la production de caoutchouc et les réquisitions pour le travail forcé redoublèrent d’intensité pour approvisionner la firme Firestone dont la production devint stratégique et vitale après que l’offensive japonaise de 1942-1943 eut coupé les forces alliées de leurs ressources de caoutchouc asiatiques. L’empire colonial français fut également sollicité sur tous les plans. Au point de vue financier, les impôts auxquels étaient soumis les Africains augmentèrent en même temps qu’était lancée une série d’emprunts parmi lesquels l’emprunt africain (1942-1943). De même, la contribution de cet empire colonial à l’Aide à la résistance fut de 241 millions et demi de FF, alors que l’emprunt de la libération rapporta, en 1945, 200 millions et demi de FF aux partisans de “ la France libre ”. Ainsi, pendant la durée de la guerre, l’AOF versa officiellement environ 1 508 millions de FF pour le soutien de la résistance pour “ la France libre ” (voir Hélène D’Almeida-Topor, 1999, p.148). Comme nous venons de le montrer, l’Afrique en tant qu’acteur fut largement sollicitée spatialement, humainement et financièrement par la France et les Alliés dans un ensemble d’activités et d’opérations de guerre constituant des articulations extrêmement importantes de la trajectoire événementielle dont le débarquement de Normandie fut l’aboutissement. À ce titre, l’absence totale de ce continent lors des cérémonies du 6 juin prochain est une escroquerie de l’histoire.
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(1) La plupart des statistiques sont tirées de l’ouvrage d’Hélène d’Almeida-Topor, L’Afrique
au XXe siècle, Paris, Armand Colin 1999, 383 p.
D’ALMEIDA TOPOR (H.), L’Afrique au XXe siècle, Paris Armand Colin, 1999,383 p.
THOMSON (L.), A History of South Africa, Yale University Press, 1990, 288 p.
© Correspondance : Thierry AMOUGOU, Fondateur et animateur du CRESPOL, Cercle de Réflexions Economiques sociales et Politiques