Des proches de Gbagbo confirment le récit de Bourgi


Une source anonyme proche de l'ancien président ivoirien «s'étonne» que l'affaire ne sorte que maintenant.

Après avoir été mis en cause par l'avocat Robert Bourgi, les pays africains commencent à réagir au récit de livraisons à l'exécutif français de mallettes pleines d'argent venues d'Afrique. Si cette affaire est qualifiée de mystification par l'ancien chiraquien Jean-François Probst, il est confirmé par un proche de Laurent Gbagbo, président déchu de Côte d'Ivoire. Mamadou Koulibaly, actuel président de l'Assemblée nationale à Abidjan et numéro deux de l'ancien régime, a confirmé la version de l'avocat français : «Robert Bourgi a parfaitement raison il y a eu un transfert d'argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac, en 2002», a déclaré l'homme politique, faisant état «d'environ deux milliards de francs CFA (environ trois millions d'euros) transportés d'Abidjan vers Paris par valise».

Ancien proche de Gbagbo, Koulibaly précise avoir rencontré en 2002 Bourgi. Ce dernier lui aurait réclamé de l'argent pour la campagne présidentielle française. Koulibaly avait refusé dans un premier temps, mais l'argent aurait finalement été livré. Une source anonyme proche de l'ancien président ivoirien, interrogée par l'Agence France presse, a dit s'étonner des réactions en France aux révélations de Bourgi : «Cela devait éclater un jour ou l'autre. Nous nous étonnons juste que ce ne soit que maintenant que l'opinion publique française semble découvrir tout ça. Et on s'étonne aussi que cela s'arrête à Dominique de Villepin». Joint par leFigaro.fr, Alain Toussaint, le porte-parole de Gbagbo en France, n'était pas disponible pour commenter l'affaire.

Cinq pays africains seraient concernés
Ces déclarations rejoignent le récit de Robert Bourgi, qui a expliqué dans les médias dimanche avoir «participé à plusieurs remises de mallettes à Jacques Chirac» ainsi qu'à Dominique de Villepin. L'ancien président de la République a annoncé dimanche soir vouloir déposer plainte pour diffamation à l'encontre de Robert Bourgi.

Également dénoncée par Robert Bourgi, la présidence gabonaise a fait savoir «ne pas être concernée» par les déclarations de l'avocat français. «Notre présidence date de 2009, on répond des faits à partir de là», a dit un proche d'Ali Bongo, l'actuel président du Gabon et successeur de son père Omar Bongo, décédé en 2009. Selon Bourgi, les livraisons d'argent à Jacques Chirac ont eu lieu à partir de 1997 jusqu'en 2005, quand le premier ministre de Villepin y a mis un terme. L'argent provenait des régimes de Côte d'Ivoire, du Gabon, du Congo-Brazzaville, du Burkina-Faso et du Sénégal.

Homme de l'ombre ayant travaillé au côté de Jacques Foccart, l'ancien «Monsieur Afrique» du Général De Gaulle, Robert Bourgi a décidé de dévoiler le système mis en place parce qu' «il avait honte» : «Je veux tourner la page du passé, un passé dont je ne suis pas très fier», a t-il déclaré dans Le Journal du dimanche.

( Le Figaro ) 
Dimanche 11 Septembre 2011