Déguerpis de leurs lieux de commerce : Les marchands ambulants se défoulent sur le Palais de justice


Les marchands ambulants ont saisi le prétexte d’être déguerpis de leurs lieux de commerce pour se livrer à un type de défoulement collectif, en s’attaquant au palais de Justice.Dakar n’avait pas été confrontée à une telle débauche de violence depuis les événements du 23 juin 2011.

Vendredi noir au palais de Justice de Dakar ! Le Temple de Thémis a été la cible des marchands ambulants dans la matinée d’hier. Plusieurs bureaux se situant dans le couloir du tribunal départemental ont fait l’objet de casse, avec notamment les vitres caillassées par un groupe de jeunes. Il suffit juste de se placer derrière l’édifice pour constater des trous sur les vitres et les grosses pierres par terre. Fort heureusement, les occupants de ces bureaux (des juges) n’étaient pas sur place au moment où se déroulaient ces ‘actes de vandalisme’, de la part des manifestants. Il aura fallu l’intervention des forces de l’ordre, qui sont descendues sur les lieux à 12 heures 42 minutes, pour repousser les manifestants vers le rond-point du marché de Sandaga.
Les policiers, croyant avoir dissuadé les manifestants, se sont rendus compte qu’il ne s’agissait que d’un repli stratégique des marchands ambulants, pour mieux affûter leurs armes. Et le spectacle reprendra de plus belle sur l’avenue Jean Jaurès : routes barrées, pneus brûlés, magasins et étals méthodiquement saccagés, vont planter le décor.

Plusieurs quartiers des alentours ont été victimes de la situation, avec notamment les avenues Peytavin et Pompidou, Rebeuss, Niayes Thioker. Les véhicules de transport en commun et ceux de particuliers ont été obligés d’emprunter une autre voie pour ne pas être victimes de la furie de ces manifestants. Dans la foulée, deux voitures d’ambulance de la clinique La Madeleine et du centre de santé El Hadji Abdou Aziz Sy ont été bloquées, plusieurs heures durant, dans un embouteillage monstre. Au finish, il fallait passer devant le tribunal pour avoir une circulation fluide.

Ce qui s’est passé, hier, au tribunal traduit l’expression d’une rage qui est allée crescendo dans le temps et dans l’espace. Dakar n’avait pas été confrontée à une telle débauche de violence depuis les événements de la journée du 23 juin dernier, lors du vote du ticket président/vice-président. Cette attaque, perpétrée au palais de justice de Dakar, est révélatrice d’un désespoir de la part de ces marchands convaincus de n’avoir aucun autre endroit pour installer leurs étals, pour mener à bien leur commerce. D’ailleurs, c’est l’argument qu’ils brandissent pour justifier ce type de défoulement collectif ayant occasion la destruction de ce qui fait le cadre de vie : les biens publics.

Dans tout cela, la police ne semblait pas être en mesure de faire face, efficacement, à ces émeutes sociales. Ce qui a, du coup, limité sa capacité d’intervention. Pourtant, les marchands ambulants ont commencé à manifester leur opposition à la décision du gouvernement de les déguerpir des alentours du marché Sandaga et Colobane, depuis avant-hier. Mais, en dépit des apparences, ils ont remis ça, mettant à profit le fait que les autorités ne se sont pas prémunies de toutes les dispositions sécuritaires nécessaires pour contrecarrer le plan des manifestants.

Pape NDIAYE

( WALF )
Samedi 12 Novembre 2011