L'ancien dictateur uruguayen Juan Maria Bordaberry (1973-1976) est mort à l'âge de 83 ans d'une défaillance cardiaque à Montevideo, où il purgeait sous le régime de l'assignation à résidence une peine de 30 ans de prison, ont annoncé des médias locaux. Bordaberry s'était vu infliger cette peine en février 2010 pour son rôle dans le putsch de 1973, qui a ouvert la voie à 12 ans de régime civilo-militaire en Uruguay. Il avait été condamné pour "atteinte à la Constitution, (...) neuf disparitions et deux homicides politiques". Il avait écouté l'annonce du verdict assis sur une chaise roulante et il respirait à l'aide d'une bouteille d'oxygène.
Placé en résidence surveillée depuis janvier 2007 en raison de ses problèmes de santé, il avait été arrêté en novembre 2006 pour son rôle dans une autre affaire encore en cours d'instruction : l'assassinat en 1976 à Buenos Aires de quatre opposants au régime militaire uruguayen, dont le président de la Chambre des députés et un sénateur.
Elu président de l'Uruguay fin 1971, Juan Maria Bordaberry a assumé son mandat de mars 1972 à juin 1973 avant de recourir à l'armée pour dissoudre le Parlement et instaurer une dictature. Les militaires l'ont renversé en 1976 et ont conservé le pouvoir jusqu'en 1985, année du retour à la démocratie. La dictature dans ce petit pays sud-américain de 3,4 millions d'habitants, enclavé entre l'Argentine et le Brésil, a fait 231 disparus, en Uruguay ou à l'étranger, selon la Commission pour la paix créée en 2000 par la présidence uruguayenne.