De l’Europe au brasier : Le destin brisé d’Oumar Khary Seck, l’émigré revenu au pays pour reconstruire sa vie

Parti en Europe pour bâtir un avenir, revenu invalide mais fort de ses projets, Oumar Khary Seck semblait destiné à une réussite exemplaire. Mais derrière les murs de sa maison de Niagues, des tensions silencieuses ont culminé dans un drame qui a terrassé une famille et bouleversé une communauté. Retour sur un destin tragique, éclairé par les révélations de L’Observateur.


L’ascension d’un homme résilient

 

Né à Dakar il y a 50 ans, Oumar Khary Seck a grandi dans une famille modeste et quitté l’école secondaire pour s’investir dans le commerce. Ambitieux, il rencontre Khady Diouf, une tenante de gargote, à Yeumbeul, où ils se marient au début des années 2000. Leur premier enfant, une fille, voit le jour en 2001.

 

À cette époque, Oumar décide d’émigrer en Europe pour améliorer les conditions de vie de sa famille. Pendant dix ans, il travaille dur, mais son aventure s’interrompt brutalement en 2011 après un grave accident de voiture. De retour au Sénégal avec une invalidité physique mais une rente conséquente, il se réinvente en bâtissant un commerce florissant avec son épouse. Ensemble, ils transforment la gargote de Khady en une entreprise prospère, spécialisée dans la vente de viande, de poisson et de produits alimentaires.

 

Leur succès leur permet de construire une belle maison dans le quartier HLM 3 Darou Salam, à Niagues. La famille s’agrandit avec la naissance de jumelles en 2011, suivies de deux autres enfants, scellant leur bonheur apparent.

 

Quand la confiance vacille : l’argent, les soupçons et la rupture

 

À partir de 2023, des tensions sourdent dans le couple Seck. Selon des proches, tout aurait commencé lorsqu’Oumar surprend une conversation entre sa fille aînée et son épouse. Celle-ci aurait promis une somme d’argent conséquente pour un cadeau destiné au petit ami de leur fille. Déjà méfiant envers les dépenses de Khady, Oumar décide d’examiner la comptabilité du commerce familial. Ce qu’il découvre dépasse ses pires craintes : un gouffre financier dans leur trésorerie.

 

Les révélations ne s’arrêtent pas là. Oumar apprend que Khady aurait utilisé leurs fonds pour rénover intégralement la maison familiale à Touba, un acte qu’il interprète comme une trahison. La confrontation éclate, et Khady quitte le domicile conjugal, emmenant avec elle leurs enfants. Elle se réfugie à Touba, laissant Oumar seul à Niagues.

 

Pendant deux ans, le couple reste séparé. Oumar entame une procédure judiciaire pour récupérer ses enfants. Contrainte par cette action, Khady revient finalement à Niagues en prétendant vouloir rester auprès de ses enfants, dont la réussite scolaire nécessitait, selon elle, sa présence. Mais derrière cette façade, le couple continue de traverser des “zones de turbulence”, selon les termes rapportés par L’Observateur.

 

Une nuit d’horreur : le 12 décembre 2024

 

La relation, déjà fragilisée, atteint son point de rupture la nuit du jeudi 12 décembre 2024, veille d’un vendredi 13 funeste. Ce soir-là, les tensions explosent dans la maison de Niagues, où Oumar et Khady se retrouvent face à face dans une dispute enflammée.

 

D’après les éléments rapportés par L’Observateur, ce qui commence comme une querelle domestique se transforme en tragédie. Dans un accès de rage ou de désespoir, Oumar scelle le destin de leur union et celui de sa famille. L’incendie qui embrase la maison emporte les deux époux, laisse la domestique gravement brûlée et traumatise les quatre enfants, épargnés mais témoins indirects du drame.

 

Une communauté divisée entre silence et incompréhension

 

À Ouakam, village natal de la défunte mère d’Oumar, les langues restent prudentes. La famille du défunt décrit un homme travailleur et investi dans l’avenir de ses proches, mais personne ne veut commenter les circonstances exactes du drame. « Laissons la justice et la gendarmerie de Keur Massar faire leur travail », confie un proche à L’Observateur.

 

Pour les habitants de Niagues, le choc est indescriptible. La maison du couple, aux murs noircis, est désormais un symbole de la douleur collective et des failles silencieuses dans les relations familiales. Les voisins, témoins des flammes, évoquent encore les cris d’agonie des deux époux.

 

À Niagues, le silence laissé par ce drame est assourdissant. Pour Oumar et Khady, la quête d’un bonheur conjugal s’est achevée dans une nuit de flammes et de cendres.

Lundi 16 Décembre 2024
Dakaractu