Le président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby Itno, mène campagne jeudi pour la présidentielle du 6 mai, à Moundou, la capitale économique du pays et un fief de l'opposition, où les souvenirs de la répression sont toujours vivaces.
Proclamé président par l'armée il y a trois ans, le général Déby, 40 ans, est quasiment assuré de remporter la victoire à la présidentielle après l'assaut meurtrier de l'armée contre l'un de ses principaux rivaux, Yaya Dillo, et l'invalidation d'autres candidatures par un Conseil constitutionnel dont il a nommé les membres.
Candidat de la coalition Tchad Uni, qui regroupe quelque 200 partis politiques, il poursuit sa tournée dans les régions méridionales du Tchad où il promet à la fois le renforcement de la paix et la réconciliation nationale, la réforme de l'Etat tout comme la construction d'infrastructures de base.
Chacun de ses déplacements se fait sous la surveillance de nombreux soldats de la toute puissante garde présidentielle, qu'il dirigeait avant de prendre de pouvoir, lourdement armés et juchés sur leurs blindés.
A Moundou, le chef-lieu de la région du Logone-Occidental, majoritairement peuplée de chrétiens et d'animistes comme dans le reste du sud tchadien, les populations s'estiment souvent marginalisées par le régime de N'Djamena majoritairement musulman, à 470 kilomètres de là.
C'est dans un stade local en construction, où de nombreux pick-up équipés de lance-roquettes et d'AK-47 ont été positionnés, que le général Déby doit s'exprimer en fin d'après-midi devant une foule acheminée en bon nombre à bord d'autres pick-up et de bus.
De nombreuses antennes de son parti, le MPS - le Mouvement patriotique du salut, parti politique fondé en 1990 par le père de l'actuel président de transition et ancien président du Tchad pendant plus de 30 ans, Idriss Déby Itno - tout juste repeintes, ont été ouvertes récemment à Moundou.
La ville qui vit toujours dans la crainte de répression a cependant une longue histoire de combats politiques dans les rangs d'une opposition qui a donné de la voix.
- "battre en brèche" -
"Moundou a vu émerger de grands leaders de l'opposition qui savent rallier le soutien des leurs. Au Tchad, le premier ancrage électoral de tout candidat c'est d'abord sa zone d'origine. Un vote qui mêle proximité géographique, ethnique et dans une certaine mesure proximité religieuse", explique à l'AFP Remadji Hoinathy, anthropologue et chercheur à l'Institut d’Etudes de Sécurité à N'Djamena.
"Mahamat Idriss Déby Itno cherche à battre en brèche la popularité de ses adversaires dans ces zones", dit-il.
Car "malgré l'entrée de Succès Masra au gouvernement, le sud continue à beaucoup se mobiliser pour lui". MIDI (l'acronyme de Déby) est obligé d'aller chasser sur les terres de ses adversaires et réduire leur avance dans ces régions qui sont un grand bassin d'électeurs", note l'anthropologue.
Ex-opposant farouche, Succès Masra, 40 ans, s'est rallié en janvier à la junte et a été nommé Premier ministre par Mahamat Déby. A la tête du parti Les Transformateurs et candidat à la présidentielle, il tiendra son meeting à Moundou le 28 avril.
L'opposition, muselée et sévèrement réprimée depuis trois ans, accuse cependant M. Masra de l'avoir trahie et de concourir pour leur ravir des voix avec l'idée d'assurer une majorité au général et conserver son poste de chef du gouvernement.
- "contestations" et "fosses communes"-
"Moundou a toujours été au cœur des contestations du système politique au Tchad et a subi à cause de cela la répression du pouvoir", explique de son côté Ladiba Gondeu, sociologue et enseignant-chercheur à l’université de N'Djamena, joint par téléphone.
"Cela a été le cas dès 1984, pendant le mandat du président d’alors Hissène Abré. On y retrouvait à cette époque des fosses communes et la répression continue aujourd'hui encore avec le dernier épisode en date, le +jeudi noir+", dit-il.
Ce jour-là, le 20 octobre 2022, la ville a été le théâtre d'une répression sanglante après des manifestations de protestation contre la prolongation de la transition initialement fixée à deux ans.
Selon la Ligue tchadienne des droits de l'Homme, 34 personnes ont alors perdu la vie.
"Désormais, cette ville est acquise à la cause de Succès Masra et il y a été accueilli par de très nombreux jeunes supporters lors de sa dernière venue en décembre 2023", ajoute M. Gondeu.
Dès la veille du meeting de "MIDI" à Moundou, le dispositif sécuritaire a été renforcé en ville avec des militaires contrôlant les véhicules entrant dans l’agglomération et avec des patrouilles plus nombreuses, a constaté un photographe de l'AFP.
Proclamé président par l'armée il y a trois ans, le général Déby, 40 ans, est quasiment assuré de remporter la victoire à la présidentielle après l'assaut meurtrier de l'armée contre l'un de ses principaux rivaux, Yaya Dillo, et l'invalidation d'autres candidatures par un Conseil constitutionnel dont il a nommé les membres.
Candidat de la coalition Tchad Uni, qui regroupe quelque 200 partis politiques, il poursuit sa tournée dans les régions méridionales du Tchad où il promet à la fois le renforcement de la paix et la réconciliation nationale, la réforme de l'Etat tout comme la construction d'infrastructures de base.
Chacun de ses déplacements se fait sous la surveillance de nombreux soldats de la toute puissante garde présidentielle, qu'il dirigeait avant de prendre de pouvoir, lourdement armés et juchés sur leurs blindés.
A Moundou, le chef-lieu de la région du Logone-Occidental, majoritairement peuplée de chrétiens et d'animistes comme dans le reste du sud tchadien, les populations s'estiment souvent marginalisées par le régime de N'Djamena majoritairement musulman, à 470 kilomètres de là.
C'est dans un stade local en construction, où de nombreux pick-up équipés de lance-roquettes et d'AK-47 ont été positionnés, que le général Déby doit s'exprimer en fin d'après-midi devant une foule acheminée en bon nombre à bord d'autres pick-up et de bus.
De nombreuses antennes de son parti, le MPS - le Mouvement patriotique du salut, parti politique fondé en 1990 par le père de l'actuel président de transition et ancien président du Tchad pendant plus de 30 ans, Idriss Déby Itno - tout juste repeintes, ont été ouvertes récemment à Moundou.
La ville qui vit toujours dans la crainte de répression a cependant une longue histoire de combats politiques dans les rangs d'une opposition qui a donné de la voix.
- "battre en brèche" -
"Moundou a vu émerger de grands leaders de l'opposition qui savent rallier le soutien des leurs. Au Tchad, le premier ancrage électoral de tout candidat c'est d'abord sa zone d'origine. Un vote qui mêle proximité géographique, ethnique et dans une certaine mesure proximité religieuse", explique à l'AFP Remadji Hoinathy, anthropologue et chercheur à l'Institut d’Etudes de Sécurité à N'Djamena.
"Mahamat Idriss Déby Itno cherche à battre en brèche la popularité de ses adversaires dans ces zones", dit-il.
Car "malgré l'entrée de Succès Masra au gouvernement, le sud continue à beaucoup se mobiliser pour lui". MIDI (l'acronyme de Déby) est obligé d'aller chasser sur les terres de ses adversaires et réduire leur avance dans ces régions qui sont un grand bassin d'électeurs", note l'anthropologue.
Ex-opposant farouche, Succès Masra, 40 ans, s'est rallié en janvier à la junte et a été nommé Premier ministre par Mahamat Déby. A la tête du parti Les Transformateurs et candidat à la présidentielle, il tiendra son meeting à Moundou le 28 avril.
L'opposition, muselée et sévèrement réprimée depuis trois ans, accuse cependant M. Masra de l'avoir trahie et de concourir pour leur ravir des voix avec l'idée d'assurer une majorité au général et conserver son poste de chef du gouvernement.
- "contestations" et "fosses communes"-
"Moundou a toujours été au cœur des contestations du système politique au Tchad et a subi à cause de cela la répression du pouvoir", explique de son côté Ladiba Gondeu, sociologue et enseignant-chercheur à l’université de N'Djamena, joint par téléphone.
"Cela a été le cas dès 1984, pendant le mandat du président d’alors Hissène Abré. On y retrouvait à cette époque des fosses communes et la répression continue aujourd'hui encore avec le dernier épisode en date, le +jeudi noir+", dit-il.
Ce jour-là, le 20 octobre 2022, la ville a été le théâtre d'une répression sanglante après des manifestations de protestation contre la prolongation de la transition initialement fixée à deux ans.
Selon la Ligue tchadienne des droits de l'Homme, 34 personnes ont alors perdu la vie.
"Désormais, cette ville est acquise à la cause de Succès Masra et il y a été accueilli par de très nombreux jeunes supporters lors de sa dernière venue en décembre 2023", ajoute M. Gondeu.
Dès la veille du meeting de "MIDI" à Moundou, le dispositif sécuritaire a été renforcé en ville avec des militaires contrôlant les véhicules entrant dans l’agglomération et avec des patrouilles plus nombreuses, a constaté un photographe de l'AFP.
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