Les chiffres font froid dans le dos, et les responsables américains n’ont de cesse d’utiliser des comparaisons mortifères pour alerter l’opinion publique. Le dernier rapport d’une commission de la Maison Blanche estime ainsi qu’en trois semaines, les overdoses font autant de victimes que les attentats du 11-Septembre. Cela représente 142 décès par jour.
Autre comparaison : on évalue à 60 000 le nombre d’overdoses mortelles en 2016. C’est autant que le nombre de morts des guerres du Vietnam et d’Irak réunies. C’est aussi deux fois plus que le nombre de victimes d’accidents de la route, presque cinq fois plus que le nombre de tués par armes à feu. Le New York Times précise qu’il s’agit d’une augmentation de 19 % par rapport à 2015.
Le problème est propre aux Etats-Unis : le pays consomme 80 % de la production mondiale d’opiacés, et on estime entre deux et trois millions le nombre de citoyens américains dépendants. Le coût total estimé pour la société américaine, en comptant les frais de soins et la perte de compétitivité, serait de presque 80 milliards de dollars.
Des médicaments particulièrement addictifs
Les opiacés sont des dérivés de l’opium, qui contient de nombreuses molécules aux propriétés narcotiques et antalgiques. La plus célèbre d’entre elles est la morphine, qui, une fois acétylée, permet d’obtenir de l’héroïne.
Les opiacés s’obtiennent par réaction chimique d’autres molécules issues de l’opium comme la thébaïne ou la codéine. En résultent de puissants antidouleurs, bien plus forts que la morphine, et pourtant prescrits à tour des bras par des médecins américains.
Mais les opiacés n’agissent pas que sur les douleurs, elles influent aussi sur les centres du plaisir du cerveau. C’est ainsi que naît la dépendance : pour retrouver le plaisir de la première prise, le patient en prend de plus en plus, car l’effet du médicament s’estompe avec le temps, jusqu’à atteindre l’overdose.
Une explosion de la consommation depuis les années 1980
A partir des années 1980, alors que les médecins américains sont à la recherche de traitements antidouleurs, au même moment l’industrie pharmaceutique met en place un intense lobbying pour vendre ces fameux opiacés. Encouragés par des chercheurs de l’université de Boston, qui publient un article niant le lien entre opiacés et dépendance, les médecins se mettent à prescrire ces stupéfiants. Cette étude, qui s’avère rapidement erronée, est pourtant relayée sans cesse par les laboratoires qui parviennent à franchir un pas dans les années 2000 : les règles de prescriptions sont alors largement assouplies, et la consommation d’opiacés explose.
Si la crise a pris tant d’ampleur, c’est donc avant tout parce que les médecins ont été trompés. Ils agissent souvent par méconnaissance des effets addictifs des opiacés. D’ailleurs, bon nombre d’entre eux ne connaissent pas de traitement alternatif face aux douleurs.
Le réveil des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics commencent seulement à saisir l’ampleur du problème. La poursuite des médecins et des pharmaciens qui distribuent illégalement les opiacés est un premier pas, mais ce n’est pas du tout suffisant. Une commission de lutte contre la dépendance aux drogues, créée par Donald Trump, a rendu lundi 31 juillet son premier rapport : elle estime que le président doit déclarer l’état d’urgence sanitaire dans le pays. Un moyen de débloquer des fonds supplémentaires pour traiter la crise.
En 2016 pourtant, Barack Obama avait déjà tenté d’engager la lutte : il avait invité les médecins à réduire leurs prescriptions qui concernaient à l’époque un tiers des Américains. Une mesure qui n’a pas eu l’effet escompté : beaucoup de patients, devenus dépendants, se sont alors tournés vers l’héroïne pour assouvir leur addiction. D’autant qu’un sachet de cette drogue ne dépasse pas les 10 dollars aux Etats-Unis. Beaucoup de jeunes Américains sont d’ailleurs devenus héroïnomanes au cours des trois dernières décennies en commençant par voler des opiacés dans les pharmacies de leurs parents ou grands-parents, jusqu’à devenir accros et préférer l’héroïne achetée dans la rue.
Aux Etats-Unis, le débat fait rage sur les solutions possibles à cette crise. Les plus radicaux sont partisans de laisser mourir ceux qui ont basculé dans la drogue. La grande majorité dirige sa colère contre les producteurs d’opiacés considérés comme responsables de la crise. Des procureurs généraux dans plusieurs Etats, les plus touchés, ont même déjà commencé à poursuivre certains laboratoires. Mais ceux-ci se défendent en rappelant que la fin des opiacés entraînerait une explosion de la consommation d’héroïne.
Autre comparaison : on évalue à 60 000 le nombre d’overdoses mortelles en 2016. C’est autant que le nombre de morts des guerres du Vietnam et d’Irak réunies. C’est aussi deux fois plus que le nombre de victimes d’accidents de la route, presque cinq fois plus que le nombre de tués par armes à feu. Le New York Times précise qu’il s’agit d’une augmentation de 19 % par rapport à 2015.
Le problème est propre aux Etats-Unis : le pays consomme 80 % de la production mondiale d’opiacés, et on estime entre deux et trois millions le nombre de citoyens américains dépendants. Le coût total estimé pour la société américaine, en comptant les frais de soins et la perte de compétitivité, serait de presque 80 milliards de dollars.
Des médicaments particulièrement addictifs
Les opiacés sont des dérivés de l’opium, qui contient de nombreuses molécules aux propriétés narcotiques et antalgiques. La plus célèbre d’entre elles est la morphine, qui, une fois acétylée, permet d’obtenir de l’héroïne.
Les opiacés s’obtiennent par réaction chimique d’autres molécules issues de l’opium comme la thébaïne ou la codéine. En résultent de puissants antidouleurs, bien plus forts que la morphine, et pourtant prescrits à tour des bras par des médecins américains.
Mais les opiacés n’agissent pas que sur les douleurs, elles influent aussi sur les centres du plaisir du cerveau. C’est ainsi que naît la dépendance : pour retrouver le plaisir de la première prise, le patient en prend de plus en plus, car l’effet du médicament s’estompe avec le temps, jusqu’à atteindre l’overdose.
Une explosion de la consommation depuis les années 1980
A partir des années 1980, alors que les médecins américains sont à la recherche de traitements antidouleurs, au même moment l’industrie pharmaceutique met en place un intense lobbying pour vendre ces fameux opiacés. Encouragés par des chercheurs de l’université de Boston, qui publient un article niant le lien entre opiacés et dépendance, les médecins se mettent à prescrire ces stupéfiants. Cette étude, qui s’avère rapidement erronée, est pourtant relayée sans cesse par les laboratoires qui parviennent à franchir un pas dans les années 2000 : les règles de prescriptions sont alors largement assouplies, et la consommation d’opiacés explose.
Si la crise a pris tant d’ampleur, c’est donc avant tout parce que les médecins ont été trompés. Ils agissent souvent par méconnaissance des effets addictifs des opiacés. D’ailleurs, bon nombre d’entre eux ne connaissent pas de traitement alternatif face aux douleurs.
Le réveil des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics commencent seulement à saisir l’ampleur du problème. La poursuite des médecins et des pharmaciens qui distribuent illégalement les opiacés est un premier pas, mais ce n’est pas du tout suffisant. Une commission de lutte contre la dépendance aux drogues, créée par Donald Trump, a rendu lundi 31 juillet son premier rapport : elle estime que le président doit déclarer l’état d’urgence sanitaire dans le pays. Un moyen de débloquer des fonds supplémentaires pour traiter la crise.
En 2016 pourtant, Barack Obama avait déjà tenté d’engager la lutte : il avait invité les médecins à réduire leurs prescriptions qui concernaient à l’époque un tiers des Américains. Une mesure qui n’a pas eu l’effet escompté : beaucoup de patients, devenus dépendants, se sont alors tournés vers l’héroïne pour assouvir leur addiction. D’autant qu’un sachet de cette drogue ne dépasse pas les 10 dollars aux Etats-Unis. Beaucoup de jeunes Américains sont d’ailleurs devenus héroïnomanes au cours des trois dernières décennies en commençant par voler des opiacés dans les pharmacies de leurs parents ou grands-parents, jusqu’à devenir accros et préférer l’héroïne achetée dans la rue.
Aux Etats-Unis, le débat fait rage sur les solutions possibles à cette crise. Les plus radicaux sont partisans de laisser mourir ceux qui ont basculé dans la drogue. La grande majorité dirige sa colère contre les producteurs d’opiacés considérés comme responsables de la crise. Des procureurs généraux dans plusieurs Etats, les plus touchés, ont même déjà commencé à poursuivre certains laboratoires. Mais ceux-ci se défendent en rappelant que la fin des opiacés entraînerait une explosion de la consommation d’héroïne.