Abdoul n’est pas prêt d’oublier le jour, où la stupeur s’est abattue sur sa famille. Ce fut un vendredi, en plein milieu des vacances. Il était deux heures du matin à Yeumbeul. Un calme plat régnait dans sa maison, quand le silence fut soudainement interrompu par un vacarme assourdissant suivi de cris. Astou et Nogaye étaient jusque-là plongées dans un sommeil profond au moment où la partie inférieure de la dalle s’est affaissée sur elles. Les débris s’étaient éparpillés sur toute la superficie de la chambre. Des cris intenses ont réveillé le reste de la famille et ameuté tout le voisinage. Un réveil brutal ! « La partie inférieure de la dalle s’est affaissée sur elles au moment où elles dormaient. Les fers qui retenaient la dalle ont cédé. Les faits se sont déroulés vers deux heures du matin (….) alors que le reste de la famille était plongé dans un sommeil profond. Mais Dieu merci, il y a eu plus de peur que de mal. Mes sœurs n’ont eu que de blessures légères. Nous avons fait les premiers soins avant de les amener à l’hôpital», se rappelle Moussa avec un air de désolation.
Des cas comme celui-ci sont récurrents dans la périphérie dakaroise. En effet, dans la banlieue, nombre de populations côtoie le danger au quotidien. Pis, elles affrontent au jour le jour des dangers. À Yeumbeul, de nombreuses maisons sont en état de délabrement très avancé. Un déplacement aux alentours du bassin de rétention nous a permis de faire le constat alarmant. Certaines maisons avec des dortoirs cauchemardesques sont abandonnées par leurs occupants d’antan, tandis que d’autres, malgré leur état critique, sont toujours occupées par des familles modestes qui n’ont pas les moyens de se payer un local plus décent. Et c’est dans ce type de maison que Pape a installé son atelier à Yeumbeul nord, à quelques encablures du bassin de rétention.
Darou Salam, une maison à mille risques
En effet, devant la demeure, la peinture défraîchie, les fenêtres rouillées témoignent de l’état pittoresque de ce vieux bâtiment, qui menace ruine sous le poids des années qui se sont écoulées. À l’intérieur de cette vielle bâtisse, les fissures lézardent les murs à tel point qu’on pouvait voir l’extérieur. Mais, malgré ces signes alarmants, au fond du corridor, on constate une pièce aménagée en atelier de menuiserie. Tout à côté, l’on peut voir un rideau dressé devant une construction tout aussi délabrée à défaut d’avoir une porte d'entrée. Au fond de ce logis, un matelas est jeté à même le sol. Le soleil illuminait la chambre par les fissures qui essaimaient sur le mur. La dalle qui couvre le toit de la véranda s’est détachée du restant du bâtiment de telle sorte que l’affaissement laisse place à une vue imprenable du ciel. «Ici, c’est Darou Salam (qui signifie en arabe la maison de la paix)», nous dit Pape, une des personnes trouvées sur les lieux. Pourtant rien de l’aspect architectural ne confirme ses propos. La maison se trouve dans un piteux état et abandonné depuis le décès de son propriétaire.
"La vie ainsi que la mort repose entre les mains de Dieu"
Menuisier-tapissier de profession, Pape a du mal à se séparer de cette maison qui constitue, pour lui, un bien sentimental. Il voue une grande passion à cette bâtisse qui le replonge dans ses plus beaux souvenirs d’enfance. «Depuis tout petit, la maison a été notre lieu de fréquentation. Le propriétaire était comme un père pour nous. Cette maison fait partie de nous. Aujourd’hui, elle peut être considérée comme un musée. C’est pour cette raison que nous ne pouvons l’abandonner malgré tout ce danger. Nous l’avons surnommée ‘‘Darou Salam’’ ou la maison de la paix. Nous avons aménagé notre atelier ici pour en faire notre lieu de travail et en même temps notre havre de paix», nous indique le menuisier, le sourire aux lèvres.
Convaincre Pape et ses amis de quitter cette maison ne serait pas chose aisée. Car, ils croient fermement que leur sort repose entre les mains de Dieu : «Nous savons pertinemment que l’insécurité est totale dans ce bâtiment qui est complètement délabré. Mais, la vie ainsi que la mort reposent entre les mains de Dieu. S’il est dit que ce bâtiment s’abattra sur nous, rien n’y personne ne peut l’empêcher», argumente le jeune homme.
«Nous vivons dans l’insécurité totale»
Un peu plus loin du bassin de rétention, à la bordure de la route qui mène vers Malika se trouve un autre bâtiment, tout aussi dangereux. Vieux de plusieurs dizaines d’années, la maison peut s’effondrer du jour au lendemain. Malgré son état, elle est habitée par une famille qui vit au quotidien dans le risque. En effet, la famille Diallo vit depuis des années à Yeumbeul dans le quartier ‘’Ben barack’’. «Keur gui dara bakhoufi» (Tout est pourri dans cette maison)», lâche la benjamine de la maison.
Son papa, Mamadou Alpha Diallo, ne sait plus à quel saint se vouer. Il vit, au quotidien, dans la crainte de voir l’édifice s’affaisser sur sa famille. Car, le bâtiment dans lequel il vit peut à tout moment s’effondrer. «Nous vivons dans l’insécurité totale», reconnaît le septuagénaire. «Si aujourd’hui nous sommes toujours dans cette maison, c’est malgré nous car nous n'avons pas le choix. Le loyer est cher et nous n’ avons pas les moyens de nous procurer une maison à la proportion de nos moyens. Nous sommes sous location. Ma famille et moi occupons le rez-de-chaussée qui nous est loué à 50 mille francs Cfa le mois. Si nous avons un autre logement aussi abordable, nous n’allons pas passer une nuit de plus ici. Les pièces qui sont en haut sont toutes abandonnées à cause du délabrement très avancé. Une seule d’entre elles est utilisée au niveau du premier étage. Son occupant vient sur les lieux dans la nuit et repart au petit matin», renseigne Mamadou Alpha Diallo.
Alpha Diallo n'est pas le seul à vivre cette situation. Nombreux sont ces pères de famille qui côtoient la menace au quotidien. Il faut noter que beaucoup de cas de meurtre ont été dénombrés ces derniers mois un peu partout dans le pays. Entre autres, un enfant de 10 ans qui a perdu la vie suite à l'effondrement d'un mur de clôture d'une maison en ruine au quartier Kandé situé au centre de Ziguinchor. Et plus récemment, Cheikh Ahmed Tidiane Sène, à la fleur de l'âge, fut tué suite a l'affaissement d'un mur à Yeumbeul dans le quartier Doudou Guèye. La liste n'est pas exhaustive, mais ces drames sont encore frais dans les esprits, tant la violence des actes a déconcerté plus d’un. Face à cette situation, l'autorité devrait réagir afin d'apporter des solutions aux problèmes que vit cette partie de la population, notamment celle de la banlieue dakaroise avant que d'autres morts plus tragiques s'en suivent.
Des cas comme celui-ci sont récurrents dans la périphérie dakaroise. En effet, dans la banlieue, nombre de populations côtoie le danger au quotidien. Pis, elles affrontent au jour le jour des dangers. À Yeumbeul, de nombreuses maisons sont en état de délabrement très avancé. Un déplacement aux alentours du bassin de rétention nous a permis de faire le constat alarmant. Certaines maisons avec des dortoirs cauchemardesques sont abandonnées par leurs occupants d’antan, tandis que d’autres, malgré leur état critique, sont toujours occupées par des familles modestes qui n’ont pas les moyens de se payer un local plus décent. Et c’est dans ce type de maison que Pape a installé son atelier à Yeumbeul nord, à quelques encablures du bassin de rétention.
Darou Salam, une maison à mille risques
En effet, devant la demeure, la peinture défraîchie, les fenêtres rouillées témoignent de l’état pittoresque de ce vieux bâtiment, qui menace ruine sous le poids des années qui se sont écoulées. À l’intérieur de cette vielle bâtisse, les fissures lézardent les murs à tel point qu’on pouvait voir l’extérieur. Mais, malgré ces signes alarmants, au fond du corridor, on constate une pièce aménagée en atelier de menuiserie. Tout à côté, l’on peut voir un rideau dressé devant une construction tout aussi délabrée à défaut d’avoir une porte d'entrée. Au fond de ce logis, un matelas est jeté à même le sol. Le soleil illuminait la chambre par les fissures qui essaimaient sur le mur. La dalle qui couvre le toit de la véranda s’est détachée du restant du bâtiment de telle sorte que l’affaissement laisse place à une vue imprenable du ciel. «Ici, c’est Darou Salam (qui signifie en arabe la maison de la paix)», nous dit Pape, une des personnes trouvées sur les lieux. Pourtant rien de l’aspect architectural ne confirme ses propos. La maison se trouve dans un piteux état et abandonné depuis le décès de son propriétaire.
"La vie ainsi que la mort repose entre les mains de Dieu"
Menuisier-tapissier de profession, Pape a du mal à se séparer de cette maison qui constitue, pour lui, un bien sentimental. Il voue une grande passion à cette bâtisse qui le replonge dans ses plus beaux souvenirs d’enfance. «Depuis tout petit, la maison a été notre lieu de fréquentation. Le propriétaire était comme un père pour nous. Cette maison fait partie de nous. Aujourd’hui, elle peut être considérée comme un musée. C’est pour cette raison que nous ne pouvons l’abandonner malgré tout ce danger. Nous l’avons surnommée ‘‘Darou Salam’’ ou la maison de la paix. Nous avons aménagé notre atelier ici pour en faire notre lieu de travail et en même temps notre havre de paix», nous indique le menuisier, le sourire aux lèvres.
Convaincre Pape et ses amis de quitter cette maison ne serait pas chose aisée. Car, ils croient fermement que leur sort repose entre les mains de Dieu : «Nous savons pertinemment que l’insécurité est totale dans ce bâtiment qui est complètement délabré. Mais, la vie ainsi que la mort reposent entre les mains de Dieu. S’il est dit que ce bâtiment s’abattra sur nous, rien n’y personne ne peut l’empêcher», argumente le jeune homme.
«Nous vivons dans l’insécurité totale»
Un peu plus loin du bassin de rétention, à la bordure de la route qui mène vers Malika se trouve un autre bâtiment, tout aussi dangereux. Vieux de plusieurs dizaines d’années, la maison peut s’effondrer du jour au lendemain. Malgré son état, elle est habitée par une famille qui vit au quotidien dans le risque. En effet, la famille Diallo vit depuis des années à Yeumbeul dans le quartier ‘’Ben barack’’. «Keur gui dara bakhoufi» (Tout est pourri dans cette maison)», lâche la benjamine de la maison.
Son papa, Mamadou Alpha Diallo, ne sait plus à quel saint se vouer. Il vit, au quotidien, dans la crainte de voir l’édifice s’affaisser sur sa famille. Car, le bâtiment dans lequel il vit peut à tout moment s’effondrer. «Nous vivons dans l’insécurité totale», reconnaît le septuagénaire. «Si aujourd’hui nous sommes toujours dans cette maison, c’est malgré nous car nous n'avons pas le choix. Le loyer est cher et nous n’ avons pas les moyens de nous procurer une maison à la proportion de nos moyens. Nous sommes sous location. Ma famille et moi occupons le rez-de-chaussée qui nous est loué à 50 mille francs Cfa le mois. Si nous avons un autre logement aussi abordable, nous n’allons pas passer une nuit de plus ici. Les pièces qui sont en haut sont toutes abandonnées à cause du délabrement très avancé. Une seule d’entre elles est utilisée au niveau du premier étage. Son occupant vient sur les lieux dans la nuit et repart au petit matin», renseigne Mamadou Alpha Diallo.
Alpha Diallo n'est pas le seul à vivre cette situation. Nombreux sont ces pères de famille qui côtoient la menace au quotidien. Il faut noter que beaucoup de cas de meurtre ont été dénombrés ces derniers mois un peu partout dans le pays. Entre autres, un enfant de 10 ans qui a perdu la vie suite à l'effondrement d'un mur de clôture d'une maison en ruine au quartier Kandé situé au centre de Ziguinchor. Et plus récemment, Cheikh Ahmed Tidiane Sène, à la fleur de l'âge, fut tué suite a l'affaissement d'un mur à Yeumbeul dans le quartier Doudou Guèye. La liste n'est pas exhaustive, mais ces drames sont encore frais dans les esprits, tant la violence des actes a déconcerté plus d’un. Face à cette situation, l'autorité devrait réagir afin d'apporter des solutions aux problèmes que vit cette partie de la population, notamment celle de la banlieue dakaroise avant que d'autres morts plus tragiques s'en suivent.