DE LA CANDIDATURE DE WADE : Le pour et le contre ( Ahmed Khalifa NIASSE )


Si les pro-Wade s’abstiennent de déployer des arguments en la matière, c’est parce que pour eux c’est l’évidence. Toutefois ils avancent dans leur petit nombre d’arguments l’expérience, la maturité, voire, la sagesse de l’homme.

La paix sociale, il l’a bien gérée à ce jour ; au point d’en devenir le garant. Ils ajoutent à cela un point de vue juridique. A savoir la non rétroactivité des dispositions de la constitution de Janvier 2001. Parce qu’il avait fait la passation de service avec son prédécesseur, Abdou Diouf, en mars 2000. C’est, donc, pour l’application de la Constitution de 1963 qu’il a prêté serment urbi et orbi alors que la Constitution de 2001 n’avait aucune existence. De facto ou de juré.

En ce qui concerne ceux qui sont hostiles à l’hypothèse d’un Wade bis repetita, ils développent des arguments forts intéressant, relevant de l’argumentaire politique, très souvent. Partant de celui du déjà vu en passant par l’âge avancé du Président pour conclure à la non recevabilité constitutionnelle.

Les partisans du tout sauf Wade trouvent l’enracinement et les motivations de leurs points de vue dans le débat fondateur des Assises dites Nationales, c'est-à-dire auprès d’un autre octa-nonagénaire. Le Benno, d’ailleurs, est né des « cendres » de ces mêmes Assises auxquelles il doit son festin électoral des Locales de 2009.

Reconduire une idéologie de rassemblement est un leitmotiv-slogan qui sonne comme un cri de guerre défigurant son adversaire au point de le diaboliser jusqu’à en faire le diable fait homme. Pour ne pas dire le diable lui-même.

S’ajoute à cela l’utilisation à outrance de ce que l’on peut considérer comme étant le sport national au Sénégal. Celui de l’art de faire peur jusqu’à finir par se faire peur soi-même.

Dans l’archétype des Sénégalais, c'est-à-dire dans leurs lointains souvenir enfoui dans l’imaginaire collectif demeure celle des évènements de 1968. Et qui ont déstabilisé l’Etat au point que le pouvoir se soit trouvé par terre, même s’il n’a pas été ramassé par les militaires.

La bataille rangée entre militants PDS et Moustarchidines d’une part, le Groupement Mobile d’Intervention (police militarisée) défendant le pouvoir de Diouf d’autre part sur les anciennes Allées du Centenaire pendant laquelle le sang a coulé à flot alors que la capitale du pays prenait feu.

La veille de l’Election Présidentielle de février 2000 a vu tous les habitants de la capitale pris de panique. Le marché de l’Assurance fit une montée fulgurante, plus spécialement son produit afférent aux dégâts causés par les émeutes.

Toutefois, deux questions se posent :

Une opposition prête à gagner des élections a-t-elle intérêt à attiser le feu à un peu plus de cent jours des échéances électorales ?

N’est-elle pas en train d’apporter de l’eau au moulin des partisans d’un report sine die de celles-ci, c'est-à-dire aux calendes de 2014 --- 2015 ?

C’est comme si le faire peur jusqu’à se faire peur fait partie de nos us et coutumes. Cela est d’autant plus observable que deux voisins qui se rendent au tribunal pour le règlement d’un différent s’amusent à se jeter mutuellement des gris-gris et autres amulettes. Juste pour faire peur jusqu’à se faire peur.

N’est-ce pas l’engouement pour les arènes qui est passé par là ?

L’idée que je cherche à exprimer à travers ce texte est simplement de demander aux uns et aux autres de se rendre à l’évidence. Que quelle que soit la valeur des arguments développés par les uns et les autres, il ne s’agit que de points de vue. Et de points de vue seulement pour que force reste à la loi. Ceci est de bon aloi.


Ahmed Khalifa NIASSE

Président du Présidium du Front des Alliances Patriotiques
Dimanche 23 Octobre 2011