Cour d’appel de Dakar : Le responsable du service de maintenance impliqué dans un détournement de 21 climatiseurs Split d’une valeur de 3 millions Fcfa.


L’affaire se passe à la Cour d’appel de Dakar où 21 climatiseurs Split se sont malencontreusement volatilisés. Les faits se sont déroulés au courant du mois de novembre 2020. Tout est parti d’un coup de fil du secrétaire général de la Cour d’appel passé au chef responsable du service de la maintenance, Farba Cissé, pour lui signifier avoir reçu un bon de sortie de 3 splits dument signé en son nom. Grande a été la surprise de ce dernier qui après vérification s’est rendu compte qu’il n’était pas émetteur du bon en question car n’étant pas en service le jour où le bon a été signé.

La vérification dudit bon auprès du chef de la sécurité de la Cour d’appel où les bons sont déposés avant la sortie du matériel pour besoin de réparation ou livraison, le sieur Cissé n’en revenait pas de constater que plusieurs autres bons étaient signés indûment son nom. C’est ainsi qu’une plainte pour faux et détournement de deniers publics a été déposée et l’affaire a atterri à la barre du tribunal de grande instance de Dakar.

Dans ce dossier, le sieur Youssouf Diémé, technicien en réparation au service de la maintenance de la Cour d’appel est traîné à la barre comme suspect principal. Il est poursuivi des délits de faux et usage de faux en écritures et détournement de deniers publics. En effet, le prévenu est décrit comme le seul habilité à soumettre des bons pour travaux de réparation. Devant le juge, il affirme assurer les taches de maintenance, de réparation et d’installation de matériel de froid dans ce service. Il a également expliqué qu’un bon lui est remis à chaque fois qu’il a une maintenance à faire et confirme que Farba Cissé qui s’avère être son supérieur lui a délivré un bon de sortie le 13 novembre date à compter de laquelle il s’est absenté. Sur la disparition de certains appareils constatés, Youssouf Diémé s’est déchargé des accusations et les impute à Farba Cissé.

Répondant aux questions du tribunal, Farba Cissé a confié que c’est après le coup de fil du secrétaire général de la Cour d’appel qu’il s’est rendu compte que le bon sur lequel sa signature est apposée ne provenait pas de lui. Il a affirmé que le document datait du samedi 14 novembre. Sur les accusations portées contre le prévenu, Farba Cissé dira qu’il suspecte le mis en cause d’avoir imité sa signature. Le prévenu et son responsable se sont mutuellement rejeté les accusations de détournement. Farba Cissé a pour sa part attesté produire des bons de sortie de temps à autre assisté dans la plupart des cas par Aby Diaw et Ndèye Codou Diagne du secrétariat de la maintenance. Ces dernières entendues en guise de témoins ont soutenu être les seules à produire des bons à la demande de Farba Cissé.

La partie civile dans cette affaire  a invité la cour à ne pas faire d’amalgame et que les faits en l’espèce ne souffrent d’aucun doute. L’imputabilité est caractérisée à l’encontre du mis en cause relève le conseil de la partie civile. L’avocate dans sa plaidoirie a invité la cour à sanctionner le sieur Youssouf Diémé des faits qui lui sont reprochés et exige le paiement de 3 millions Fcfa au titre de dommages et intérêts pour les 21 splits subtilisés.

Dans son réquisitoire, le parquet a fait état de 15 bons de sortie établis avec comme objet des splits, produits par Farba Cissé et dont les signatures ont été falsifiées. Pour le ministère public, Youssouf Diémé n’a aucunement nié avoir procédé au dépôt de bon de sortie mais laisse entrevoir le doute sur les preuves matériels de faux et usage de faux en écritures. Sur le détournement de deniers publics portant sur 16 splits, le magistrat parle de faits d’autant plus graves puisque cela se déroule au sein même de la cour d’appel de Dakar. Il a requis 2 ans d’emprisonnement dont 6 mois ferme à l’encontre de Youssouf Diémé pour le délit de détournement de deniers publics et a plaidé la relaxe sur le faux et usage de faux en écriture publique.

La défense quant à elle, élabore la thèse du complot. Matériellement, il n’est pas prouvé la falsification des bons. « Le supérieur de Youssouf Diémé en l’occurrence Farba Cissé a dit devant vous monsieur le juge qu’il n’a aucune preuve matérielle prouvant que le mis en cause à falsifier sa signature raison pour laquelle je plaide pour le renvoi des fins de la poursuite subsidiairement le relaxer au bénéfice du doute » a soutenu le défenseur de Youssouf Diémé. Ce dernier est formel, il y a dans cette affaire un processus d’accusation qui a bien été ficelé par le nommé Farba Cissé pour se tirer d’affaire. Pour étayer ses propos, l’avocat a rappelé la perquisition faite chez le prévenu et qui n’a donné aucun résultat. Il a invité la cour à faire de même pour le sieur Farba Cissé chez qui une perquisition devait être effectuée. Pour l’avocat de la défense, seul son client était détenu dans ce dossier alors que le procureur a ordonné l’arrestation de toutes les personnes impliquées dans cette affaire ce qui n’a pas été fait. Il a plaidé la liberté provisoire pour son client mais la requête a été rejetée par le juge. Le délibéré est fixé au 9 mars prochain.
Mardi 2 Mars 2021




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