En Côte d’Ivoire, les Dozos -les chasseurs traditionnels- qui se sont déplacés, des zones rurales reculées du nord de la Côte d’Ivoire, pour prendre part au conflit à Abidjan et dans les autres grandes villes du pays y sont restés. Depuis, ils sont devenus un casse-tête sécuritaire pour les autorités et les populations auprès desquelles ils ne sont plus en odeur de sainteté.
Par Selay Marius Kouassi, Abidjan
"Les Dozos sont le talon d’Achille d’Alassane Ouattara"! Ainsi s’exclamait récemment Madame Mariam Dao Gabala, la Présidente de la CFeLCI (Coalition des Femmes Leaders de Côte d’Ivoire) sur Radio ONUCI FM (la station radiophonique de la mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire). "S’il (Alassane Ouattara, ndlr) n’y prend garde, ils causeront sa chute", a ajouté Madame Dao, l’une des voix féminines les plus audibles en Côte d’Ivoire.
Les Dozos, une réalité Ouest-africaine
Craints, méprisés, adulés et redoutés pour leur prétendue maîtrise des pouvoirs occultes, les Dozos sont au cœur de toutes les guerres civiles qui éclatent en Afrique de l’Ouest. S’ils ne sont pas considérés comme des antagonistes directs desdits conflits, ils n’en demeurent pas moins des pièces maîtresses.
Les Dozos ne sont pas seulement présents en Côte d’Ivoire, mais aussi en Guinée, au Mali et au Burkina Faso. En Gambie et en Sierra Leone, on les appelle ‘Kamajor’ ; une appellation qui renvoie à la même réalité. Généralement aux côtés de la rébellion et considérés comme l’arme secrète des rebelles, malgré leur armement relativement primitif, les Dozos sont craints par leurs adversaires pour leur utilisation de la magie rituelle et pour leur prétendue invincibilité aux balles et leur capacité à se volatiliser face à l’ennemi.
Le cas Ivoirien
En Côte d’Ivoire, on trouve les Dozos dans la partie nord du pays. Du moins, presque plus maintenant. "Tous les dozos sont désormais à Abidjan", ironisait un habitant de la commune d’Abobo, blasé de voir les Dozos, auparavant invisibles dans la partie sud du pays, circuler désormais dans les rues Abidjanaises.
Ayant pris fait et cause pour Alassane Ouattara, les Dozos ont rejoint les forces armées pro-Ouattara d’alors et ont fait partie de l’expédition armée qui a pris d’assaut la ville d’Abidjan en vue de la "libérer de l’emprise des hommes de Gbagbo", selon ce même habitant d’Abobo. Depuis, ils n’ont plus quitté la capitale économique ivoirienne.
Anciens ressorts
Malgré les nombreux appels du gouvernement aux Dozos à retourner à leur ancienne occupation et à retourner dans leurs anciens ressorts, les chasseurs traditionnels sont plus que déterminés à rester dans les villes où ils ont combattu, à Abidjan notamment. A présent, les Dozos revendiquent la paternité de la victoire des forces "Ouattaristes" coalisées sur les forces pro-Gbagbo et revendiquent des postes de responsabilités en matière de sécurité nationale. Ces responsabilités sont toutefois hautement au delà de leurs compétences intellectuelles, la plupart de ces chasseurs traditionnels étant des analphabètes notoires.
La guerre en Côte d’Ivoire a tellement accru le sentiment d'insécurité que certaines populations ont eu recours aux Dozos comme des vigiles, comme une police parallèle pour assurer la sécurité dans leurs quartiers. Mais, certains de ces habitants continuent de montrer du doigt les Dozos comme ceux là même qui, nuitamment, commettent vols et infractions sur les populations. Les Dozos, en retour, accusent les brebis galeuses qui se sont introduits en leur sein.
Rafles
Dans son rapport intitulé "Insécurité et personnes déplacées en Côte d’Ivoire : une crise persistante", et publié en Juillet 2011, l’ONG Amnesty International montre du doigt les Dozos comme les "auteurs des homicides et des attaques commises" à l’encontre de pro-Gbagbo. La CODOZ-CI (Confrérie des Dozos de Côte d’Ivoire) a vigoureusement protesté contre ledit rapport.
"Aujourd’hui, les Dozos se permettent d’organiser des rafles dans certains quartiers à Abidjan, une fois la nuit tombée", affirme Josiane Konan. En fait, Les chasseurs traditionnels sont sortis de leur rôle limitatif pour s'ériger en véritable force de sécurité au grand dam des autorités légales. "Actuellement, pour des raisons conjoncturelles, les Dozos prennent pied dans des activités et des fonctions qui ne sont pas les leurs, les missions de police surtout", regrette K. N. Agent de police à Abidjan.
Prise en compte
Les Dozos affirment ne pas être concernés par l’opération de désarment des combattants en cours. "Nous n’avons reçu d’armes modernes de personne pour combattre. Nous portons toujours nos mêmes armes traditionnelles avec lesquels nous chassions avant même que la guerre n’éclate. Alors, pourquoi viendra t-on nous désarmer?" se justifie leur porte-parole.
Récemment, réunis au sein de la CODOZ-CI, au cours d’une conférence de presse publique qu’ils ont organisé à Abidjan, les Dozos ont fait savoir par la voix de leur porte-parole, Fofana Moussa, qu’ils allaient identifier tous leurs membres et œuvrer pour une meilleure prise en compte de ceux-ci par les nouveaux dirigeants. L’on est tenté de se demander jusqu’où iront les Dozos.
( Radio Nederland )
Par Selay Marius Kouassi, Abidjan
"Les Dozos sont le talon d’Achille d’Alassane Ouattara"! Ainsi s’exclamait récemment Madame Mariam Dao Gabala, la Présidente de la CFeLCI (Coalition des Femmes Leaders de Côte d’Ivoire) sur Radio ONUCI FM (la station radiophonique de la mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire). "S’il (Alassane Ouattara, ndlr) n’y prend garde, ils causeront sa chute", a ajouté Madame Dao, l’une des voix féminines les plus audibles en Côte d’Ivoire.
Les Dozos, une réalité Ouest-africaine
Craints, méprisés, adulés et redoutés pour leur prétendue maîtrise des pouvoirs occultes, les Dozos sont au cœur de toutes les guerres civiles qui éclatent en Afrique de l’Ouest. S’ils ne sont pas considérés comme des antagonistes directs desdits conflits, ils n’en demeurent pas moins des pièces maîtresses.
Les Dozos ne sont pas seulement présents en Côte d’Ivoire, mais aussi en Guinée, au Mali et au Burkina Faso. En Gambie et en Sierra Leone, on les appelle ‘Kamajor’ ; une appellation qui renvoie à la même réalité. Généralement aux côtés de la rébellion et considérés comme l’arme secrète des rebelles, malgré leur armement relativement primitif, les Dozos sont craints par leurs adversaires pour leur utilisation de la magie rituelle et pour leur prétendue invincibilité aux balles et leur capacité à se volatiliser face à l’ennemi.
Le cas Ivoirien
En Côte d’Ivoire, on trouve les Dozos dans la partie nord du pays. Du moins, presque plus maintenant. "Tous les dozos sont désormais à Abidjan", ironisait un habitant de la commune d’Abobo, blasé de voir les Dozos, auparavant invisibles dans la partie sud du pays, circuler désormais dans les rues Abidjanaises.
Ayant pris fait et cause pour Alassane Ouattara, les Dozos ont rejoint les forces armées pro-Ouattara d’alors et ont fait partie de l’expédition armée qui a pris d’assaut la ville d’Abidjan en vue de la "libérer de l’emprise des hommes de Gbagbo", selon ce même habitant d’Abobo. Depuis, ils n’ont plus quitté la capitale économique ivoirienne.
Anciens ressorts
Malgré les nombreux appels du gouvernement aux Dozos à retourner à leur ancienne occupation et à retourner dans leurs anciens ressorts, les chasseurs traditionnels sont plus que déterminés à rester dans les villes où ils ont combattu, à Abidjan notamment. A présent, les Dozos revendiquent la paternité de la victoire des forces "Ouattaristes" coalisées sur les forces pro-Gbagbo et revendiquent des postes de responsabilités en matière de sécurité nationale. Ces responsabilités sont toutefois hautement au delà de leurs compétences intellectuelles, la plupart de ces chasseurs traditionnels étant des analphabètes notoires.
La guerre en Côte d’Ivoire a tellement accru le sentiment d'insécurité que certaines populations ont eu recours aux Dozos comme des vigiles, comme une police parallèle pour assurer la sécurité dans leurs quartiers. Mais, certains de ces habitants continuent de montrer du doigt les Dozos comme ceux là même qui, nuitamment, commettent vols et infractions sur les populations. Les Dozos, en retour, accusent les brebis galeuses qui se sont introduits en leur sein.
Rafles
Dans son rapport intitulé "Insécurité et personnes déplacées en Côte d’Ivoire : une crise persistante", et publié en Juillet 2011, l’ONG Amnesty International montre du doigt les Dozos comme les "auteurs des homicides et des attaques commises" à l’encontre de pro-Gbagbo. La CODOZ-CI (Confrérie des Dozos de Côte d’Ivoire) a vigoureusement protesté contre ledit rapport.
"Aujourd’hui, les Dozos se permettent d’organiser des rafles dans certains quartiers à Abidjan, une fois la nuit tombée", affirme Josiane Konan. En fait, Les chasseurs traditionnels sont sortis de leur rôle limitatif pour s'ériger en véritable force de sécurité au grand dam des autorités légales. "Actuellement, pour des raisons conjoncturelles, les Dozos prennent pied dans des activités et des fonctions qui ne sont pas les leurs, les missions de police surtout", regrette K. N. Agent de police à Abidjan.
Prise en compte
Les Dozos affirment ne pas être concernés par l’opération de désarment des combattants en cours. "Nous n’avons reçu d’armes modernes de personne pour combattre. Nous portons toujours nos mêmes armes traditionnelles avec lesquels nous chassions avant même que la guerre n’éclate. Alors, pourquoi viendra t-on nous désarmer?" se justifie leur porte-parole.
Récemment, réunis au sein de la CODOZ-CI, au cours d’une conférence de presse publique qu’ils ont organisé à Abidjan, les Dozos ont fait savoir par la voix de leur porte-parole, Fofana Moussa, qu’ils allaient identifier tous leurs membres et œuvrer pour une meilleure prise en compte de ceux-ci par les nouveaux dirigeants. L’on est tenté de se demander jusqu’où iront les Dozos.
( Radio Nederland )