Contribution : Non merci ! (Abdoulaye SOW)


L’approche d’une élection présidentielle est toujours riche d’enseignements. Non seulement elle étale des ambitions et des projets de société en principe mais, elle révèle aussi et surtout la nature des hommes quand des intérêts sont en jeu.

Pour ce qui concerne l’opposition, même si on peut contester sa démarche et son discours, elle est dans le rôle que lui confèrent les textes et la pratique démocratique. Cependant, le meurtre commis par le maire Barthelemy Dias est l’une des dérives intolérables et inacceptables dans le jeu politique dont les règles sont connues et acceptées de tous les protagonistes à l’avance. Je m’étonne donc que la subjectivité politicienne ait pris le dessus sur toute autre considération au point que d’aucuns se refusent à condamner cette barbarie qu’on veut maquiller par la légitime défense. Dans tous les cas, la justice libre et indépendante tranchera afin que force reste à la loi. L’autorité de la chose jugée fera plier les uns et les autres. Je l’espère !

Que l’opposition s’oppose et utilise toutes les armes à sa disposition est absolument compréhensible dans les limites fixées par l’éthique et les règles du jeu démocratique. Les puériles contestations d’une candidature dans un vacarme retentissant expriment à mon sens les soubresauts d’une opposition qui cherche ses repéres. Ce qui est triste pour la démocratie, en revanche et qui n’honore point les hommes politiques que nous sommes c’est cette sorte de surenchère qui gangrène la mouvance présidentielle.

Le député Mamour Cissé rue dans les brancards et menace jusqu’au jour où il est nommé ministre d’Etat et alors tout va désormais pour le mieux comme dans le meilleur des mondes : les critiques mises au boisseau !

M le ministre Guirassy quant à lui, sous le prétexte que le secrétaire général national a reçu ses adversaires, dépose sa démission et joue au « retenez-moi ». C’est ainsi qu’il prive le peuple sénégalais de la lecture du compte rendu du conseil des ministres pendant deux semaines. Reçu par le M le Président de la République, M Guirassy reprend service sans crier gare après avoir piétiné les valeurs de la République pour des considérations politiciennes et personnelles.

Comme pour le relayer, le ministre d’Etat Abdou Fall, « l’honorable » oublié à la visite du Président de la république dans son fief politique à Thiès, envahit la presse pour étaler ses rancœurs et tenir l’opinion à témoin de ses attitudes futures. La sacralité de la fonction qu’incarne mon grand frère Abdou Fall, sans préjuger de la pertinence de ses moyens de défense et sans lui denier un passé militant incontestable, l’oblige à un devoir de réserve que Jean Pierre Chevènement rappelait dans sa célèbre formule : « Un ministre, il la ferme ou il s’en va ». Je ne serai pas étonné que mon grand frère, après une audience avec le chef de l’Etat, se ravise et entonne une autre symphonie.

Dans la même lancée, M le ministre d’Etat Abdoulaye Baldé dont le département est amputé d’une de ses attributions lâche ses militants pour l’aider à faire éclater sa petite grande colère sous le prétexte que la procédure suivie pour lui annoncer la décision était inélégante. Par ce fait, il oublie en tant que serviteur de l’Etat par ses anciennes ou nouvelles fonctions que ni la constitution ni aucun autre texte n’astreint le chef de l’Etat que la voie décrétale de ses décisions. Rappelons d’ailleurs que Cheikh Tidiane Gadio avait dénoncé la même procédure mettant fin à ses fonctions. Certains de ses collègues ont été délestés dans les mêmes formes, pourtant je ne me souviens pas un seul instant avoir entendu leur collègue Baldé leur manifester une quelconque solidarité fût-elle principielle.

Je passe sous silence les déclarations fantaisistes et répugnantes des anciens ministres Messieurs Sidibé et Makalou qui se rappellent brusquement au souvenir des populations de Kédougou et du Sénégal

A quelques semaines d’une élection cruciale, dans un contexte absolument chargé, ces attitudes, loin d’être isolées sont à la fois choquantes et indécentes. Aucune de ces récriminations n’est nouvelle dans le fonctionnement du Parti et dans la gestion de l’Etat et pourtant nous nous en sommes tous accommodés à chaque fois que cela faisait les affaires des uns et des autres.

Je souhaite vivement que ces attitudes ne poussent un jour le Président Wade à reprendre les propos de Jacques Chirac formulés dans ses mémoires « Chaque pas doit être un but » : « A la vérité, seul le feu est révélateur à la guerre comme à la politique, du véritable caractère des hommes. Tant que cette épreuve n’est pas là toutes les hypothèses restent possibles. On s’imagine avoir choisi des hommes pour leur vertu, parfaitement visible dans le traitement des difficultés ordinaires. Mais on ne les connait en vertu que face au péril, à cet instant précis, imparable ou les certitudes vacillent ».

Quels que soient les enjeux conjoncturels, nous ne devons pas oublier que la Démocratie est un système où le pouvoir est une conquête permanente. Le chef de l’Etat l’a bien compris en instituant non seulement un statut de l’opposition mais aussi en lui consacrant tout un titre dans la constitution du 07 janvier 2001.

Mais le peuple reprend toujours sa souveraineté à travers des élections libres et transparentes. Dés lors, la seule posture qui vaille et que retiendra la postérité est celle de la préservation de la dignité en toute circonstance en assumant solidairement notre bilan à tout point de vue positif et sans contestation sérieuse et notre choix d’un candidat qui n’a absolument rien à perdre dans cette élection. Toute autre attitude relèverait de la lâcheté d’hommes ou de femmes qui jouent aux hyènes tentant de humer l’air pour une bonne localisation du gibier.

Le 26 février 2012 est une étape dans la vie de la Nation mais ne saurait en aucun cas résumer la vie de la Nation. Au soir de cette date, ne s’offrent à nous militants et sympathisants du PDS que deux alternatives : gagner ou perdre. Travaillons donc à gagner ensemble pour consolider le wadisme en tant que philosophie politique libérale faite d’audace et d’endurance et maintenir ainsi le flambeau de l’espoir entretenu depuis 1974.

Si le peuple souverain, par extraordinaire, en décidait autrement, nous devrions jouer ensemble et en toute dignité le rôle qu’il nous confiera.
Abdoulaye SOW

Responsable du PDS à Kaffrine

Secrétaire à la vie et aux stratégies politiques de la Fédération

Nationales des Cadres Libéraux (FNCL)
Jeudi 19 Janvier 2012