Commentaire du jour : Alambiqué....!!!


Les «sanctions» qui sont tombées hier au terme d’une folle semaine qui a projeté la direction de notre police sous des feux plus que brûlants, ont la saveur et la couleur d’un enterrement de première classe.

La décision de remplacer Abdoulaye Niang à la tête de la police nationale, par Anna Sémou Diouf, n’est, nous dit-on, en rien une sanction, puisque l’enquête l’aurait blanchi de toutes les accusations portées contre lui par le Commissaire Cheikhouna Keïta. L’explication de texte délivrée par Abdoulatif Coulibaly, au titre de porte-parole du gouvernement, a donné l’impression qu’on tournait autour de la boîte de Pandore, sans oser la détruire à coup de gourdin, ne sachant pas ce qui pouvait en jaillir, évidemment sous le mode explosif.

L’arrière-goût un peu amer, assurément ressenti du fait de ces mesures en creux, vient du fait que l’Etat semble surpris, décontenancé, et à paré au plus pressé. Qu’un Conseil des Ministres avalise un compte rendu où il est explicitement dit que «c’est sur la base des informations de presse, que les autorités ont demandé l’ouverture d’une enquête», est, c’est le cas de le dire, stupéfiant. Pour un rapport envoyé le 13 février, c’est pas rassurant. Mais cet argument, au lieu de nous navrer, déclenche en nous comme un rire sarcastique. Comme disait mon grand père, «Vaut mieux entendre ça que d’être sourd».

On se met à penser que cette affaire aurait dû se régler en interne, que tout le monde savait, et qu’un détail a emballé l’engrenage.

On innocente, mais on éloigne le Commissaire Niang. Sur la base de quel témoignage? Celui du dealer qui a nié les méthodes complices qu’on lui prêtait, le liant au commissaire Niang? «Propos de dealers», disaient-ils pour les opposer dignement à celle d’un Dgpn. «Paroles de condamné», peut-on rétorquer, pour relativiser les propos qui peuvent être intéressés, d’un homme qui dans sa position espère de la clémence.

Pas de sanctions non plus pour Keïta. C’est vrai qu’on les a promises. De quelles natures seront-elles? Ce gars, si il s’énerve, c’est un bâton de dynamite à mèche courte. Il est donc urgent d’attendre.

Reste le ministre de l’Intérieur. C’est spécial. Voilà un Général qui sait ce que hiérarchie veut dire, qui ne se préoccupe pas d’un explosif rapport qui traîne dans les couloirs de son ministère, et qui ne l’a selon lui, ni demandé, ni donc envoyé à qui de droit en l’occurrence le Chef de l’Etat, Macky Sall.

Ou alors l’a-t-il envoyé et s’est du coup couvert par rapport à ceux qui auraient choisi un traitement en douceur de ce pétard incandescent, et qui se sont vus acculés par la tourmente Keïta, qui n’a pas fait ses sorties benoîtement. Histoire sans doute de se mettre sous protection d’une opinion publique que le climat de corruption généralisé, porte à ne pas prendre ses diatribes pour des élucubrations. Sait-on jamais? La chèvre avant d’être égorgée, crie, non?La machine à «gérer en interne» s’est-elle emballée? Cette enquête allait-elle révéler l’indicible, mettre à nu un cancer, pointer un réseau de complicités nécessaires?

Bref, on brandit le bâton, on ne l’abat pas vraiment, on tape bruyamment à côté de la boîte de Pandore, en se pinçant le nez en public, et on demande aux citoyens sénégalais, à tous points avertis et doués de raison discursive, de se conduire comme l’idiot qui quand on lui désigne la lune regarde le doigt. «Attention!!! Dossier «X» en cavale.....
Vendredi 26 Juillet 2013