Comment le pouvoir empĂȘche Khalifa Sall de travailler, selon Wikileaks.


DAKARACTU.COM  Dans un câble, Marcia Bernicat, ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal jusqu'en juillet dernier, énumère les différentes manoeuvres du pouvoir d'Abdoulaye Wade pour empêcher les maires issus des élections locales de mars 2009 de travailler. Le nouvel édile de Dakar, Khalifa Sall, y est décrit comme ayant les mains ligotées. En cause, d'abord la modification de l'article 68 du Code de l'urbanisme promulgué en août 2008, avec l'insertion de ces nouvelles dispositions : "Une autorisation est requise pour toute construction et rénovation de bâtiments situés dans le territoire administratif des collectivités locales. (...) Pour l'Etat, les services publics, ceux chargés de la conduite d'un service public, et tous les projets considérés comme étant d'utilité publique, l'autorisation administrative obligatoire pour ces travaux doit être donnée par le ministère chargé des Affaires urbaines." Ces modifications lient les mains des nouveaux élus. Ce n'est pas tout. Khalifa Sall, dit la fiche, aura d'autant plus de mal à entrer en possession des 34 milliards de francs cfa du budget de la capitale que cette somme est collectée par l'Etat et que la commune ne dispose pas d'une structure forte pour pouvoir s'en occuper elle-même. 
La source citée par Marcia Bernicat trouve saugrenu le projet de Sall de remettre 1 milliard de francs cfa à chacun des 19 maires de communes d'arrondissement. Elle affirme que le nouveau maire a d'autant moins de marge de manoeuvre qu'il est confronté à des charges fixes : une masse salariale de 7 milliards, une subvention de 2 milliards aux communes d'arrondissement fixée par la loi, 3 milliards de frais d'entretien courant, des charges récurrentes comme l'électricité, le téléphone, l'eau... La source ajoute qu'en dépit des 3000 employés de la mairie, dont la plupart sont inutiles, Khalifa Sall ne pourra pas résister à la pression pour recruter quelques-uns de ses clients politiques.
Le câble publié par Wikileaks conclut en affirmant qu'après les élections de mars 2009, la modification du Code de l'urbanisme marque un recul pour le long processus de décentralisation au Sénégal. Si les maires de l'opposition portées à la tête des grandes villes du pays vont profiter de leurs nouvelles positions pour contester la suprêmatie du parti au pouvoir en vue du scrutin de février 2012, Marcia Bernicat ajoute que le gouvernement va utiliser des méthodes fortes, telle que la retenue de fonds dont les collectivités locales ont un grand besoin, pour freiner leur action. Au finish, conclut la diplomate, c'est la population qui va trinquer.    
Jeudi 25 Aout 2011