Clinique de la Madeleine : la photothérapie de la mort, 2 ans requis contre les soignants, les parents brisés à jamais


C’est un drame qui a marqué les esprits, ravivé les douleurs de la perte la plus inacceptable et mis en lumière les défaillances d’un système censé protéger la vie dès ses premiers instants. 

Près de trois ans après la mort tragique d’un nourrisson à la Clinique de la Madeleine, le tribunal correctionnel a, hier, scruté les responsabilités de chacun dans cette affaire aux accents déchirants.

 

Selon les informations de L’Observateur, le parquet a requis deux ans de prison, dont six mois ferme, contre le pédiatre Hussein Joubaly, l’infirmière Madeleine Faye et l’aide-soignante Adji Seynabou Diallo, tous poursuivis pour homicide involontaire. Le chef d’exposition à un risque de mort a été écarté, faute de preuves suffisantes. Le directeur de la clinique, Mahmoud Aïdibé, a bénéficié d’une demande de relaxe pure et simple.
 

Un bébé calciné à 41 degrés : l’indicible douleur d’un père
 

Le 7 octobre 2021, Redah Saleh et Karima Yassine deviennent parents d’une petite fille. Une naissance normale, sans complications. Mais le lendemain, une jaunisse est diagnostiquée. Le pédiatre prescrit alors une photothérapie, traitement classique, mais qui exige un suivi rigoureux. Ce suivi, selon les parents, a cruellement fait défaut.

Le 9 octobre au matin, le père, inquiet de ne pas avoir de nouvelles de sa fille, se heurte à l’évasivité du personnel. Plusieurs heures plus tard, il apprend le décès. À la barre, il raconte : « Ma fille était calcinée. Elle avait 41 degrés, le corps brûlé. La salle était inadéquate, la machine obsolète, la surveillance inexistante. »

 

Mais l’horreur ne s’arrête pas là. Le père confie en larmes que des prélèvements ont été envoyés à l’étranger sans leur consentement, sous prétexte de rechercher une maladie génétique rare. Une hypothèse qu’il qualifie de « fallacieuse et insultante ».

 

Une chaîne de négligences ?

 

Les trois soignants mis en cause se sont succédé à la barre, livrant chacun leur version. L’aide-soignante Diallo reconnaît avoir été « dépassée » ce jour-là, seule à gérer six nourrissons. Elle affirme avoir ressenti une chaleur anormale émanant de la machine. L’infirmière Faye dit s’être rendue deux fois à la nurserie sans avoir détecté de problème. Quant au Dr Joubaly, il nie toute faute et avance la possibilité d’une pathologie cutanée rare pour expliquer l’état du corps de l’enfant.

 

Mais pour le parquet, les faits sont graves : absence de scope pour surveiller le nourrisson, défaut de suivi clinique, sous-effectif manifeste. Des manquements qui, mis bout à bout, ont pu conduire à l’irréparable.

 

200 millions réclamés à chaque prévenu, 1 milliard contre la clinique

 

Outre les peines de prison, le parquet a requis une amende de 300 000 FCFA pour chaque prévenu. Les avocats de la défense, eux, plaident la relaxe totale, soulignant qu’aucun lien de causalité formel n’a été établi entre les éventuelles fautes et la mort du bébé.

 

Les parents, soutenus par leurs avocats, réclament 200 millions de FCFA de dommages et intérêts à chaque membre du personnel médical poursuivi, et un milliard de FCFA à la clinique.

 

L’Observateur rapporte que le jugement a été mis en délibéré. Le verdict est attendu pour le 23 juillet prochain. Un verdict qui dira si la justice estime que ce drame était évitable… ou s’il relèvera, à jamais, de la fatalité.

Mardi 15 Avril 2025
Dakaractu



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