Que s'est-t-il passé ?
Cela ressemble à une bavure. Un bombardement de l'Otan a fait au moins neuf morts et 37 blessés parmi les employés de Médecins sans frontières (MSF) qui se trouvait dans un hôpital de l'ONG à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan. Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans ce centre de soins, situé à proximité du centre-ville.
"De nombreux patients et membres du personnel manquent toujours à l'appel", a indiqué MSF qui a par ailleurs affirmé avoir transmis préventivement les coordonnées géographiques de son hôpital à "toutes les parties" du conflit entre armée afghane et talibans pour le contrôle de Kunduz ces derniers jours.
La frappe qui a touché l'hôpital a été menée au coeur de la nuit, à 2h10 du matin. Elle visait, a priori, des "personnes qui menaçaient les forces de la coalition", a indiqué le colonel Brian Tribus, porte-parole de "Soutien résolu", la mission de l'Alliance atlantique en Afghanistan. "Elle pourrait avoir causé des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité. Une enquête a été ouverte", a-t-il précisé.
Selon MSF, on a continué à bombardé "pendant plus de 30 minutes" après que l'ONG a averti les armées américaine et afghane que son établissement avait été touché par une première frappe dans la nuit. L'ONG précise également que la position exacte de l'hôpital était connue de tous.
En Afghanistan, les frappes aériennes de la coalition de l'Otan font l'objet d'une forte controverse quant à leur utilité et aux "dommages collatéraux" qu'elles engendrent. En juillet dernier, 10 soldats afghans avaient ainsi été tués par erreur dans un raid américain contre le barrage qu'ils tenaient dans la province orientale de Logar.
Quelle est la situation à Kunduz ?
Kunduz, là où se trouvait le centre de soin de MSF, est le théâtre d'âpres combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes depuis le début de semaine. Les insurgés sont parvenus à s'emparer de la ville en quelques heures seulement lundi, remportant ainsi leur plus grande victoire depuis la chute de leur régime en 2001 et infligeant un grave revers au président Ashraf Ghani. Les forces de sécurité afghanes ne leur ont opposé qu'une faible résistance, symptômatique des énormes difficultés qu'elles rencontrent pour contenir les combattants islamistes, actifs non seulement dans leurs fiefs du sud et de l'est mais aussi dans le nord.
Kunduz a finalement été reprise aux talibans par l'armée et les frappes se sont avérées cruciales dans le soutien apporté par l'Otan à l'armée afghane dans sa contre-offensive.
Outre Kunduz, les provinces du Badakhshan, de Baghlan et de Takhar sont le théâtre d'une offensive de plus en plus féroce des rebelles qui poussent pour tenter de prendre des centres urbains. Dans le Badakhshan, les talibans ont brièvement conquis vendredi le district de Baharak, proche de la capitale de la province Faizabad, avant d'être repoussés.
L'armée afghane est d'autant plus surmenée qu'elle ne peut plus compter sur l'appui au sol de l'Otan. Depuis la fin de sa mission de combat, l'Alliance compte 13.000 hommes cantonnés à des missions de soutien et de formation de leurs homologues afghans.
Quels étaient les activités de MSF ?
Ce centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les talibans, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes. En tout, 60 personnes ont été tuées et plus de 400 blessées dans ces combats, selon le ministère afghan de la Santé. C'est le seul hôpital dans cette région du nord de l'Afghanistan capable de traiter des grands blessés. Il a fonctionné "au-delà de ses capacités" ces derniers jours. "MSF a traité 394 blessés depuis lundi", a expliqué Bart Janssens, directeur des opérations de l'ONG.
Libération
-
Béton volé et camionneur pris au piège : quand le chauffeur B. Lô Roule pour un Fugitif ... L’histoire d’une naïveté criminelle à Tivaouane
-
Quand Cupidon se mue en maître-chanteur : l’étudiant en médecine qui n’a pas digéré la rupture, les nudes et la leçon de TikTok »
-
Un baptême, quatre tissus, trois mois de prison ferme : La saga du ‘Yébi’ d’une sœur en détresse
-
La liste des personnalités nommées par Trump
-
Massacre de Thiaroye : ces témoignages froids de fils d’anciens combattants sénégalais