Carnet de route / Israël au delà du conflit …

Faisant partie d’une délégation de journalistes francophones envoyés en Israël, c’est le jeudi 3 juin, à 4h 55 mn heure locale, que l’avion a atterri à Tel-Aviv sur le tarmac de l’aéroport Ben Gourion, du nom de l’ancien Premier ministre qui a prononcé le discours de création de l’État hébreu en 1948. Le voyage devrait durer six jours.


Ici, règne une paranoïa sécuritaire, voisine du délire de persécution, et aucun détail n’est négligé. Les préposés à la sécurité, parmi lesquels de hauts gradés de la police, nous posent des questions sur nos filiations respectives. Une ressortissante de Guinée Conakry, retenue pendant un bon moment par la sécurité, l’a appris à ses dépens à l’aéroport. Pourtant, malgré ces mesures, dans les rues de Tel-Aviv, rien n’évoque la guerre. Pas même le bruit qui fuse des supermarchés et des rues achalandées.

Ici, règne une paranoïa sécuritaire, voisine du délire de persécution
Un parfum d’histoire des religions bouche nos narines et emplit nos mémoires des récits tenus du prophète Abraham. Nous sommes d’autant plus servis que cette visite survient dans un contexte de polémique, soulevée au Sénégal par Idrissa Seck, au sujet des trois religions révélées et de la tradition abrahamique.   Il en sera ainsi durant tout notre séjour passé dans la ville religieuse avant que nous rejoignions « la ville maudite » Tel-Aviv jusqu’au dernier vendredi de ce mois béni de Ramadan où la plus grande avenue de la « ville du péché » a abrité un défilé international de la célèbre Gay Pride. Défilé qui s’est terminé à la porte d’une grande mosquée. On en déduit qu’il s’agit d’une terre de liberté à l’américaine, où chacun peut mener une vie de plaisir.
Pour revenir aux premières heures de notre périple, rappelons que pour satisfaire notre curiosité, nous faisons cap sur le ministère des Affaires étrangères de l’État hébreu. Nous y avons rencontré des interlocuteurs autorisés : M. Gideon Behar, directeur adjoint de la Division Afrique du ministère des Affaires étrangères ; M. Daniel Halevy-Goetchel, de la division recherche du ministère des Affaires étrangères ; M. Pelleg Levy, directeur de l’unité de formation de MASHAV (Agence de coopération internationale de l’État d’Israël) ; M. Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Ce dernier a accepté de se prononcer sur le débat soulevé par le leader de Rewmi en ces termes : « Ce n’est pas une querelle de demi-frères, c’est une querelle de deux peuples séparés, distincts et différents. Ce serait une grave erreur que d’essayer de nous forcer à vivre ensemble ».
De cet entretien avec Nashon, des informations capitales sont disponibles dans les vidéos ci-dessous pour ceux qui veulent en savoir sur l'histoire, la pauvreté du sous-sol, l'intelligence, la richesse, le développement, l'investissement dans l'éducation, les savoir-faire dans le domaine agricole, de la santé et aussi des NTIC. Il a également été question surtout de connaître un peu les dessous du conflit qui oppose Israël à la Palestine.
Ce jour-là, nous avons fait escale au Musée de la Mémoire de l’Holocauste pour ainsi comprendre un peu plus l’histoire de l’État hébreu, et au siège du Parlement (Knesset).




 

Entretien avec le porte-parole de la police israélienne
Notre première nuit, nous l’avons passée à Jérusalem. Ainsi nous avons discuté avec le porte-parole de la police israélienne, M. Miki Rosenfield, qui nous entretiendra des mesures de sécurité arrêtées pour surveiller cette cité, montée au mont du Temple et à l’esplanade des Mosquées. Cette autorité de la police de l’État hébreu affirme qu’il y a une baisse des attaques terroristes malgré les heurts notés le vendredi ayant précédé notre arrivée, à l’heure de la grande prière musulmane.
Israël, un pays chargé d'histoire. Son développement se fait à la vitesse de la lumière. Et tous les secteurs sont concernés. La grande muraille située dans la vieille ville de Jérusalem, le mur des Lamentations, la mosquée d'Al-Aqsa et le Saint Sépulcre en témoignent.
 

Après notre entretien avec Rosenfield, nous avons visité l’hôpital public israélien qui accueille le programme Save Child's Heart. Programme qui existe depuis 1991. 4500 enfants ont été traités depuis lors.
Pour bénéficier des soins, il faut juste payer une taxe à l'Etat qui se charge de toute autre intervention à quelque coût que ce soit. C'est un système qui fait la promotion de la prévention. Dans cet hôpital se font des opérations à cœur ouvert ou troublé par des anomalies. A notre arrivée, pas moins de sept patients de nationalité sénégalaise en avaient bénéficié.
A travers cette structure, Israël partage ses connaissances et expériences avec d'autres médecins de pays différents comme la Tanzanie et bientôt l'Ethiopie.
Pour cela, le pays destinataire doit d’abord se doter d’une structure sanitaire moderne bien équipée, avec de l'électricité stable et le support du gouvernement.
Save Child's Heart aide les enfants qui n'ont pas de moyens, selon le Dr Houri, un des fondateurs du programme et chef du service des soins intensifs.
A cet hôpital est annexé un centre d'accueil (espace agréable) de ces enfants qui y vivent avant et après l'opération pendant trois mois.

VISITE A i24 A JAFFA
Cette 5e et avant-dernière journée de notre séjour en Israël a été bouclée par une visite à la Chaîne internationale d’informations i24 à Jaffa (banlieue de Tel Aviv), une ville israélienne où cohabitent en parfaite harmonie Arabes, Juifs, Bédouins, Druzes...
Conçue sur le modèle de France 24, BBC, CNN…, elle est néanmoins une initiative privée concrétisée par Frank Melloul. Ancien diplomate français, il est le concepteur de France 24 à la demande de Jacques Chirac alors président de la République Française.
i24 (i pour information, innovation, indépendance…) a été officiellement lancée le 13 juillet 2013 avec comme principal objectif, a précisé M. Melloul, «couvrir l’actualité internationale avec un autre regard, c’est-à-dire celui d’une démocratie au cœur du Moyen Orient».
Si elle a démarré avec 150 agents, la chaîne emploie aujourd’hui 400 personnes (à majorité de femmes) de 35 nationalités, dont 150 journalistes. Elle a des bureaux en France et aux Etats-Unis.
Ce média qui se dit indépendant, veut contribuer à la paix dans cette région avec un regard plus objectif sur le traitement de l’information. «S’ils sont nombreux à penser aujourd’hui qu’il n’y aura jamais la paix au Moyen Orient, c’est à 90 % à cause des médias», a déploré Frank Melloul.
Et de préciser, «les relations entre Arabes et Juifs sont positivement loin des réalités que nous voyons dans les médias internationaux».
Et il considère naturellement i24 comme la plus indépendante du genre dans le monde. « C’est un groupe privé (Altis) qui ne reçoit pas un Shekel (monnaie israélienne) d’un parti politique israélien… Et nous n’imposons aucune censure à nos journalistes ».
 

Mer morte
On ne peut venir en Israël sans faire un tour à la mer morte, au désert avec la culture de la datte et les chameaux. La richesse de la culture de ce pays en dit long.
 

P6 Ziv medical center
Legacy Heritage Neo natal and maternity dept (Ziv Medical Center) est un hôpital israélien situé à 30km de la Syrie et à 11km du Liban. Cet hôpital du Nord traite les enfants blessés lors des violences en Syrie par le régime de Bachar al Assad. Les blessés de guerre (une vingtaine toutes les deux semaines selon le chef pédiatre) sont soignés grâce à la participation financière et matérielle de tous les acteurs impliqués dont les rebelles syriens et l'armée.

Rencontre avec un blessé syrien 
Blessé à 75% à la cuisse, Ahmad est un Syrien qui a été victime dans une attaque aérienne, il jouait au football avec ses amis et une balle lui est tombée. Il est à l’hôpital depuis un mois et il a 14 ans. Il vit à la frontière israélienne dans un village syrien, en compagnie de sa mère.  Il est en ce moment assisté par une machine qui va reconstituer sa jambe nettoyée, et d’ici 6 mois il restera dans cette position (cloué).
« Demandez à sa mère comment ils ont été accueillis. Un seul mot sort de sa bouche  : Alhamdoulilah (gloire à Dieu) »

 

Plateau du Golan
Le Mont Bental, au sommet du Golan, à 1165 m du niveau de la mer. Là, on decouvre des plaines verdoyantes d'un Kibbouz et la frontière entre l'Israël et la Syrie.
Ce fut intéressant d'échanger avec un expert sur les enjeux des confrontations dans le Moyen Orient, notamment l'implication de l'Iran. Pas d'entente avec les pays frontaliers, mais la Jordanie, quant à elle a signé un accord de paix avec l'Etat d'Israël. Pas de bonne ambiance à la frontière israélienne à cause d'une instabilité grandissante.
De là, sont perceptibles les fumées qui se dégagent de la guerre en Syrie.
C’est dans cette atmosphère apocalyptique que se terminera notre visite qui a pris fin le 9 juin 2018.
 
Mardi 19 Juin 2018
Macdush D