Candidature de Wade en 2012 : Les Mercenaires du Droit sont arrivés ! (Me Moussa Diop)


En 1984, lors d’une mémorable conférence devant la jeunesse africaine de Niamey, le professeur Cheikh Anta Diop dénonçait la posture des intellectuels et chercheurs africains qui manquent de confiance en leur jugement propre et font toujours appel aux blancs pour statuer sur la recherche et les affaires africaines. Il avait affirmé que nous étions atteints d’un mal profond qui avait du mal à guérir ; à cela s’ajoute le fait que la puissance d’un piège demeure dans le leurre. Pour mettre en garde la jeunesse africaine contre certaines conclusions scientifiques, il a exposé le stratagème. Ce dernier consistait à se parer du manteau de la science pour faire passer un venin, une contrevérité, une tromperie. L’illustration parfaite est la falsification de l’histoire africaine par des générations entières de scientifiques, toutes disciplines confondues. L’engagement d’un homme comme Cheikh Anta Diop contre toute une horde d’experts scientifiques au colloque de vérité du Caire en 1974 a démontré que nous avons la possibilité de combattre l’inacceptable -sous quelque forme que ce soit- et triompher.

On fait tout un tintamarre quand on a tord. Et qui passe son temps à s’expliquer s’accuse. Le cirque que nous a offert les « sorciers » et soit disant experts blancs du Président Abdoulaye Wade en sont une parfaire illustration. À coup de mensonges et des propos évasifs à souhait, utilisés pour semer la confusion auprès des Sénégalais et du monde, ce ramassis de mercenaires qui se drapent du manteau du droit pour mieux faire passer leur venin n’y est pas allé de main morte. Non moins d’une dizaine de juristes ont apporté leur aide politique à Abdoulaye Wade pour mieux préparer son coup en 2012. Seul l’ancien recteur de l’université Cheikh Anta Diop, le Professeur Seydou Madani Sy qui fut l’invité qu’il ne fallait pas inviter a fustigé cette imposture qui n’est rien d’autre qu’une insulte pour le Sénégal et l’intelligence de ses juristes et constitutionnalistes.

Ce séminaire a été co-présidé par le Premier Ministre et directeur de campagne de Wade, Monsieur Souleymane Ndéné Ndiaye, et Michel de Guillenchmidt, professeur émérite à l’université Paris Descartes et Doyen honoraire de la Faculté de droit. L’image est nette : un homme politique noir et son maître blanc comme caution pour justifier sa future forfaiture. C’est le droit assujetti à la politique politicienne et populiste et vice versa. Ni plus ni moins. Pour couronner le tout, dans la même soirée de ce lundi 21 novembre, une autre scène vraiment choquante à la TFM, deux juristes noirs sénégalais défendant leur mère Patrie contre deux mercenaires blancs français pour le compte d’un président qui veut coûte que coûte se maintenir au pouvoir.

Quand le Président Wade déclarait devant sa bassecour le 14 juillet dernier que seul Dieu pouvait lui empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle, nous comprenons bien qu’il mettra tout en œuvre pour marcher sur notre constitution et sur la volonté du peuple sénégalais. Son désormais célèbre « ma waxoon waxeet ! » était un signe avant coureur. Donc, ce n’est pas surprenant que ses mercenaires juridiques jugent recevable sa candidature en 2012. Dans une hypocrisie sans nom et un cynisme absolu, le Premier ministre assure qu’il revient aux juges du conseil constitutionnel de trancher le débat. Et Michel de Guillenchmidt, de déclarer que « la recevabilité de la candidature du président Wade en 2012, compte tenu des textes constitutionnels applicables ainsi que des principes généraux du droit, doit être admise. Car, elle s’appuie sur des arguments juridiques forts. Le Conseil constitutionnel du Sénégal pourra confirmer cette recevabilité, sauf s’il décidait comme à l’accoutumée, en invoquant certains arguments de droit, dont la valeur ne peut être écartée d’un revers de main, que ni la Constitution, ni aucun autre texte de droit positif, ne lui donnent compétence pour se prononcer sur cette question ». Il affirme également ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires internes du Sénégal. La couleur est annoncée !

Les avocats Me Mountaga Tall du Mali et Me Issa Diop du Sénégal sont le gage de mélanine pour noyer le poisson ; la preuve : personne ne les entend parler. Pourquoi ne pas faire co-présider ce séminaire par un Sénégalais quand il s’agit de traiter un problème sénégalais ? La technique est celle-ci : semer la confusion au maximum afin de faire un passage en force. Ces juristes occidentaux qui viennent statuer sur le droit du Sénégal viennent encore illustrer ce complexe dont certains Sénégalais sont encore victimes. Le Président Wade, premier des complexés, sait cela. Aussi, il joue cette carte à fond afin de mieux préparer son mystification ; nous nous retrouvons là devant une imposture et escroquerie intellectuelle démesurées sur fond d’aliénation mentale.

Nos gouvernants sont grandement responsables de cette ingérence incessante des étrangers dans nos affaires internes. Le gouvernement d’un pays, d’un peuple dans une langue étrangère est un leurre. Qu’on se le tienne pour dit. Une constitution rédigée en français pour un peuple qui ne maîtrise pas cette langue est une parodie de démocratie. Nous mettrons fin a cette immoralité. Nous donnons la possibilité à des étrangers de venir triturer nos consciences comme ils le désirent et le cirque des mercenaires juridiques de Wade illustre bien ce fait. AG/JOTNA s’engage à réformer les institutions du Sénégal et donner une bonne place à une langue nationale dans les discussions des affaires internes. Seuls les Sénégalais sont habilités à prendre part aux discussions qui engagent les Sénégalais.

L’incompétence des gens qui dirigent le Sénégal torpille tous les efforts de dialogue, de paix et de développement. C’est inadmissible de faire venir des étrangers pour tenter de démontrer la recevabilité de la candidature d’Abdoulaye Wade. C’est tout aussi inacceptable que ces cadres qui gouvernent le Sénégal et les acteurs de la société civile fassent preuve d’un aussi grand manque de rigueur et permettent tant d’interprétations de notre constitution nationale. Alternative Générationnelle Jotna se bat aux côtés du peuple sénégalais par tous les moyens pour dénoncer cette inconscience qui donne la possibilité à des étrangers de venir mettre leur grain de sable dans notre cuisine. Nous nous battrons toujours contre ce mensonge blanc qui veut toujours s’imposer comme vérité chez nous.

Tous les constitutionnalistes sénégalais sont unanimes sur la candidature de Wade. Ils disent tous (sauf un qui ne s’est pas prononcé) que la constitution ne le lui permet pas. Nous fustigeons donc la corruption de conscience des juristes qui se sont prononcés avant hier en faveur du chaos au Sénégal. Combien de millions de francs ont encore été dépensés pour fouler au pied la dignité des Sénégalais ? Les constitutionnalistes sénégalais sont les seuls habilités à faire une interprétation de nos textes. Et leur position est unanime. Le conseil constitutionnel a du pain sur la planche. Le peuple veille et sera intransigeant.

Le peuple est le seul garant de ses intérêts. Nous devons encore montrer notre grandeur tout de suite après le verdict du Conseil Constitutionnel, soit pour le conforter soit pour le combattre. La bataille entamée il y a quelques mois et qui a porté ses fruits le jeudi 23 juin 2011 nous invite à la vigilance. Nous ne devons pas laisser le Président Wade et son bateau ivre fouler au pied la loi, la légalité et la légitimité. Il n’a pas le droit de se présenter à l’élection présidentielle de Février 2012 et nous le lui ferons savoir dans la rue s’il le faut. Il nous trouvera sur chemin s’il tente de faire un forcing. Notre peuple devra encore être à l’avant-garde de cette lutte noble pour le progrès au Sénégal.
Battons-nous pour le respect de nos institutions ! Démontrons à qui de droit qu’on ne peut plus jouer avec notre avenir. Alternative Générationnelle réagira avec la dernière des énergies pour que notre peuple reste seul maître dans la prise de décisions qui nous touchent de près ou de loin.


Dakar, le 23 novembre 2012.

Me Moussa Diop,
Avocat à la Cour
Président d’Alternative Générationnelle Jotna
et candidat déclaré en 2012.
Mercredi 23 Novembre 2011
Me Moussa DIOP