Candidat indépendant à l'élection présidentielle de 2012: Bruno d’Erneville se livre et livre les clés du Sénégal futur

Bruno d'Erneville, ingénieur en Génie civil et chef d’entreprise, est l’un des candidats indépendants déjà déclaré à la présidentielle du 26 février 2012. Âgé de 46 ans, marié et père de deux enfants, le natif de Thiès qui a rendu visite au journal «Le Populaire», dimanche, s’est livré. Il a exposé les points essentiels de son projet pour le Sénégal du futur qui sera, dit-il, un Etat fort avec un bon dynamisme économique et social. Il a évoqué aussi la Casamance en promettant une solution sur trois ans, avec l’appui de l’Onu et l’éventualité d’un référendum local. La politique n’a pas été en reste puisqu’il a décliné sa vision relativement à la candidature de Me Wade, au M23, à Bennoo, etc.


Au bout de deux années de préparation avec des formations, entre autres, en droit des affaires, en comptabilité et une bonne documentation par rapport au système économique du pays, le diplômé en Génie civil qu’est Bruno d’Erneville dit être «un homme compétent et expérimenté», d’autant qu’il a été un acteur de premier plan du développement économique et de la gouverner du pays ces dernières années. En effet, de retour au bercail après de longues années d’absence, Bruno d’Erneville s’est lancé dans les affaires. Devenu chef d’entreprise, il a fait prospérer ses activités, au point de devenir un des leaders dans son secteur. Et aujourd’hui, cet homme, qui est d’avis que le Sénégal doit être géré comme une entreprise, veut aller à la conquête des suffrages des Sénégalais en devenant le quatrième président de la République du Sénégal.
Animé par de réelles motivations, Bruno d’Erneville soutient être «bien au fait de ce qui se passe dans ce pays. Les gens ne savent pas ce que signifie d’être candidat. Je me suis présenté pour apporter le changement dans ce pays et montrer aux Sénégalais que ma candidature vaut le coup. Car aujourd’hui, tout le monde convient que ce pays n’est plus dirigé. On est dans un Etat qui n’a pas de procédures, qui tend la main et on oublie surtout que l’argent ne règle pas tout. On ne peut plus continuer à se contenter des choses qui nous viennent de l’extérieur. Quand je serais élu président, les choses vont changer pour le Sénégal».
Et comme solution, il propose une politique d’ensemble autour «d’un programme axé sur ce qu’il appelle les 3R : Refondation, Restructuration et Remobilisation».

Un programme basé sur les 3R : Refondation, Restructuration et Remobilisation
Le candidat à l’élection présidentielle de détailler ses grands axes qu’il appelle 3R. «La Refondation a pour but de reconstruire notre pays en se basant sur des fondements d’entraide et de solidarité. Un retour aux valeurs qui permettra d’avoir un peuple uni. Cette Refondation consistera à régler, notamment la crise casamançaise, à clarifier le problème du (bateau) ‘le Joola’, à revisiter le Conseil des sages, mais aussi à dissocier le Sénat de l’Exécutif, à couper tout lien entre l’Exécutif et le Judiciaire».
Le pays reconstruit, M. d’Erneville poursuit son idée en s’attaquant à la Restructuration du gouvernement sénégalais. «Restructuration qui a pour objectif principal de faire du Sénégal un Etat fort, avec une bonne gouvernance. Parce que le Sénégal, dit-il, ne peut pas se développer sans une base solide». Pour cela, il propose de réorganiser, spécialement, la Constitution, le Code électoral, les institutions gouvernementales. Bref, le gouvernement, en instaurant la technocratie. «Les gens ne savent pas comment gérer un pays. Un Etat se gouverne comme une entreprise. Car les Etats sont tous en compétition et je vais montrer comment on fait», dit-il.
Pour la Remobilisation, il annonce la création de 900 000 emplois, dont 200 000 au niveau des Petites et moyennes entreprises. Les Sénégalaises de la Diaspora vont aussi avoir une place de choix. L’ingénieur en Génie civil prône la création de lycées et collèges agricoles dans toutes les régions, afin que les Sénégalais produisent et vendent eux-mêmes le résultat de leurs cultures, sans dépendre des produits qui viennent de l’extérieur du pays. «Je viens pour gagner et il y a même des hommes politiques bien connus qui sont en train de s’approcher de moi. J’ai un programme qui parle tout seul et les gens vont voir si je suis là pour m’amuser ou pour gagner. Ceux qui disent que je suis un candidat sans illusion en sauront quelque chose dans deux mois», clame-t-il.
«Je suis dans le combat des idées. Je suis Sénégalais, républicain. Je respecte la République et les institutions, le mandat doit être 7 ans donc respectons-le. Je n’ai pas envie qu’on met le pays en feu, créons des bases solides, une administration digne de ce nom qui fonctionne clairement», conclut-t-il.

Crise casamaçaise : La paix en trois ans à travers un processus dirigé par l’Onu

La crise casamançaise, vieille de plus de 30 ans dans la partie Sud du Sénégal, sera un des thèmes phare de la campagne et du programme de gouvernance de Bruno d'Erneville, candidat déclaré pour cette présidentielle, sous la bannière «indépendant». Ce chef d’entreprise qui dit être un homme pragmatique dans sa démarche propose une solution qui implique l’Organisation des Nations unies (Onu) et qui devra aboutir à la paix, en trois ans. «Pour régler la question casamançaise on ne va pas recréer le monde», estime-t-il en soulignant que «l'Organisation des Nations unies qui a déjà réglé des problèmes similaires voire plus graves même que celui de la Casamance, aura à jouer un rôle. Donc ce n'est pas la peine de recréer le monde. L’Onu a déjà permis d’arriver à ses solutions à des conflits de cette nature, ailleurs, impliquons cette organisation pour arriver à la paix». «Si nous sommes élus, nous allons mettre en place un comité spécial pour la Casamance. Et ce comité qui va travailler avec l’Onu va nous régler la question dans un délai de trois ans», indique Bruno D’Ernerville.

Référendum local en cas d’échec du processus onusien
Cependant, se voulant prévenant, il ajoute qu’au cas où cette première solution ne prospérait pas, il irait vers la voie référendaire. «Si la question de la crise en Casamance n'est pas réglée, dans ce délai de trois ans, nous avons d'autres stratégies. Et c'est d'aller vers un référendum local. Cela, non pas pour demander aux populations est-ce que vous pensez qu'il faut donner l'autonomie à la Casamance. Mais la question sera est-ce que vous pensez que la démarche actuelle des combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) est légitime ou non ? Je pense que quand on discute avec des gens, il faut y aller avec méthode. On ne peut pas continuer à fonctionner d'une manière telle que n'importe qui vient au Palais on le prend pour lui dire que vous faites partie du comité ou vous êtes monsieur Casamance. Car il y a des groupes d'intérêts qui sont toujours là, à dire c'est nous, alors que ce n'est pas eux la solution. Voilà ce que nous allons faire si nous sommes élus par les Sénégalais», clame-t-il.
Bruno D’Erneville confie en effet qu’«avant de discuter avec des gens, il faut savoir quelle est leur légitimité. En 1981, ces gens du Mfdc étaient légitimes. Mais est-ce qu’en 2011 ou en 2012, ils sont toujours légitimes. C'est une interrogation. Donc, on va poser la question aux populations, lors de ce référendum. Et s'ils ont la légitimité populaire, alors on discute pour arriver à une solution. Par contre, s'ils ne sont pas légitimes, on leur dira de se ranger parce qu'on ne va pas accepter qu'ils coupent les routes aux vaillants transporteurs ou à ceux qui sont dans le commerce. Parce qu’il faut bien que l'Etat redevienne un Etat fort qui protège ses populations et qui anticipe les questions».

S’il est élu, D’Erneville renflouera le «Joola»
Aussi, le candidat indépendant à la présidentielle de 2012 de soutenir qu’étant quelqu'un qui a suivi une formation technique, quand il fait quelque chose, il essaie toujours de systématiser, c'est-à-dire trouver des méthodes. «En Casamance aujourd’hui, tout ce qui se passe, on dit que c'est le Mfdc qui est responsable. C'est l'occasion de se retrouver autour d'une table et de discuter des motivations de ces gens-là. S'ils sont là pour combattre ou pas. Ensuite, on saura que les autres ne font que du banditisme. Et à ce moment-là, l'Etat devra prendre ses responsabilités et donner les moyens aux soldats de bien mener leur mission de sécurisation des populations et du territoire national», préconise-t-il.
Pour ce qui du bateau « le Joola», le point de vue de Bruno D’Erneville sur la question est qu’il faut «le renflouer». «Parce que, dit-il, chacun de nous sait que s’ils avaient des parents dedans, ils n’auraient pas aimé qu’ils restent comme ça au fond de l’océan». En plus du renflouement du bateau, il s’engage par ailleurs à créer «un musée du ‘Joola’. On va également réaliser un film sur cette tragédie, comme cela a été fait pour le Titanic».

Crainte du pire si on modifie la date de l’échéance de 2012
La possibilité d’un report des élections présidentielles du 26 février 2012 ne laisse pas indifférent Bruno d’Erneville l’un des candidats à ce scrutin. En effet, ce candidat indépendant qui n’a pas de parti politique, pense qu’un report de l’élection n’est ni plus ni moins qu’une modification de la Constitution. «On a qu’à l’appeler un éventuel report comme on veut et dire ce que l’on veut, mais c’est une modification de la Constitution. Ni plus, ni moins. Mais le 23 juin a donné l’exemple que les Sénégalais ne se laisseront plus faire. Alors, si on modifie la date de l’échéance de 2012, je crains le pire. Et je pense que le Sénégal n’a pas besoin de cela. Qu’on ne nous cherche pas des prétextes fallacieux pour modifier les éléments de la Constitution», souligne-t-il.
Restant toujours dans la Constitution, M. D’Erneville revient sur la question de la candidature d’Abdoulaye Wade. «J’ai des doutes par rapport à la compétence de nos constitutionnalistes, si réellement le président Abdoulaye Wade se présente encore comme candidat. Parce que, si l’on sait que dans le droit, quand vous êtes sur un texte, c’est ce texte qui s’applique à vous. Et si vous faites voter une loi en cours de mandat, la loi s’applique au mandat suivant. Je dis que si Wade se présente à nouveau, il prend un gros risque. Il ne doit pas se présenter et cela me paraît évident. Et s’il le fait, il va se faire laminer par la population», défend-t-il.
Dans un autre registre, Bruno D’Erneville de s’attaquer aux programmes du mouvement politique Bennoo Siggil Senegaal qui, note-t-il, «nous dit que son programme, ce sont les Assises nationales. Je leur dis que les Assises ne sont pas un programme. Les Assises nationales, c’est un cadre de bonne gouvernance». Et ajoute ne pas être d’accord avec le régime parlementaire que prône Bennoo, ni avec la candidature de transition qu’il qualifie de «partage du gâteau». «Ils disent que le président est élu pour 3 ans, après pour 5 ans. Et ils oublient de dire à la population que la Constitution donne 7 ans au prochain président, ce n’est pas 5 ans. Moi, je suis républicain, je respecte la République, je respecte les documents, je respecte les institutions. Je vous dis une chose, si on accepte ça, qu’on ne pleure pas si celui qui est élu nous dit à la fin du mandat : voilà j’étais là que pour remettre les institutions en place. Mais il n’y a pas que les institutions qu’il faut remettre en place, il faut remettre à niveau notre économie, recréer des emplois massivement, etc», plaide-t-il.
Désaccord avec Bennoo
Par ailleurs, Bruno D’Erneville dit ne pas vouloir créer de parti politique, parce que c’est le système qui a amené toutes ces dérives que vit le Sénégal. «Le système clientéliste, les dérives budgétaires, la corruption, toute cette impunité, je peux vous garantir c’est ce système partisan. Et moi, je n’ai pas de parti, mon parti c’est le Sénégal. Et mon propre fils ou ma propre fille qui fait quelque chose qui n’est pas conforme avec la loi, la loi passe. Ce système, ce sera exactement comme celui de Mamadou Dia», confie-t-il.
Dans le même ordre idées, il estime que c’est ce système partisan qui a fait que Malick Noël Seck a été condamné à 2 ans d’emprisonnement ferme. «À titre personnel, je n’aurai pas agi comme Malick Noël Seck. Car quand on lit la lettre qu’il a écrite, il y a des sous-entendus qui peuvent être dangereux. Et quand on aspire à diriger un pays, il faut respecter la loi. Malick Noël n’aurait pas dû écrire cette lettre. C’est un délit qu’il a commis et la loi c’est la loi. Les juges n’ont fait qu’appliquer la loi. Par contre, indique-t-il, le président de la République aurait dû avoir la grandeur d’âme de dire qu’il faut lui pardonner ou le gracier».
S’érigant, par ailleurs, en admirateur du mouvement «Y en a marre», Bruno D’Erneville qui est membre du Conseil présidentiel sur les investissements, estime aussi que le M23 fait avancer le pays. «Le M23, ce sont des citoyens engagés et qui se battent pour le pays. Et moi, je fais partie de cette race de citoyens qui veut changer la donne dans ce pays. Et je vois qu’il y en a et d’autres sont en train d’œuvre dans ce sens», note le candidat indépendant.

«S’il faut faire un pacte avec le diable pour disposer de cette caution…»
Se prononçant sur la caution pour la présidentielle qui est passé à 5 millions en 2000, à 25 millions en 2007 et 65 millions pour l’élection de 2012, Bruno d’Erneville assène que «Wade sait pertinemment que 65 millions c’est un montant très élevé. Mais qu’il sache qu’il y a beaucoup de personnes qui ont envie de se battre pour moi. Car ils savent que j’apporterais des solutions aux problèmes des Sénégalais. J’irais donc chercher cet argent où je veux et je n’aurais pas de compte à rendre. À la guerre comme à la guerre et s’il faut faire un pacte avec le diable pour disposer de cette somme pourquoi pas… Mais moi, en mon âme et conscience, mon éthique ne me permet pas de faire certaines choses. L’argent, que je vais recueillir, sera de l’argent propre. Je déposerais ce montant sur la table car je veux gagner».
Toutefois, conscient qu’il ne lui sera pas aisé de disposer, comme il le concède, de l’argent pour la caution et pour battre campagne, Bruno d’Erneville n’exclut pas de jeter l’éponge en cour de route. «Si je n’arrive pas à réunir cette somme, je dirais tout simplement à la population que j’ai fait ce que j’avais à faire, donc je me retire pour me consacrer à mes activités d’avant. Car je ne vais pas vendre mes biens et sacrifier ma famille pour une chose incertaine», confesse-t-il.
Présomptueux, il affirme : «Pour moi, c’est Président ou rien. Car je n’ai pas besoin d’être ministre ou autre chose. Je veux être Président pour que mon programme puisse être pris en compte. Mais si ce n’est pas le cas, s’il y a un parti qui pourra prendre en considération tout mon programme, je m’allierais avec lui. Mais je suis convaincu qu’il faut qu’on aille vers une vision qui est le nôtre. Et si je suis élu, je vous garantis qu’on mettra bien au propre tout cela», martèle Bruno d’Erneville.
Mously NDIAYE (Stagiaire) & Marianne NDIAYE


( LE POPULAIRE )
Mercredi 26 Octobre 2011