Milieu tout-terrain et référence mondiale à son poste, Yaya Touré a accepté sans rechigner d'évoluer dans une position plus reculée, quitte, en bon capitaine, à limiter son rayonnement pour le bien du collectif ivoirien, opposé au Ghana dimanche à Bata (20h00 françaises) en finale de la CAN-2015.
Présent aux deux finales perdues aux tirs au but (2006 et 2012), le capitaine est forcément très attendu, et d'abord par son sélectionneur. "J'avais dit avant la demi-finale qu'il serait présent, et on l'a vu: son but fantastique n'est pas venu par hasard, a souligné samedi Hervé Renard. Ce genre de joueurs fantastiques sont toujours prêts pour les matches importants, ils n'ont pas la pression. L'adrénaline de la compétition les rend différents".
Pourtant, la tâche est ingrate pour la star de Manchester City, mais la quête de ce trophée que les Eléphants convoitent en vain depuis 1992 est peut-être à ce prix.
La campagne qualificative délicate de la Côte d'Ivoire a appris une chose essentielle à Hervé Renard: ses vedettes devaient se mettre au garde-à-vous et accepter sa discipline rigoureuse si elles voulaient enfin réussir là où la "génération Drogba" a toujours échoué. Et Yaya Touré a été le premier à parfaitement saisir le message de son sélectionneur.
Pour ceux qui ont l'habitude de le voir avaler les kilomètres sous le maillot de City en Premier League, le choc a d'abord été rude et ses prestations discrètes au début du tournoi cachaient forcément un souci physique ou une grosse fatigue liée à la période des fêtes de fin d'année surchargée en Angleterre. Autre thèse avancée: le poids du brassard récupéré après la retraite du légendaire Didier Drogba.
Hervé Renard avait lui-même donné du sens à cette théorie en expliquant après le premier match contre la Guinée (1-1) qu'"on n'a pas vu le meilleur Yaya Touré."
"C'est à lui de porter l'équipe à bout de bras parce qu'il a une charge sur les épaules et une grande responsabilité, avait également expliqué le Français. Il doit emmener ses coéquipiers avec lui, montrer l'exemple S'il n'est pas capable d'élever son niveau, ce sera très difficile pour nous".
- 'On lui demande un autre travail' -
Renard n'avait pourtant pas tout dit et il a fallu la 2e rencontre face au Mali (1-1) pour comprendre le fond de l'affaire. Si le quadruple meilleur joueur africain de l'année était aussi économe de ses efforts, c'était uniquement en raison des consignes très strictes de son entraîneur.
"La Côte d'Ivoire n'est pas Manchester City. Le potentiel des joueurs n'est pas le même. A City, il y a des joueurs capables de défendre très bien et de créer. Chez nous c'est différent, donc on lui demande un autre travail", a lancé le technicien français.
Oubliées donc les longues chevauchées de ce joueur "box to box", capable de défendre, attaquer, tacler et marquer. L'ancien milieu de Monaco (2006-2007) et du FC Barcelone (2007-2010) s'est transformé en une sorte de vigie devant la défense, chargée de sécuriser l'entre-jeu et d'effectuer la première relance, sans trop se projeter vers l'avant.
Depuis le début des matches à élimination directe, Yaya Touré a toutefois mis un point d'honneur à gonfler des statistiques jusque-là faméliques. Il a d'abord déposé un coup franc sur la tête de Wilfried Bony pour le 2e but ivoirien qui a quasiment achevé l'Algérie en quart de finale (3-1), avant d'ouvrir le score en demi-finale contre la RD Congo d'une magistrale reprise en demi-volée sous la barre (3-1).
"Il a décroché une frappe que peu de joueurs peuvent faire, s'est félicité Renard. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent qu'il fait un mauvais tournoi. On voit un Yaya Touré qui se sacrifie pour le collectif, il travaille, oriente le jeu. Il emmène ses coéquipiers". Jusqu'au titre suprême?
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