L’aviation civile guinéenne ayant bloqué un avion de Sénégal Airlines lundi pour réclamer des arrières de redevances de droits de trafics que la défunte Asi lui devrait, Dakar a aussitôt appliqué la réciprocité en décidant de fermer son ciel à tout vol à destination ou en provenance de la Guinée. Une situation lourde de menaces dans les relations entre Dakar et Conakry, déjà passablement dégradées.
Mauvais temps sur l’axe Dakar-Conakry. Après qu’un vol de la compagnie Sénégal Airlines, effectuant la liaison Dakar-Conakry- Abidjan, a été bloqué lundi dernier par les autorités de l’aviation civile guinéenne, qui ont déclaré avoir reçu des instructions dans ce sens, le Sénégal a immédiatement répliqué par la fermeture de son espace aérien à tout vol à destination ou en provenance de ce pays frontalier. Un communiqué du ministère Sénégalais en charge du Transport aérien relève en effet que ‘l’espace aérien sénégalais fermé à la Guinée’. Une décision que les services de Karim Wade justifient par la gravité de l’acte posé par Conakry et le recours à un ‘prétexte fallacieux’ d’arriérés de paiement de redevances qui seraient dues par le défunte compagnie Air Sénégal International en cours de liquidation et dont la Royal Air Maroc (Ram) était le principal actionnaire puisqu’elle détenait 51 % des actions contre 49 % pour l’Etat du Sénégal.
Deux arguments sont brandis, selon le communiqué de ministère en charge des Transports ariens, pour justifier l’application de la réciprocité à Conakry. L’on estime, d’abord, que les autorités de l’aviation civile guinéenne ont pris cette mesure de ‘manière unilatérale’. ‘Elles n’ont pas même pris le soin d’avertir leurs homologues sénégalais avant de bloquer l’avion qui devrait prendre une centaine de passagers à Conakry pour les convoyer sur Abidjan’, s’indigne un fonctionnaire du ministère des Transports, sous le couvert de l’anonymat.
L’autre grief soulevé par les services du ministère des Transports, c’est l’absence de lien entre les deux compagnies. Il n’existe, selon le communiqué, aucun lien juridique entre l’ancienne compagnie et le nouveau porte-étendard sénégalais pour qu’une mesure ‘aussi grave’ puisse s’abattre de facto sur cette compagnie 100 % sénégalaise. ’La décision des autorités de l’aviation civile guinéenne, qui viole toutes les règles internationales dans le domaine des transports aériens, est d’autant plus inacceptable que tous les acteurs aéroportuaires africains et internationaux savent que la compagnie Air Sénégal International n’a aucun lien juridique avec la nouvelle compagnie Sénégal Airlines dont le capital est détenu en majorité par des privés sénégalais’, lit-on dans le document. Suffisant pour que Dakar, après avoir, en vain, tenté d’obtenir la libération de l’appareil, décide d’entamer le bras de fer, en appliquant la réciprocité à Conakry afin de l’amener à la table des discussions.
Cependant, au-delà des arguments techniques posés par les deux parties, force est de constater que ce problème semble être le prolongement de la crispation des relations politiques entre les deux pays. Une crise née après les déclarations du président guinéen, Alpha Condé, qui accusait ouvertement le Sénégal et la Gambie, d’être derrière de coup d’Etat avorté dont il a été récemment victime. Il déclarait que l'attaque contre sa résidence privée à Conakry, le 19 juillet dernier, avait été préparée à Dakar et que les gouvernements sénégalais et gambien étaient au courant, en mettant nommément en cause un responsable de l'opposition guinéenne. Depuis lors, Dakar, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s’est limité à un laconique démenti de ses graves accusations contre un Etat voisin et avec lequel la Guinée entretient des relations séculaires et où un nombre inestimable de ces citoyens vivent.
BRUXELLES, NOUAKCHOTT PUIS CONAKRY : Et de trois pour Karim Wade
Depuis qu’il est aux mannettes, Karim Wade a eu à gérer trois crises, toutes relatives aux droits de trafic aériens. La première était consécutive à l’interdiction faite à Brussels Airlines de continuer ses trois dessertes à partir de Dakar dont justement Conakry. Là, on était au mois de janvier 2011. Six mois plus tard, c’est-à-dire, en janvier, nouvelle brouille avec un voisin. Cette fois, c’est la Mauritanie qui interdit à Sénégal Airlines l’usage de ses aéroports.
Depuis lundi, c’est sur l’axe Dakar-Conakry que les nuages s’amoncellent. Trois cas symptomatiques de l’état passablement mauvais des relations entre le Sénégal et ses voisins.
Seyni DIOP
( Walf )
Mauvais temps sur l’axe Dakar-Conakry. Après qu’un vol de la compagnie Sénégal Airlines, effectuant la liaison Dakar-Conakry- Abidjan, a été bloqué lundi dernier par les autorités de l’aviation civile guinéenne, qui ont déclaré avoir reçu des instructions dans ce sens, le Sénégal a immédiatement répliqué par la fermeture de son espace aérien à tout vol à destination ou en provenance de ce pays frontalier. Un communiqué du ministère Sénégalais en charge du Transport aérien relève en effet que ‘l’espace aérien sénégalais fermé à la Guinée’. Une décision que les services de Karim Wade justifient par la gravité de l’acte posé par Conakry et le recours à un ‘prétexte fallacieux’ d’arriérés de paiement de redevances qui seraient dues par le défunte compagnie Air Sénégal International en cours de liquidation et dont la Royal Air Maroc (Ram) était le principal actionnaire puisqu’elle détenait 51 % des actions contre 49 % pour l’Etat du Sénégal.
Deux arguments sont brandis, selon le communiqué de ministère en charge des Transports ariens, pour justifier l’application de la réciprocité à Conakry. L’on estime, d’abord, que les autorités de l’aviation civile guinéenne ont pris cette mesure de ‘manière unilatérale’. ‘Elles n’ont pas même pris le soin d’avertir leurs homologues sénégalais avant de bloquer l’avion qui devrait prendre une centaine de passagers à Conakry pour les convoyer sur Abidjan’, s’indigne un fonctionnaire du ministère des Transports, sous le couvert de l’anonymat.
L’autre grief soulevé par les services du ministère des Transports, c’est l’absence de lien entre les deux compagnies. Il n’existe, selon le communiqué, aucun lien juridique entre l’ancienne compagnie et le nouveau porte-étendard sénégalais pour qu’une mesure ‘aussi grave’ puisse s’abattre de facto sur cette compagnie 100 % sénégalaise. ’La décision des autorités de l’aviation civile guinéenne, qui viole toutes les règles internationales dans le domaine des transports aériens, est d’autant plus inacceptable que tous les acteurs aéroportuaires africains et internationaux savent que la compagnie Air Sénégal International n’a aucun lien juridique avec la nouvelle compagnie Sénégal Airlines dont le capital est détenu en majorité par des privés sénégalais’, lit-on dans le document. Suffisant pour que Dakar, après avoir, en vain, tenté d’obtenir la libération de l’appareil, décide d’entamer le bras de fer, en appliquant la réciprocité à Conakry afin de l’amener à la table des discussions.
Cependant, au-delà des arguments techniques posés par les deux parties, force est de constater que ce problème semble être le prolongement de la crispation des relations politiques entre les deux pays. Une crise née après les déclarations du président guinéen, Alpha Condé, qui accusait ouvertement le Sénégal et la Gambie, d’être derrière de coup d’Etat avorté dont il a été récemment victime. Il déclarait que l'attaque contre sa résidence privée à Conakry, le 19 juillet dernier, avait été préparée à Dakar et que les gouvernements sénégalais et gambien étaient au courant, en mettant nommément en cause un responsable de l'opposition guinéenne. Depuis lors, Dakar, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s’est limité à un laconique démenti de ses graves accusations contre un Etat voisin et avec lequel la Guinée entretient des relations séculaires et où un nombre inestimable de ces citoyens vivent.
BRUXELLES, NOUAKCHOTT PUIS CONAKRY : Et de trois pour Karim Wade
Depuis qu’il est aux mannettes, Karim Wade a eu à gérer trois crises, toutes relatives aux droits de trafic aériens. La première était consécutive à l’interdiction faite à Brussels Airlines de continuer ses trois dessertes à partir de Dakar dont justement Conakry. Là, on était au mois de janvier 2011. Six mois plus tard, c’est-à-dire, en janvier, nouvelle brouille avec un voisin. Cette fois, c’est la Mauritanie qui interdit à Sénégal Airlines l’usage de ses aéroports.
Depuis lundi, c’est sur l’axe Dakar-Conakry que les nuages s’amoncellent. Trois cas symptomatiques de l’état passablement mauvais des relations entre le Sénégal et ses voisins.
Seyni DIOP
( Walf )