Benno Siggil Sénégal : comment sortir de l'impasse ? (Tamba Danfakha)


Le Président Abdoulaye Wade est pathétique et fait montre d’une incroyable légèreté en évoquant, avec force délectations et moqueries, au cours d’un conseil des ministres, une affaire politique et partisane. Par ce geste, il montre à quel point il est indigne de la fonction qu’il occupe présentement. Car un Président de la République, dans un conseil des ministres ou n’importe où ailleurs, ne peut et ne devrait parler que de ce qui cimente l’intérêt général. Il ne peut, en aucune manière, se réjouir des difficultés d’une partie des sénégalais (en tant que Président de tous y compris de ses adversaires) sans se discréditer et se déshonorer.
Mais, bien plus grave encore, la sortie du Président Abdoulaye Wade, faite de sarcasmes et avec une réelle volonté de jeter de l’huile sur le feu, montre à quel point, l’opinion de celui qui a la charge de notre destin national est mal fondée.
Il a tort de crier victoire trop tôt.
Quoiqu’il arrive, demain, du projet de Benno Siggil Sénégal de se trouver un candidat unitaire, Le Président Wade est fini et tous ceux qui le soutiennent dans ses rêveries et tergiversations actuelles le suivront dans sa tombe politique.
Néanmoins, la sortie présidentielle, en plein conseil des ministres, aura fait des discussions actuelles au sein de Benno Siggil, une affaire d’état. Mais, c’est surtout une affaire importante et sérieuse qui mérite une analyse approfondie pour en comprendre les tenants et aboutissants afin de garantir la survenue d’une vraie alternance au sommet de l’état en 2012.
D’emblée je me dois de féliciter le parti socialiste d’assumer, avec courage et détermination, ses options politiques et de le faire dans une démarche pleine de tact, de courtoisie et de lucidité. Et je déplore, vivement, la sortie inutile de l’Alliance des Forces Patriotiques (AFP) de Monsieur Moustapha Niasse consistant à répliquer aux sorties du parti socialiste.
Certes, Moustapha Niasse est et reste le meilleur candidat de l’unité. Mais, de mon point de vue, et compte tenu du retard accusé dans la mise en place des candidatures le seul schéma qui peut conduire le front unitaire au pouvoir est celui qui fera accepter Monsieur Moustapha Niasse, comme candidat, par le parti socialiste.
C’est pourquoi, le travail des facilitateurs de Benno Siggil Sénégal n’est pas, loin s’en faut, facile, il est même très compliqué.
En effet, comment être sûr que le candidat unitaire, une fois élu, ne cherchera pas, lui ou son camp à devenir, électoralement, plus fort et donc à être, en droit légitime, de revenir sur des accords d’avant élection ? Surtout, si on sait que l’aura du Président de la république, dans un pays comme le notre, est tel que celui-ci, bénéficiant de l’effet nouveauté, attirera, inévitablement, à lui, telles des mouches, les porteurs de voix en quête de prébendes ou de positionnement. Certes, nous savons, tous, que Monsieur Moustapha Niasse est un homme de parole, un homme de dignité et un homme intègre, mais un parti politique comme le parti socialiste, avec à sa tête des hommes et des femmes aguerris, ne saurait se suffire de ces garanties là, aussi précieuses qu’elles soient.
Il faudra, donc, proposer au Parti socialiste des garanties sérieuses et crédibles tout en lui reconnaissant son rôle moteur et sa fonction de parti leader du front unitaire.
Parmi ces garanties que l’on peut présenter au parti socialiste pour lui faire renoncer à la candidature de Monsieur Ousmane Tanor Dieng, au profit de celui de Monsieur Moustapha Niasse, j’en distingue trois.
Premièrement, la démission de Monsieur Moustapha Niasse, dès son acceptation par le parti socialiste, de toutes ses fonctions politiques au sein de son parti actuel. De cette manière les militants du Parti socialiste n’auront pas le sentiment de faire la fortune politique d’un parti concurrent.
Deuxièmement, la désignation de Monsieur Ousmane Tanor Dieng comme Directeur de Campagne du candidat de l’Unité. Cette décision permettrait de tirer un profit maximum des potentialités du Parti socialiste et de son secrétaire général.
Troisièmement, l’engagement, une fois élu du candidat de l’unité, à ne faire nommer, le temps de préparer des élections législatives crédibles et sincères, que des technocrates et des membres de la société civile dans le gouvernement qui seront tous, alors, interdits d’engagement politique ou partisan. Cette option ouvrirait la voie à des retrouvailles avec une bonne partie des animateurs des assises nationales et du mouvement du 23 juin 2011 et éviterait des tiraillements post victoire ou des récupérations du travail collectif par une partie de l’ensemble.
A défaut d’avoir un consensus autour de telles garanties pour le choix d’un candidat de l’unité, il existe, toujours, une autre manière de sortir de l’impasse actuelle : laisser chacun aller aux élections dans le respect mutuel et dans la sérénité afin de donner au peuple le choix de faire la différence. Ce serait, certes, le moindre mal mais aussi la preuve d’un manque total de lucidité des dirigeants actuels de Benno Siggil Sénégal. Tant de temps pour en arriver à ça !
Dans tous les cas faites vite messieurs, mesdames les animateurs de Benno Siggil Sénégal, le temps fait défaut.
Que Dieu bénisse le Sénégal.
Tamba Danfakha
Président du Mouvement d’initiatives pour la renaissance africaine (mira)
talantamba@yahoo.fr
Dimanche 6 Novembre 2011
Tamba Danfakha